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Maxime Hébert-Lévesque

SAGUENAY – Lachance & Gravel, une importante entreprise d’entretien ménager de la région, qui combat à longueur d’année les bactéries, se retrouve aujourd’hui sur la 2e ligne de front, tout juste derrière les professionnels de la santé, pour faire face à cette crise sanitaire. Même s’il est permis de croire que les opportunités sont florissantes pour ce secteur d’activité, ces firmes vivent aussi leur lot de défis.

Tout commence par une réaction de stupeur pour les acteurs du milieu de l’entretien ménager lors de l’annonce de la mise en pause des entreprises par le gouvernement Legault. Le secteur de l’entretien aux particuliers est fortement touché. Les mesures d’isolements et la crainte ambiante font que les gens sont réticents à faire entrer des fournisseurs à la maison. Les firmes évoluant dans le domaine commercial, comme Lachance & Gravel inc., voient la clientèle du secteur de la restauration fondre comme neige au soleil.

S’ajuster à la situation

Pour Annik Lachance Gravel, la propriétaire de l’entreprise, il était, dans un premier temps, essentiel de bien communiquer les valeurs de son entreprise en temps de crise. « Nous sommes une organisation régionale et nos clients sont régionaux également. Nous les traitons comme des partenaires d’affaires avant tout. Il fallait donc trouver une façon de garder la tête de notre entreprise hors de l’eau et ne pas pénaliser nos clients qui sont aussi dans une situation exceptionnelle ». Aux grands maux, les grands remèdes, elle mobilise son équipe pour contacter chaque client et trouver une façon de continuer à les servir dans les meilleures conditions.

La diminution de la demande de services (de 55 à 65 %) a fait des dommages. La firme d’entretien a dû procéder à plusieurs mises à pied temporaires. Sur une équipe de 75 employés, 45 ont été retranchés. « La situation est pénible, mais il faut rester concentré sur la relance », souligne la propriétaire, sûre de retrouver une situation normale prochainement.

De son côté, Alain Roberge, directeur au Développement des affaires de l’entreprise, estime que malgré les pertes du côté de la restauration, quelques nouveaux clients gouvernementaux se sont manifestés. « Depuis la crise, nous avons été contactés par des institutions publiques, comme les bureaux gouvernementaux, pour nos services. Nous avons aussi signalé au CIUSSS que nous serions disponibles pour apporter notre aide », lance-t-il.

D’exécutant à consultant

Depuis le début de la crise, les entreprises qui semblent s’en sortir le mieux sont celles qui s’adaptent. Pour Lachance & Gravel, c’était le moment de saisir la balle au bond et de miser davantage sur leur rôle d’ambassadeur. « Nous combattons les bactéries depuis des années, nous possédons une grande connaissance en ce qui a trait à la salubrité. Nous avons une responsabilité sociale et nous sommes en mesure d’aider les gens à rouvrir de façon sécuritaire et avec les bonnes pratiques et les bons outils », explique la PDG.

La stratégie de l’entreprise consistera à offrir plus qu’un service d’entretien régulier en se positionnant comme une référence sur les bonnes pratiques en termes de salubrité. « Dernièrement, une usine nous a approchés pour de la formation. Nous leur avons montré un plan sanitaire qu’ils pourront appliquer dans leur quotidien. On offrait déjà un service-conseil dans le passé, mais c’était souvent à la pièce. Aujourd’hui, on entrevoit la possibilité de faire de la formation », explique de son côté Alain Roberge.

Un changement de perception

À la réouverture progressive des entreprises, des mesures sanitaires strictes seront mises en place. De ce constat, l’entreprise saguenéenne prévoit des changements dans les demandes de ses clients. « Notre service de désinfection est maintenant le plus prisé. Ce n’était pas le cas avant la crise où les gens mettaient davantage l’accent sur ce qui était visuel, comme la poussière ».

Les deux intervenants espèrent que la crise sanitaire aura pour effet de provoquer une réflexion sur l’importance qu’occupent les professionnels de l’industrie de l’entretien. « Nous espérons qu’à la suite de la crise, le métier sera enfin vu à sa juste valeur. Chaque année, le cours en Hygiène et salubrité, au Centre de formation professionnelle de Jonquière, ne se donne pas à cause du manque d’inscription. Nous sommes maintenant plus que jamais des acteurs essentiels à la santé publique ».

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