Guy Bouchard
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Guy Bouchard

SAGUENAY – Comme pour la plupart des entreprises régionales, Fit Gastronomie a été frappée de plein fouet par la crise du coronavirus. La production de repas préparés haut de gamme se poursuit toutefois régulièrement à l’usine de La Baie, même si le chiffre d’affaires de la jeune PME a fondu de 50 %. Il faut savoir qu’une bonne partie de la clientèle est constituée de centres d’entraînement ou de CrossFit à l’échelle du Québec et qu’ils sont évidemment tous fermés. Voyons comment Guillaume Lavoie et Maxime Vaugeois, copropriétaires et gestionnaires de Fit Gastronomie (FG), gèrent cette situation fort complexe en attendant la relance.

Précisons tout d’abord que l’entreprise agroalimentaire est considérée comme essentielle dans la liste établie par le gouvernement du Québec. Elle peut donc poursuivre la production de ses repas santé, prêts à manger, emballés sous vide. Lancée à l’automne 2017, Fit Gastronomie a connu une forte augmentation de ses ventes au cours des derniers mois, en doublant sa production destinée à ses clients de gros et de détail. Si bien que, juste avant la crise, le volume s’établissait à près de 7 000 unités par semaine. Selon Guillaume Lavoie, cette demande était dopée notamment par le marché des centres d’entraînement à Saguenay, mais surtout à Québec et à Montréal, deux villes où l’entreprise avait effectué une belle percée.

Conserver l’expertise

Toutefois, les choses étant ce qu’elles sont actuellement, les trois propriétaires de Fit Gastronomie (les deux premiers ont un troisième associé, Sébastien Lavoie, frère de Guillaume, qui était absent au moment de l’entrevue) ont dû adopter un plan d’urgence dans un temps très court. Dans un premier temps, les trois associés ont mis à pied temporairement cinq personnes sur les 25 ressources de l’équipe. Cela semble peu en regard de la baisse du chiffre d’affaires, mais les gestionnaires voulaient éviter au maximum de perdre des employés bien formés en diminuant aussi sensiblement les heures travaillées. Précisons que trois des personnes licenciées temporairement étaient des ressources très expérimentées, mais âgées de plus de 70 ans, donc qui devaient se trouver en confinement sans délai.

Deuxièmement, les trois actionnaires ont convenu de s’impliquer un nombre d’heures beaucoup plus important pour compenser la perte d’expertise et de rendement de ces trois travailleurs de haut niveau. Il a fallu aussi rapidement revoir la logistique de la production et de la livraison de façon à éviter au maximum les pertes de denrées périssables. Malgré tout, Maxime Vaugeois voit un avantage à cette situation difficile, puisque les commandes de repas en ligne de la part de particuliers ont sensiblement augmenté au cours des dernières semaines. « Ça nous permet de nous faire connaître davantage de la population. Ces nouveaux clients à qui nous offrons un rabais de 10 % pour quelque temps pour stimuler la livraison à domicile, sont souvent les parents de nos consommateurs réguliers », explique-t-il.

Mesures sanitaires déjà sévères

« Nous sommes dans une situation difficile, mais il y a pire autour de nous. Comme nous avons rapidement mis en place des mesures, nous sommes encore rentables. Et je suis convaincu que ça va repartir très fort après la crise. Nous essayons de prendre la situation du bon côté parce qu’on ne contrôle pas les événements. […] Pour le moment, on s’assure que notre personnel actif reste en bonne santé. Nous sommes très attentifs aux indices de grippe ou de rhume et, jusqu’à maintenant, ça va bien », assure de son côté Guillaume Lavoie.

Le jeune homme rappelle également que son entreprise agroalimentaire est soumise à de sévères normes de salubrité. « Nous sommes soumis à la norme C1 du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) qui réglemente notamment le nettoyage et la désinfection des équipements et aires de travail. C’est déjà une norme très sévère d’entretien, qui est exigée aux préparateurs de produits à base de viande destinés à la consommation humaine, mais qui doivent être vendus en gros à des distributeurs ou des détaillants. En surplus, depuis le début de la crise, nous devons augmenter la fréquence de désinfection, même pour les murs et les plafonds », explique M. Lavoie.

Équipée pour rebondir

Pour Guillaume Lavoie et Maxime Vaugeois, la crise actuelle est une embûche importante pour l’entreprise, qui était en mode croissance. Philosophes, les deux jeunes entrepreneurs assurent que cette pause leur permettra de repositionner Fit Gastronomie. « Il faut profiter de ce ralentissement pour analyser nos dépenses et nos façons de faire pour s’améliorer. On peaufine notre stratégie et on se prépare à la reprise qui viendra tôt ou tard, alors nous serons prêts à fournir tout le Québec quand ça arrivera », lancent-ils en duo.

Il faut dire que Fit Gastronomie (FG) a connu un démarrage modeste en 2017, alors que l’entreprise produisait à l’époque quelque 300 repas santé prêts à manger. Au fil des mois, les produits se sont fait connaître et apprécier de l’industrie de l’entraînement de la région, mais surtout de la province en pénétrant les gyms de Québec et Montréal. Les nombreuses dégustations offertes aux clients potentiels et le bouche-à-oreille on fait leur effet. Si bien qu’au début 2018, près de 7 000 repas par semaine étaient préparés, en grande partie pour cette clientèle exigeante. Alimentation saine Selon le chef cuisinier, Maxime Vaugeois, qui conçoit lui-même les quelque 400 plats offerts en rotation par FG, une des qualités qui fait la renommée des menus tient à la fraîcheur des produits utilisés pour les concocter. Il explique également que les repas sont frais, équilibrés, savoureux et, surtout, ne contiennent aucun agent de conservation. Que l’on s’entraîne ou non, ils constituent donc une alimentation saine pour toutes les catégories de clientèles. Par surcroît, l’homme d’affaires assure que ses mets sont abordables et qu’ils peuvent être facilement commandés en ligne. Le cuistot assure également qu’une fois livrés, les produits de Fit Gastronomie ont une durée de conservation de sept jours, compte tenu des équipements utilisés pour leur conditionnement.

Fournir tout le Québec

Et des équipements, il y en a chez Fit Gastronomie. Une visite des lieux permet d’ailleurs d’avoir un aperçu de la capacité de FG de livrer d’importants volumes de prêt-à-manger. Qu’il s’agisse de chambres réfrigérées, de congélateurs, d’aires de travail ou d’entreposage, les espaces sont propres, spacieux et bien aménagés. Toutefois, c’est au chapitre des équipements que le visiteur réalise le sérieux de nos jeunes entrepreneurs. FG dispose d’immenses marmites, de volumineux fours dits intelligents, d’une imposante rôtissoire ainsi que d’autres dispositifs de préparation des aliments. La touche finale de la ligne de production de FG est assurée par un équipement on ne peut plus stratégique, l’operculeuse.

C’est ce dispositif sophistiqué qui scelle en un temps record les barquettes-repas, en introduisant du même coup un mélange de gaz, dits alimentaires, dans l’emballage, pour assurer la préservation de son contenu. Les denrées y gardent leur fraîcheur au moins sept jours, sans aucun agent de conservation. Guillaume Lavoie et Maxime Vaugeois n’hésitent d’ailleurs pas à affirmer qu’ils sont parfaitement équipés pour produire quelque 15 000 repas par semaine. Nos entrepreneurs sont formels, il ne manque que la fin de la crise pour que Fit Gastronomie s’impose comme un des leaders du prêt-à-manger à l’échelle du Québec.

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