Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

SAGUENAY – Pie Braque et Hopera, deux microbrasseries de Jonquière, étaient invités à participer au festival St-Malo Craft Beer Expo du 13 au 15 mars en France. Toutefois, ce dernier a été annulé en raison du Corona virus. Un imprévu qui place nos microbrasseurs devant une situation inattendue, même s’ils ont malgré tout choisi de se rendre sur place.

Depuis deux ans, Vladimir Antonoff, copropriétaire d’Hopera, agit comme parrain du festival de bière de Saint-Malo. Cette année, pour une première fois, il y aurait eu des microbrasseries québécoises parmi les invités de l’événement. « Au total, nous sommes quatre à avoir envoyés des bières à Saint-Malo. Il y a Dieu du ciel, Hopera, Pie Braque et Ras l’Bock, précise Vladimir ». Une fois sur place, Vladimir et Samuel Giguère (Pie Braque) constatent que l’événement n’aura pas lieu. Un peu comme ici, tout grand rassemblement est désormais interdit. Le hic est que la bière, livrée par bateau, vient aussi de débarquer sur le sol français. « Nous avions le droit à 230kg chacun (hopera, Pie Braque et Ras l'Bock), mentionne Vladimir en entrevue la semaine passée. Nous avons envoyé près de 400 litres pour un coût avoisinant les 700$ ».

Annulé, mais pas perdu

Le Saint-Malo Craft Beer Expo allait réunir plus de 70 microbrasseries et la journée du vendredi était réservée aux gens de l’industrie. En entrevue, avant l’annonce de l’annulation, Philippe Dufour (Pie Braque) y voyait une opportunité. « Nous n’allons pas au festival pour faire de l’argent. Il faut le voir comme une dépense marketing. Nous y allons pour récolter des données sur le marché français, montrer notre savoir-faire, nous imprégner de ce qui se fait et regarder s’il est possible de développer un réseau d’exportation à moyen terme ».

Si la mission de Pie Braque semble être compromise, Samuel Giguère rencontrera tout de même les gens du milieu brassicole français. Le représentant pourra compter sur les organisateurs du festival de Saint-Malo qui le mettra en contact avec des entreprises pour y vendre sa bière. Il pourra également compter sur Vladimir Antonoff, originaire de la région, pour tout ce qui est du réseautage. Contacté par téléphone, Philippe Dufour est plutôt optimiste. « On va trouver des moyens de rebondir et voir le positif dans tout ça. Ça n’a jamais été une aventure à but lucratif, donc si on réussit tout de même à créer des liens, faire gouter nos bières et développer des partenariats commerciaux, rien n’est perdu ».

Pour sa part, le copropriétaire d’Hopera a réussi à vendre ses produits dans un commerce de la ville de Rennes. La cave à bière au Père Bouc organise ce qu’on appelle, dans le milieu de la bière, un Tap takeover. C’est-à-dire que les lignes de fûts de l’établissement seront à la disposition des produits de la microbrasserie saguenéenne.

Une saison des festivals incertaine

Avec l’annonce de l’annulation du festival Regard et des autres événements de grandes ampleurs un peu partout dans le monde. On ne peut qu’être incertain pour la saison des festivals de bière 2020. Une situation qui peut vite devenir un casse-tête pour les brasseurs qui doivent prévoir leur production quelques mois en avance. « Cette année, on s’enlignait pour faire une grosse saison de festivals. Ça regarde très mal avec les dernières annonces, précise Philippe. On a commencé à stocker des barils en prévision des événements. Il faudra donc garder un œil attentif sur l’évolution des choses et essayer de prévoir l’avenir. Au besoin, nous allons devoir jouer avec notre ratio bouteilles-cannettes-barils ».

Commentaires