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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Bien que le Saguenay–Lac-Saint-Jean ne possède qu’une entreprise qualifiée en construction de ligne pour Hydro-Québec, la région pourra tout de même tirer son épingle du jeu en termes de retombées économiques dans le cadre projet de construction de ligne à 735 kV Micoua-Saguenay.

La société d’État estime les retombées de ce projet de 700 M$ à 50 M$ pour la région, mais ce chiffre pourrait grimper, croit le coordonnateur du Comité de maximisation (CMAX), Jean-Lin Otis, puisque la stratégie de construction est toujours en élaboration. « On ne bâtit pas de pylônes ni de lignes ici, mais on va travailler pour aller chercher le maximum de possibilités. […] Déjà, si on va chercher trois ou quatre contrats de déboisement, on arrive tout près. Il faut aussi calculer toute la main-d’œuvre pour le travail », affirme-t-il. De 430 à 550 travailleurs seront requis pour la totalité du projet, selon les estimations.

En ce qui a trait au déboisement, qui devrait débuter cet automne, Hydro-Québec évalue que six à neuf contrats seront octroyés, incluant ceux de gré-à-gré avec les communautés autochtones et les chemins d’accès. Cela représente un potentiel de 70 à 90 M$ et la société calcule que de 15 % à 20 % de ces retombées seront régionales. Cependant, selon le nombre de contrats que les entreprises régionales obtiendront réellement pourrait modifier le pourcentage. « Dans la région, il y a des entreprises qui sont en mesure de faire le déboisement et d’amener des chemins d’accès », souligne Marie-Claude Lachance, conseillère aux relations avec le milieu au Saguenay–Lac-Saint-Jean pour HQ.

Les entreprises régionales pourraient aussi aller chercher des retombées du côté des contrats et de la sous-traitance lors de la construction de la ligne (2020-2021). La construction d’un campement en Haute-Côte-Nord, l’hébergement et d’autres biens et services de proximité recèlent d’autres opportunités. La main-d’œuvre régionale et les aires d’entreposage font aussi partie des possibilités de retombées économiques dans la région. Un bureau de chantier sera par ailleurs installé à Saguenay.

Maximiser les retombées

Selon Mme Lachance, Hydro-Québec est sensible à la question des retombées de ses projets. « Nous collaborons toujours avec le milieu. Nous savons qu’il y a une grande attente du milieu pour les retombées économiques régionales et nous essayons de mettre en place des façons de les maximiser », indique-t-elle.

Le coordonnateur du CMAX assure pour sa part qu’il s’assoira prochainement avec la société d’État afin de trouver des façons de maximiser les retombées régionales tout en respectant les règles auxquelles elle est assujettie, comme l’entente Québec-Ontario.

M. Otis évoque également la possibilité d’inclure une clause de sous-traitance régionale. « Une telle clause voudrait dire que, sur un contrat majeur du projet, on va déterminer ce qui pourrait être fait dans la région. L’entrepreneur qui remporte le contrat devrait alors aller chercher de la sous-traitance régionale équivalant au montant qu’on a déterminé », explique-t-il. Le CMAX collaborera avec HQ afin de déterminer quelles sont vraiment les meilleures solutions pour maximiser les retombées régionales.

Mesures concrètes

Outre la création d’un comité d’échange avec les intervenants économiques régionaux, Hydro-Québec prévoit organiser un salon de la sous-traitance vers la fin 2019 ou au début de 2020, afin de permettre le maillage entre les entrepreneurs de ligne et les entreprises régionales. « Ça permet aux entreprises régionales de faire connaître leurs services à tous les entrepreneurs susceptibles d’obtenir des contrats pour la construction de ligne, regroupés à un seul endroit. […] Ça s’est fait pour Chamouchouane–Bout-de-l’Île et les entreprises régionales ont bien répondu à l’appel », note Marie-Claude Lachance.

Des clauses contractuelles seront aussi ajoutées. Elles touchent notamment le camionnage en vrac, l’embauche de nouveaux diplômés et les achats régionaux. Pour le camionnage en vrac, la clause prévoit que l’entrepreneur qui a le contrat doit faire affaire avec les artisans régionaux répertoriés au Registre du camionnage en vrac pour le transport de matériaux en vrac dans une
proportion d’au moins 50 % du nombre de chargements nécessaires.

Du côté des achats régionaux, Hydro-Québec indique que les entrepreneurs retenus pour effectuer un contrat doivent maximiser l’achat de matériel, matériaux et services chez des sous-traitants et fournisseurs régionaux. Il doit aussi s’assurer que ses sous-traitants observent les mêmes conditions. Par ailleurs, Hydro-Québec demande que les entrepreneurs recrutent en priorité la main-d’œuvre provenant de la région où sont effectués les travaux, sous réserve du respect des accords intergouvernementaux et compte tenu des qualifications requises.

La société d’État favorise aussi l’embauche de nouveaux diplômés chez les entrepreneurs qui font affaires avec elle. « Hydro-Québec incite les entreprises ayant obtenu un contrat à favoriser l’embauche de nouveaux diplômés dans l’industrie de la construction en remboursant mensuellement une partie de leur salaire selon certaines modalités », résume Mme Lachance.

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