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Communiqué de Presse

QUÉBEC - Avec une croissance annuelle du PIB réel d’environ 2,8 % entre 2014 et 2017, l’économie de l’Ontario s’est démarquée. Cela a facilité une amélioration du solde budgétaire du gouvernement ontarien, qui est passé de -10,3 G$ lors de l’exercice 2014-2015 à -1,0 G$ en 2016-2017. Selon les projections du ministère des Finances, l’exercice 2017-2018 pourrait même se terminer en territoire positif avec un surplus de 0,6 G$.

Ce surplus pourrait toutefois être éphémère alors que les projections budgétaires présentées aujourd’hui comportent une croissance importante des dépenses des programmes au cours des années à venir, soit de 4,3 % en moyenne pour les trois prochains exercices. Ainsi, l’exercice 2018-2019 pourrait de nouveau se solder par un déficit, soit aux alentours de 6,7 G$. Aucune réelle amélioration n’est prévue par la suite alors que le déficit devrait demeurer à environ 6,5 G$ jusqu’en 2020‑2021.

Après quoi, une réduction progressive du déficit est attendue et le retour en territoire positif pourrait ne se concrétiser qu’en 2024-2025. Dans ces conditions, la dette nette du gouvernement ontarien augmentera significativement au cours des prochains exercices. Elle pourrait passer de 301,6 G$ au 31 mars 2017 à 360,1 G$ au 31 mars 2021. Il s’agit d’une progression plus rapide que celle de l’économie ontarienne, de sorte que le ratio de la dette nette sur le PIB recommencera à augmenter légèrement à compter de 2018‑2019, mettant ainsi fin à trois années consécutives de baisse.

Le gouvernement ontarien gonfle ses dépenses

Avec les élections provinciales du 7 juin 2018 qui arrivent à grands pas, le gouvernement ontarien n’a pas su résister à la tentation d’introduire une panoplie de nouvelles dépenses budgétaires afin de toucher un large éventail d’électeurs. Ainsi, le budget de 2018 comporte pour 20,3 G$ de nouvelles dépenses sur trois ans, soit 5,7 G$ la première année, 6,3 G$ la deuxième année et 8,3 G$ la troisième année. Voici un résumé des principales mesures :

  • 1,3 G$ pour fournir de meilleurs soins de santé à l’ensemble de la population ontarienne.
  • 1,2 G$ pour améliorer l’accès à une gamme complète de services de santé mentale et de lutte contre les dépendances pour les enfants, les jeunes et les adultes.
  • 2,2 G$ pour continuer d’améliorer l’accès aux services de garde d’enfants abordables, et offrir des programmes préscolaires gratuits pour les enfants de deux ans et demi jusqu’à la maternelle et au jardin d’enfants à compter de septembre 2020.
  • 2,3 G$ pour entreprendre un plan pluriannuel de réforme de la sécurité du revenu. f 1,8 G$ pour élargir les services et favoriser le choix, l’autonomie et l’inclusion des personnes ayant une déficience intellectuelle.
  • 1,0 G$ pour que les personnes âgées bénéficient de l’Assurance-santé Plus en offrant gratuitement les médicaments sur ordonnance à toutes les personnes de 65 ans et plus.
  • 0,7 G$ pour soutenir les personnes âgées à vivre de manière autonome.
  • 0,8 G$ pour réduire les coûts des médicaments sur ordonnance et des soins dentaires.
  • 0,9 G$ pour renforcer les assises économiques, pour soutenir le développement des talents et des entrepreneurs locaux ainsi que pour favoriser la croissance des entreprises.

Du côté des revenus budgétaires, le gouvernement ontarien propose notamment d’éliminer la surtaxe de l’impôt sur le revenu des particuliers, de rajuster les fourchettes et les taux d’imposition pour l’impôt sur le revenu, puis de rehausser le crédit d’impôt de l’Ontario pour des dons de bienfaisance, à compter de l’année d’imposition 2018.

Pour les entreprises, le gouvernement propose de rehausser le crédit d’impôt de l’Ontario pour la recherche-développement. Ce dernier est un crédit d’impôt non remboursable de 3,5 % sur les dépenses admissibles en recherche et développement. Les entreprises qui ont droit à ce crédit et qui engageraient des dépenses en recherche et développement admissibles à compter du 28 mars 2018 pourraient bénéficier d’un taux bonifié de 5,5 % sur les dépenses supérieures à 1 M$ au cours d’une année d’imposition.

Les projections de moyen terme sont à risque Les prévisions économiques utilisées dans le budget supposent que la progression de l’économie ontarienne demeurera aux alentours de 2 % au moins jusqu’en 2021. Or, il y a un risque important à notre avis qu’un essoufflement significatif de l’économie ontarienne survienne d’ici quelques années. Le problème n’est pas tant du côté ontarien que de l’économie mondiale, qui connaît actuellement un cycle de croissance d’une longévité exceptionnelle. Tôt ou tard, certains déséquilibres apparaîtront, ce qui pourrait entraîner un net ralentissement de l’économie mondiale, en particulier celle des États-Unis, avec des répercussions importantes pour l’Ontario. Dans ces conditions, il est probable que la réduction graduelle du déficit budgétaire et le retour à l’équilibre anticipé pour 2024-2025 par le ministère des Finances soient difficiles à réaliser.

Cela dit, l’Ontario dispose encore d’une certaine marge de manœuvre au chapitre de ses équilibres budgétaires. Même si son ratio de la dette nette par rapport au PIB augmentera au cours des prochaines années, il demeurera inférieur à celui des provinces les plus endettées, comme le Québec. Par contre, si un changement de cap n’est pas amorcé éventuellement, la situation pourrait changer dans un contexte où le Québec et d’autres provinces sont déjà à l’équilibre budgétaire.

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