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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Si l’on compte les étudiants internationaux présents à l’UQAC, dans les cégeps et dans les commissions scolaires de la région, on totalise plus de 2 000 personnes à Saguenay. Ces élèves offrent une contribution non négligeable à l’économie locale, tout en participant à contrer le phénomène de la baisse démographique.

À elle seule, l’UQAC attire près de 1 400 étudiants à la session d’hiver 2017. Ils forment 20 % de l’effectif étudiant de l’université. « Ça amène une diversité très intéressante. […] Il y a aussi le volet financier, avec la baisse de la démographie », souligne la directrice du Bureau international de l’institution, Guylaine Boivin, qui parle d’un apport non négligeable au niveau des frais de scolarité.

Depuis deux ans, il y a eu une augmentation d’au moins 30 % des étudiants internationaux accueillis par l’université. En dix ans, leur nombre a plus que quintuplé. En 2006-2007, il y en avait un peu plus de 200 par session, alors qu’on en compte désormais plus de 1 000. « Ils sont très présents dans les programmes d’ingénierie, d’informatique et d’administration, ainsi que dans notre diplôme d’études supérieures spécialisées en cosmétologie », note Mme Boivin. Selon le type de séjour (entente de partenariat avec une université étrangère ou venue par eux-mêmes, avec ou sans diplomation), ils se répartissent de façon équivalente entre les cycles supérieurs et le baccalauréat. Ces étudiants étrangers contribuent à amener des élèves dans certains programmes. « Par exemple, en ingénierie, au baccalauréat, très peu d’étudiants font le saut au deuxième cycle. L’apport des étudiants internationaux est donc essentiel aux cycles supérieurs », explique Mme Boivin.

Garder les programmes en région

Du côté de la Commission scolaire des Rives-du-Saguenay, on a pris le virage international il y a environ cinq ans, devant une diminution annoncée de clientèle en formation professionnelle et la pénurie de main-d’œuvre qui commençait dans certains secteurs. Aujourd’hui, la formation professionnelle accueille 70 étudiants étrangers. « Là, les élèves internationaux deviennent la clé. Deux ou trois par DEP, ça fait la différence. Ça nous permet de garder nos options ici et nos jeunes dans la région », estime le coordonnateur du département international de la commission scolaire, Sébastien Renaud.
Les élèves internationaux en formation professionnelle sont aussi une solution partielle au problème de la pénurie de main-d’œuvre. « Tout près de 70 % vont demeurer dans la région après leurs études. […] Le taux de placement est excellent. […] Les stages les amènent à entrer en contact avec les entreprises. […] C’est plus facile après pour la recherche d’emploi », indique M. Renaud.

Même son de cloche du côté du cégep de Jonquière, qui compte actuellement 154 étudiants internationaux. « Près de 30 % de ces étudiants vont décider de rester au Québec. Ces personnes-là étudient souvent dans des programmes où il y a une pénurie de main-d’œuvre. Ça permet de fournir une main-d’œuvre de qualité à nos entreprises », mentionne France Tremblay, coordonnatrice des communications et du développement des effectifs étudiants au Québec et à l’international. « Ils sont déjà intégrés, ils contribuent déjà à l’économie d’ici », ajoute Séreyrath Srin, conseiller au Service d’immigration d’affaires de Promotion Saguenay.

Clé du succès

Selon le coordonnateur, la clé du succès de la CSRS dans la rétention de ses étudiants est d’offrir un service d’agent d’immigration pour aider les étudiants dans leurs démarches après leurs études. Lors du parcours scolaire, l’encadrement est aussi très présent, avec une employée qui va chercher les élèves à l’aéroport, les accompagne dans leurs démarches d’installation (épicerie, loyer, etc.) et les suit tout au long de l’année. Diverses activités sont aussi offertes pour faciliter leur intégration.

La CSRS accompagne aussi 40 élèves en francisation, soit référés par le ministère, soit des conjoint(e)s de nouveaux arrivants venus occuper un emploi dans des entreprises de la région. En cinq ans, près de 250 élèves internationaux sont passés par la formation professionnelle. Alors que les principaux pays de provenance sont la France et l’Afrique, la commission scolaire souhaite maintenant développer le marché chinois, une clientèle très intéressante pour ses programmes d’enseignement.

Impact économique

Ces étudiants étrangers vont générer des impacts économiques importants dans la région, notamment en termes de frais de scolarité, de logement, de consommation de biens et services, etc. Selon une étude réalisée par l’Association des étudiants internationaux de l’UQAC en 2010-2011 (alors que leur nombre était moins important qu’aujourd’hui), leur apport économique du côté des frais de scolarité se chiffrait à plus de 1,6 millions de dollars. En termes de frais de subsistance, ils ont injecté près de 5 M$ dans l’économie saguenéenne pour l’année de l’étude. L’apport économique total se chiffre à plus de 7 M$.

Sébastien Renaud affirme que les étudiants internationaux étudiant dans les programmes professionnels ont l’obligation d’avoir 12 000 $ par année à sa disposition, soit près de 18 000 $ par élève pour la durée de la formation. Avec ces faits et en comptabilisant les frais de scolarité, il estime que l’apport économique des étudiants totalise près de 4 M$. Au cégep de Jonquière, on calcule que 154 élèves génèrent des retombées d’environ 5 M$ sur les trois ans de leur séjour (soit environ 12 500 $ par élève par année).

Établissement de familles

Mentionnons également l’apport du Service d’immigration d’affaires de Promotion Saguenay. Les entrepreneurs accompagnés s’établissent ici avec leur famille amène aussi des bénéfices pour toute la société. Les enfants s’inscrivent à l’école et certain poursuivent même des études professionnelles, collégiales ou universitaires. Du côté des conjointes, certaines ont choisi de retourner aux études, d’autres ont intégré le marché du travail. Sur la cohorte suivie par l’organisme de développement économique saguenéen, cela représente 25 inscriptions dans un établissement scolaire, ce qui peut contribuer au maintien de certains programmes. De même, devant la pénurie de main-d’œuvre dans plusieurs secteurs, « ces talents internationaux, que ce soient des gens d’affaires ou des diplômés internationaux, ça répond et peut combler certains besoins », conclut Séreyrath Srin.

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