Dominique Savard
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Dominique Savard

LA BAIE – C’est dans un contexte de croissance que l’entreprise familiale La Laiterie de La Baiefête son 100e anniversaire en 2019. En effet, la crème glacée Festin connaît un essor extraordinaire, à la suite de l’entente majeure signée avec les épiceries Maxi du Québec qui fait en sorte que la production sera multipliée par trois, selon le copropriétaire et vice-président de la mise en marché, Normand Dupéré.

« Cette année, on a attaqué tout le Québec dans la crème glacée et j’avoue que ça va très bien. On a commencé la livraison dans 111 supermarchés Maxi en février, et ça sera notre premier été où l’on va couvrir toute la province. Déjà, nous avons une très bonne réponse du public. Je prévois tripler ma production de crème glacée. Toutes nos saveurs sont listées dans cette entente.

« Tout comme ici dans la région, la saveur banane fait également fureur à travers le Québec. On reçoit plein de courriels de gens qui l’attendaient et qui l’adorent. Non, nous n’avons pas l’intention de développer d’autres saveurs pour l’instant. On gère la croissance cette année et on en a plein les bras », avoue M. Dupéré.

Cette croissance dans le développement du marché a des effets sur la main-d’œuvre et l’espace d’entreposage. Les quelque 60 employés à l’usine de la rue Aimé-Gravel à La Baie doivent redoubler d’ardeur et l’entreprise doit effectuer quelques embauches. « On va être obligé aussi de gérer les problèmes d’espace d’entreposage. Lors de la fermeture de la Scierie Saguenay, il y a quelques années, nous avons acquis les terrains situés derrière notre usine. Je ne sais pas encore ce que l’on va faire, toutefois. Il y a l’option de construire un entrepôt ou encore en louer un déjà existant. On commence seulement à analyser les possibilités. »

Le défi de la relève

Copropriétaire de l’entreprise familiale avec ses frères Julien, Maurice et Robert depuis près de 40 ans, Normand Dupéré ajoute que, parmi les autres défis qu’ils devront relever, on note celui de la relève. « C’est moi le plus jeune et j’ai 57 ans. Il n’y a pas de problème pour l’instant, car je suis encore jeune... C’est toutefois une question que mes frères et moi nous posons depuis plusieurs années. C’est un défi d’envergure, la relève. Il n’y en a pas dans la quatrième génération qui travaille avec nous. Pour le moment, nous n’avons pas de plan de relève, mais ce n’est pas inquiétant. Il y a tout plein d’entreprises qui se vendent. »

Main-d’œuvre et mondialisation

Malgré cette croissance de la crème glacée, Normand Dupéré avoue que les défis sont nombreux. « Ce n’est pas nouveau pour nous. Depuis toutes ces années, nous avons traversé vents et marées. Ça n’a pas toujours été facile. Hier, c’était le défi des tablettes, de trouver de la place pour nos produits dans les supermarchés. Aujourd’hui, c’est le défi de la main-d’œuvre, alors que demain, il y a ceux de la mondialisation des marchés, notamment la gestion de l’offre, les fromages, l’étiquetage, en plus du nouveau guide alimentaire qui nous a presque sorti en misant sur le végétal. »

Autres implications

En plus de la Laiterie, les frères Dupéré sont actionnaires de la Fromagerie Saint-Fidèle à La Malbaie depuis 2001 avec la Fromagerie Boivin et Alliance Lait (une association de 36 producteurs laitiers du Saguenay et un producteur de Charlevoix). Ils sont aussi copropriétaires de l’entreprise Pedno de Laterrière, où Maurice Dupéré agit à titre de PDG.

Une croissance qui s’appuie sur les acquisitions

L’origine de La Laiterie de La Baie remonte en 1919, alors que l’entreprise offrait ses produits sous le nom de beurrerie Vulfrand Tremblay. En 1945, Edmond Dupéré, gendre du fondateur, se porte acquéreur des installations, et, tout en s’attaquant à la diversification, procède à l’acquisition d’un compétiteur en 1956 : la Laiterie de La Baie des Ha! Ha! À ce moment, il réunit les deux entreprises sur le chemin Saint-Anicet.

Deux années plus tard, l’entreprise baieriveraine se dote d’un équipement de production des plus modernes pour l’époque. Considérée comme avant-gardiste sur le plan régional, elle produit plus de 2 000 pintes de lait et 6 000 livres de beurre quotidiennement. Une flotte de huit camions dessert quotidiennement sa clientèle. Au fil des ans, l’homme d’affaires met en marché de nombreux produits, notamment le populaire beurre Étoile d’Or.

Le 25 janvier 1961, la bâtisse est la proie des flammes et l’usine est une perte totale. Malgré le triste événement, Edmond Dupéré se relève les manches et reconstruit son usine sur la rue Aimé-Gravel, à l’emplacement qu’elle occupe encore aujourd’hui. C’est en 1983 qu’on change la raison sociale pour celle, bien connue maintenant, de « La Laiterie de La Baie ». Toujours au début des années 80, la troisième génération, formée des frères Julien, Maurice, Robert et Normand Dupéré prend la relève de leur père Edmond.

Percée montréalaise

Le copropriétaire et vice-président de la mise en marché de La Laiterie de La Baie, Normand Dupéré rappelle que ses frères et lui ont fondé, en 1986, le « Group Lait », une association de laiteries indépendantes qui a acquis la laiterie « Guaranteed Pure Milk Co. » de Montréal. « Nous l’avons opérée pendant plusieurs années avec mon frère Maurice qui était sur place. Le bâtiment devenu trop désuet, nous avons décidé de vendre. Nous étions plus de 300 laiteries indépendantes dans les années 80 et, aujourd’hui, nous ne sommes que trois avec les laiteries Chalifoux à Sorel-Tracy et Chagnon à Waterloo. Les autres ont été fusionnées ou centralisées. »

Enfin, en ce qui concerne l’avenir, La Laiterie de La Baie se concentre sur le développement du marché du Québec dans la crème glacée. Le lait a aussi fait une percée à Valley-Goose Bay au Labrador. « On s’en vient avec autre chose pour le consommateur qui devrais être bien apprécié. Nous travaillons actuellement sur le procédé et normalement, on va pouvoir dévoiler le tout à la fin de l’été. » À suivre !

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