Dominique Savard
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Dominique Savard

SAINT-FÉLICIEN – Fondée en 1969 par Thomas Gosselin et son épouse Aliette Dubois, l’entreprise Polaire Plus (Manufacture Thomas Gosselin)a parcouru beaucoup de chemin depuis les 50 dernières années. Un déménagement de Girardville à Saint-Félicien, huit agrandissements, une trentaine d’employés et trois générations d’administrateurs ont permis à cette entreprise de se tailler une place dans l’industrie de la fabrication de vêtements 100 % Québécois.

« C’est ma grand-mère et mon grand-père qui ont commencé l’aventure en fabriquant des vêtements pour les travailleurs. Avec le temps, les besoins ont changé. Ils ont déménagé à Saint-Félicien, où ils ont ouvert un petit magasin avec une petite manufacture. Nos produits « made in Québec » se sont mis à être distribués un peu partout en province, ainsi qu’en Nouvelle-Écosse, au Nouveau-Brunswick et à l’Île-du-Prince-Édouard », raconte Stéphane Gosselin, le troisième de la lignée après son grand-père Thomas et son père Réal, ce dernier toujours actionnaire et actif, six mois par année.

Parmi les 30 employés de l’entreprise, on retrouve neuf couturières, tandis que les autres œuvrent dans les départements d’articles promotionnels, boutique et détaillant autorisé de vêtements de sécurité SPI.

« Depuis deux ans, on vend aussi en ligne, surtout les vêtements de plein air et de motoneige. Avec notre nouveau site Web, qui sera lancé l’automne prochain, nos ventes vont sans doute augmenter. C’est plus difficile depuis quelques années de passer par les distributeurs de vêtements de motoneige et de plein air, même si nos produits sont réputés et sont de qualité. Ils sont plus chers et la compétition vient de l’importation. Même les gouvernements du Canada et du Québec n’encouragent pas les produits locaux. Ils vont du côté de l’importation en raison des prix plus bas, mais aussi à cause des délais », explique l’homme d’affaires de 46 ans.

Il poursuit en soulignant que la matière première est également un problème au Québec. Il assure que les fournisseurs de tissus, de doublures et de fermetures éclair sont plutôt rares. « Il n’y a plus de manufacturiers de tissus au Québec depuis 2004. Il faut travailler avec des importateurs qui ont des inventaires à nous offrir en petites quantités. J’achète le tissu de Québécois, mais c’est de l’importation. »

Expansion et main-d’œuvre

Le dernier agrandissement de 3 600 pieds carrés, en 2014, au coût de 700 000$ devrait être le dernier, selon Stéphane Gosselin.

« Je ne crois pas agrandir encore, car l’espace est restreint. D’un côté, il y a une halte-routière et de l’autre, on a déjà acheté une résidence pour les derniers travaux et il faudrait en acheter une autre et changer le zonage si l’on veut agrandir de nouveau. C’est un processus long et difficile. Je préfère rester comme ça. 30 employés, c’est déjà pas mal. Je penche plus pour le travail en sous-traitance, ce qu’on fait déjà d’ailleurs, comme chez Robertson à Mashteuiatsh ou avec des gens à la maison qui font des trucs à la pièce. Nous faisons affaire aussi avec un autre fabriquant à St-Éphrem de Beauce qui compte 50 couturières et, sous peu, on va travailler avec un autre sous-traitant à Vallée-Jonction. Nous avons presque doublé notre équipe de couturières dans notre manufacture l’an dernier avec quatre nouvelles employées pour un total de neuf. Les couturières se font rares et, souvent, c’est un deuxième métier pour une coiffeuse ou une esthéticienne qui veut un métier plus conventionnel avec des heures et une échelle salariale. Il a fallu se réajuster nous aussi », explique M. Gosselin, dont l’entreprise consacre maintenant 95 % de son temps à la confection de vêtements de travail, tout en s’assurant de conserver un petit pourcentage malgré la vive compétition (au niveau des coûts) à leur marque de commerce, soit les vêtements de motoneige et pour enfants.

L’entrepreneur ajoute qu’un cours de couture dispensé à Jonquière l’an dernier lui a permis d’ajouter deux ressources. Ces gens ont fait leur stage à raison de trois jours par semaine chez Polaire Plus, tout en ayant une garantie d’emploi après le cours. « C’est une bonne option pour le recrutement. Le plus difficile, c’est de trouver des employées avec de l’expérience. Il n’y a pas de jeunes qui se lancent dans ce secteur. »

Une 4e génération ?

Est-ce que Polaire Plus pourra compter sur la 4e génération de Gosselin pour assurer la relève ? L’aînée de Stéphane Gosselin, âgée de 21 ans, travaille dans l’entreprise les fins de semaine, mais étudie en infographie.

« C’est possible avec un autre de mes enfants. On s’entend que ça serait bien plaisant, mais il y a tellement de choix pour les jeunes aujourd’hui. Ils sont assurés d’avoir un emploi avant même de finir l’école. On ne sait jamais. Moi, quand j’étais jeune, je voulais être policier. En 1996, j’ai ouvert avec un ami les Vêtements Conifères, mais quand ma mère est décédée en 2002, j’ai vendu mes parts pour revenir aider mon père. Mon expérience m’a permis de moderniser l’entreprise familiale, notamment en informatisant le business. Nous avons plus que doublé notre chiffre d’affaires et notre capacité de production. »

Pour le 50e anniversaire, Stéphane Gosselin a prévu plein de petits trucs tout au cours de l’année, dont le lancement de la nouvelle image de l’entreprise à l’automne prochain. Des promotions et des lancements de nouveaux produits et modèles figurent aussi au programme

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