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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Passionnée d’oiseaux depuis toujours, Nadya Potvin est devenue fauconnière en 2014. Elle travaille maintenant, avec son faucon nommé Spirit, au développement de sa petite entreprise, qui offre des conférences et formations pour démystifier les oiseaux de proie.

Mme Potvin a acquis Spirit, un faucon gerfaut-sacre, en 2017 et lancé son entreprise, Fauconnerie du Royaume, peu après. Actuellement, elle vise principalement à offrir des conférences pour faire connaître les oiseaux de proie. « Je veux faire de la sensibilisation. Souvent, les gens ont peur de ces oiseaux, qui ont mauvaise presse. Mais ils ont un rôle à jouer dans les écosystèmes, par exemple en régulant les populations de rongeurs, de couleuvres et serpents, etc. », explique la fauconnière.

Durant les conférences, les participants peuvent manipuler Spirit. Nadya Potvin et son faucon effectuent aussi une démonstration de vol, alors qu’il demeure attaché afin d’assurer sa sécurité. Mme Potvin peut se déplacer lors de festivals ou dans les écoles, par exemple, mais elle souhaite aussi élargir sa clientèle, par exemple aux résidences de personnes âgées.

La fauconnière travaille actuellement sur un projet de conférences conjointes avec une amie, Maryse Cloutier-Gélinas, co-fondatrice de l’entreprise La Nyctale et la Renarde, basée à Saint-Jean de l’île d’Orléans, qui offre des services et formations en herboristerie, langage des oiseaux et contact avec la nature. Lors de ces conférences, Mme Cloutier-Gélinas ajoutera ses connaissances sur le langage des oiseaux et le contact avec la nature grâce à ce langage à celle de sa collègue sur les oiseaux de proie. « Nous voulons réunir nos forces. Nous allons créer des pages communes pour ces conférences », indiquent les deux femmes.

Effarouchement

Si elle se concentre d’abord sur les conférences, Nadya Potvin aimerait éventuellement offrir des services d’effarouchement, notamment pour les agriculteurs. Elle devrait pour se faire acquérir un nouvel oiseau. « Les oiseaux de proie ont leur propre personnalité, comme n’importe quel animal. Spirit est un oiseau très docile, qui aime les gens, curieux. Son tempérament est parfait pour des conférences, même si sa seule présence va faire fuir les autres oiseaux. Mais pour de l’effarouchement, l’idéal serait un oiseau qui serait plus à l’affût pour la chasse, avec un instinct de prédateur plus développé », affirme Mme Potvin.

Comme prendre soin d’un faucon est une tâche prenante et que la fauconnière exerce aussi un autre emploi, elle compte attendre encore un peu avant d’acquérir un deuxième oiseau. « C’est une heure de travail par jour avec le faucon. Je dois le peser. Le poids de l’oiseau permet de mieux comprendre sa physionomie interne. La gestion du poids est importante, elle permet de savoir s’il est en condition pour voler. S’il a l’estomac trop plein, il pourrait ne pas avoir faim pour revenir lors du vol libre. Si le poids est trop bas, il n’aura pas l’énergie de voler. On s’assure de le garder dans des conditions optimales », explique la fauconnière, qui précise que dans la nature, le faucon peut se gaver d’une proie, puis ne pas manger pendant quelques jours avant de trouver une autre proie, d’où l’importance de prendre en compte le poids de l’oiseau. Une fois la pesée réalisée, elle emmène l’oiseau à l’extérieur, où elle l’attache avec une longue longe sur un poteau, et l’entraîne.

Pour le vol libre, elle se déplace sur un site bien dégagé à Chicoutimi-Nord. « Le faucon fait du haut vol, c’est-à-dire qu’il vole en hauteur. Ça prend un grand espace, comme un champ, pour lui permettre de garder le visuel avec nous et de nous trouver lorsqu’on l’appelle », note Nadya Potvin, visiblement très attachée à Spirit.

Devenir fauconnier

Ne devient pas fauconnier qui veut. « Il faut suivre une formation de 30 heures auprès d’un autre fauconnier. J’ai d’abord suivi un cours en 2014. […] J’ai complété ma formation en 2017 et j’ai acquis Spirit en juin », indique Mme Potvin. Elle a acquis l’animal auprès d’un éleveur. Au Québec, il n’est pas permis d’apprivoiser un oiseau de proie sauvage. « Pour pouvoir acheter d’un éleveur, ça prend un permis de fauconnier. Il y a une déclaration à faire au ministère, avec son numéro de bague. Il y a un suivi de cette acquisition-là », révèle-t-elle.

Même s’il provient d’un élevage, l’oiseau de proie doit s’imprégner du fauconnier. Au début, il porte un chaperon, sorte de casque qui lui cache les yeux, qui lui permet d’être plus calme, parce que l’humain demeure un prédateur dans son instinct. « On commence par le mettre au poing, le toucher. On lui enlève le chaperon, on lui remet. On lui parle, on le touche, on lui donne confiance en nous en voyant les gestes qu’on fait, comment on fonctionne », mentionne la fauconnière.

Les femmes ne sont par ailleurs pas la majorité des fauconniers, alors qu’environ 60 % d’hommes pour 40 % de femmes exercent cette profession, aux dires de Mme Potvin. À Saguenay, la base militaire en emploie trois à quatre environ, alors que deux sont installés au Lac-Saint-Jean. L’intérêt ne manque toutefois pas, puisque la fauconnière recevra un premier groupe de quatre personnes en formation au cours des prochains mois.

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