Auteur

Jonathan Thibeault

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « L’agroalimentaire, moteur de la relance » publié dans notre édition du mois de juillet.

SAINT-PRIME – Tout porte à croire que la municipalité de Saint-Prime au Lac-Saint-Jean pourrait devenir un pôle d’importance en ce qui concerne l’agriculture du chanvre… mais aussi du cannabis. Rencontrés dans le but de faire le point sur les projets reliés à la culture du chanvre au Lac-Saint-Jean, le maire Lucien Boivin et deux entrepreneurs ont pu dresser un portrait d’avenir intéressant pour l’économie de la municipalité.

C’est en 2017 que l’idée a d’abord été évoquée, alors que des maires jeannois et des gens d’affaires prévoyaient organiser un festival du chanvre à Desbiens afin de créer « la vallée du chanvre » sur leur territoire. Bien que l’événement n’aura pas eu les retombées prévues, il n’en demeure pas moins que les visées régionales envers cette culture ne se sont pas estompées. « Le chanvre est une culture très complexe. Il existe plusieurs façons de tirer profit de cette plante. Pour nous permettre d’être compétitifs au niveau mondial, on a encore besoin de recherches et de support au niveau technique. Nous avons eu beaucoup d’appui du MAPAQ et du conseil des agronomes à ce chapitre, mais nous sommes encore à l’étape de la culture de la graine dans la région », mentionne Christian Taillon, copropriétaire de la Ferme Taillon et fils de Saint-Prime.

Prêts à se diversifier

Pour l’heure, les coûts de production sont encore trop élevés pour les retombées qui pourraient être réalisées. Toutefois, Christian Taillon affirme que dès que le chanvre sera davantage utilisé dans des industries comme la construction, nous serons en mesure d’observer un plus grand développement. « La fibre du chanvre possède des propriétés intéressantes pouvant être utilisées dans la construction, mais aussi pour d’autres types d’industries. Ce n’est pas encore très développé en Amérique du Nord comparativement à l’Europe », explique le producteur jeannois.

Quelques embûches se sont également présentées dans les derniers mois. Le transformateur d’importance dans l’est du Canada, Aliments Trigone, a vécu une baisse dans sa production, ce qui a forcé les producteurs de chanvre du Québec à vendre leur production à Winnipeg. Malgré ces défis, les producteurs se sont réunis dans une coopérative de machinerie agricole afin de procéder à l’acquisition d’un cribleur ainsi que de silos de grade alimentaire pour regrouper les lots.

Usine de cannabis en construction

Après trois ans de démarches, les propriétaires de CannaBoréa verront leur projet sortir de terre d’ici la fin de l’année. Le cofondateur du projet d’usine de cannabis de grade médicinal, Jeff Auclair, explique que des normes très élevées entourent une telle production, mais que tout devrait être pleinement opérationnel dès le début de 2022. « Nous avons opté pour un modèle d’affaires de production d’essence séchée. On ne s’occupe pas de l’ensachage, ce qui diminue nos frais de production. Notre usine de production comptera 10 salles de cultures dans un bâtiment fermé. Contrairement à certains producteurs qui utilisent des serres, il n’y aura aucune odeur qui émanera de nos installations », précise le copropriétaire de l’entreprise qui a pignon sur rue dans le parc industriel de Saint-Prime.

Pour le maire Lucien Boivin, l’arrivée d’une entreprise spécialisée dans la culture du cannabis dans le parc industriel de sa municipalité n’a pas été perçue de manière négative par les élus. « En tant que municipalité, nous pensons que ça fait désormais partie des mœurs. Il ne faut pas manquer le bateau en interdisant ce genre d’entreprise sur notre territoire. Quand nous voyons des entrepreneurs enracinés se diriger dans ces domaines-là, on les accompagne, on veille à ce que tout soit conforme côté odeurs et luminosité afin que la population ne subisse pas de conséquences », explique le premier magistrat.

« En tant que promoteur, on n’a pas senti de réticence de la part de la population. Ça n’a jamais été une problématique, car nous avons vu que population a toujours voulu que ça aille de l’avant », conclut M. Auclair.

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