Auteur

Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – En matière de comptabilité et de fiscalité, l’agriculture est un monde à part. Les règles qui s’appliquent aux entreprises de ce secteur sont très particulières et souvent peu abordées dans les cours de comptabilité, souligne le cabinet SCF Conseils, qui en a fait sa spécialité.

Historiquement, ce réseau de 10 cabinets comptables a été créé par l’Union des producteurs agricoles (UPA) pour répondre aux besoins spécifiques de cette industrie. Il opère maintenant de façon indépendante, même si 90 % de sa clientèle est composée d’entreprises agricoles.

Selon le directeur de SCF Conseils Saguenay–Lac-Saint-Jean, le domaine agricole est une véritable spécialité à l’intérieur de la spécialité en fiscalité. « Si l’on ne fait pas d’entreprises agricoles régulièrement, on peut être tenté de prendre certains raccourcis en pensant que ce sont les mêmes règles que le commercial, mais souvent l’agriculture va avoir une exemption ou une exception », indique Pierre-Olivier Dallaire, directeur de SCF Conseils Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Un exemple de ces spécificités concerne les modalités touchant les améliorations effectuées sur le terrain d’une entreprise. « Normalement, quand une entreprise fait une amélioration sur son terrain, comme du drainage, du nivellement ou du défrichage, elle doit le capitaliser. Cependant, les entreprises agricoles peuvent le passer en dépense, ce qui est beaucoup plus intéressant, puisque ça permet de réaliser des économies », affirme M. Dallaire.

Connaître les particularités

La spécialisation en agriculture permet aux comptables et fiscalistes de SCF Conseils d’être plus au fait des particularités du domaine et d’avoir rapidement toutes les informations à jour sur le sujet. « Nous baignons là-dedans tous les jours. Nous connaissons les exceptions et nous sommes à l’aise avec ça », souligne M. Dallaire.

Toutefois, rares sont les comptables qui sont spécialisés d’emblée en agriculture. « À l’école, on apprend que ça existe, que c’est différent pour l’agriculture, mais on ne rentre pas dans les détails. C’est beaucoup plus complexe de maîtriser le secteur agricole, parce que ce n’est pas montré dans le programme », explique le directeur.

Les employés de SCF Conseils sont donc surtout formés à l’interne en matière de particularités agricoles. « On ne met aucun CV de côté parce que la personne ne possède pas d’expérience en agriculture. C’est quelque chose qui s’apprend surtout sur le terrain. Chez SCF, nous suivons des formations externes dès qu’elles sont proposées. Nous pouvons aussi partager les informations entre les 10 cabinets et nous donner mutuellement des formations. »

En croissance

Pierre-Olivier Dallaire estime que le réflexe de se tourner vers son cabinet comptable, le seul spécialisé en agriculture au Québec, est assez présent chez les agriculteurs. De neuf employés en 2017, le bureau du Saguenay–Lac-Saint-Jean est passé à 23 actuellement. « Nous avons plus que doublé notre équipe. Nous sommes de plus en plus connus. Nous devons même refuser des clients, c’est pourquoi nous sommes toujours à la recherche de comptables et de fiscalistes pour se joindre à nous », souligne-t-il.

Cela fait en sorte que, si l’on considère les 10 points de service régionaux, SCF Conseils était il y a quelques années le quatrième ou cinquième cabinet comptable en envergure au Québec. L’entreprise emploie au total de 300 à 400 personnes. Toutefois, chaque bureau est géré de façon autonome, même si une entité provinciale permet une certaine coordination.

Conseiller

Pour M. Dallaire, l’intérêt de son métier réside dans les agriculteurs avec qui il fait affaire. « Ce sont des gens de terrain, humains, avec de belles valeurs. Il y a un lien qui se crée. Ils nous font confiance », révèle-t-il.

Le comptable ou le fiscaliste joue ainsi un rôle important et les entrepreneurs se tournent souvent vers lui pour des conseils, en lien avec des projets ou parfois même leur vie personnelle. Nous pouvons les guider vers les personnes-ressources en mesure de les accompagner », conclut-il.

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