Auteur

Roger Boivin

Chaque année, nous consommons au Saguenay-Lac-St-Jean environ 500 millions de litres de carburant, principalement de l’essence. Actuellement, toutes les compagnies pétrolières doivent s’approvisionner à la raffinerie de Valero (ex-Ultramar) située à Lévis. Celle-ci fournit les divers types de carburant utilisés dans la région, sauf le carburant destiné aux avions à réaction de la Base et l’aéroport de Bagotville qui lui, vient de Montréal. Ainsi, chaque jour, environ 50 camions citernes sont chargés à la raffinerie de Lévis et traversent le Parc des Laurentides pour ravitailler les quelques 200 stations-services de la région. Sur une base annuelle, cela représente un peu plus de 18 000 voyages de camions citernes. La région est approvisionnée de cette manière depuis des décennies, mais pourrait-on envisager une autre façon de faire ?

REMPLACER DES CAMIONS PAR DES BATEAUX

En effet, nous pourrions utiliser le transport maritime puisque que la raffinerie de St-Romuald dispose de toutes les installations portuaires pour ce faire. Transporter notre essence par bateau ou par barge utiliserait six fois moins d’énergie que de le faire par camion, donc six fois moins d’émission des fameux gaz à effet de serre (rappelons que le Québec s’est engagé à diminuer ses émissions dans le cadre d’accords internationaux). Transporter nos 500 millions de litres de carburant annuels nécessiterait entre 15 et 40 voyages par an, selon la taille des bateaux ou des barges qui seraient utilisés. Ces bateaux ou barges pourraient être déchargés au terminal portuaire de Grande-Anse qui est parfaitement adapté pour ce type de produit, ce qui ajouterait quelques emplois à ceux déjà générés par le port. Les produits pétroliers seraient alors chargés dans des camions qui les distribueraient dans les stations-services régionales (voire à celles de Chibougamau-Chapais).Contrairement à la situation actuelle, ces camions seraient probablement possédés par une ou des entreprises de la région, ce qui créerait aussi plusieurs dizaines de bons emplois chez nous (tout en achetant et entretenant éventuellement ces camions dans la région).

DE NOMBREUX AVANTAGES POUR LA RÉGION

En adoptant le transport maritime pour importer le carburant dans la région, nous en tirerions donc plusieurs avantages :

  • 18 000 lourds camions citernes de moins dans le Parc des Laurentides par année (donc amélioration pour la sécurité et diminution de l’usure de la route, puisque chaque passage de camion lourd équivaut à celui de 25 000 voitures individuelles…);
  • diminution de six fois la quantité d’énergie utilisée et des gaz à effet de serre émis (pour la portion du trajet entre la raffinerie de Lévis et Grande-Anse);
  • création de plusieurs dizaines d’emplois dans la région (transbordement portuaire, camionneurs, achat et entretien des véhicules).

Rappelons que l’utilisation de bateaux ou de barges pour le transport du carburant à partir de la raffinerie de Lévis pourrait se faire pour plusieurs régions et serait donc l’occasion de structurer un véritable réseau de transport maritime entre les diverses régions du Québec. Un tel réseau pourrait d’abord être voué au transport pétrolier, mais, pourquoi pas, à d’autres types de produits. Lors du dernier budget, le gouvernement a officiellement lancé la Stratégie Maritime du Québec. L’analyse de l’intégration maximale du transport maritime dans le système de transport québécois pourrait nous amener à changer nos façons de faire et ce pour le plus grand bien du Québec et de ses régions.

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