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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Natif de Saguenay, Jean-Philippe Bradette a fait son chemin dans le monde entrepreneurial. Il est aujourd’hui président d’Apprentx, sa troisième PME. Avec cette firme technologique du secteur de la formation, il fait des affaires avec plusieurs grandes compagnies québécoises. Portrait d’un entrepreneur qui carbure aux solutions.

« Ma force, ce qui me fait le plus tripper, c’est de trouver de nouvelles solutions, d’innover constamment. En ressources humaines, la formation était le domaine dans lequel je pouvais m’éclater, avec la gestion de changement. J’ai toujours eu l’intérêt, avec la psychologie, de comprendre comment le cerveau fonctionne pour en détacher des solutions qui vont aider pour vrai », révèle celui qui a fait son baccalauréat en psychologie à l’Université du Québec à Chicoutimi, avant de poursuivre à la maîtrise en gestion des ressources humaines aux HEC Montréal. Il a également suivi un Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en consultation et management à l’Université du Québec à Montréal.

Pendant ses études dans la métropole, au début des années 2000, M. Bradette a pu développer son savoir-faire en matière de formation à l’aide des technologies en travaillant chez Nordia. « C’est là que j’ai eu la piqûre pour la formation. Je me suis créé une expertise qui n’existait pas beaucoup à l’époque. De fil en aiguille, les gens se sont mis à m’appeler pour avoir mes conseils », raconte-t-il.

Fibre entrepreneuriale

Jean-Philippe Bradette savait depuis longtemps qu’il voulait avoir sa propre entreprise. Il a donc sauté sur l’occasion pour se lancer, très naïvement selon lui, dans le monde des affaires. Sa première firme offrait de la consultation en formation et en formation en ligne.

« Avec le recul, je peux dire que j’ai vraiment pris des risques importants. J’ai lâché un emploi avec un salaire élevé. J’avais un tableau de dettes impressionnant pour mon âge à cette période-là. […] J’ai été chanceux, parce que ça a bien été pour ma première année. J’ai beaucoup de clients qui sont venus me voir en partant. […] Cependant, je me suis vite rendu compte de mes limites, surtout en administration. Toutes mes faiblesses sont ressorties fois 1000 », indique-t-il.

Une école

C’est toutefois Ellicom, firme dans laquelle il s’est associé avec trois personnes rencontrées lors d’un mandat, qui a été la véritable école de M. Bradette en matière d’entrepreneuriat. « Les premières années ont été difficiles. Mes associés venaient dormir chez moi parce qu’on n’avait pas les moyens de se payer des hôtels. On ne s’offrait pas de très gros salaires. Il fallait qu’on y croie, en ce qu’on allait faire ! », lance-t-il.

Avec un siège social à Québec et aucun bureau à Montréal, ils ont réussi à développer la clientèle au fil des années et à faire passer leur équipe de quelques personnes à près de 80 employés. La PME a été rachetée en 2011 par le Collège Lasalle. « Ellicom a été une école géniale. J’ai appris énormément de cette période-là. J’ai vu ce que je ne voulais pas. […] J’ai découvert mes forces et mes faiblesses. Il y a eu de grosses douleurs aussi, parce que ce n’est pas vrai que c’est toujours facile », souligne l’entrepreneur.

À maturité

C’est donc avec toute la maturité acquise lors de ses expériences précédentes que Jean-Philippe Bradette a lancé Apprentx en 2018 avec son frère, Pierre-Alexandre, et Julie Castonguay. « C’est toute ton expérience de vie qui va te permettre d’être très efficace. J’ai cofondé Apprentx dans ma quarantaine. J’avais atteint un certain bagage, j’avais une famille que je devais supporter. Il fallait que ça marche, qu’on génère des utilisateurs et de l’argent. Je pense que si tu n’as pas ce sentiment d’urgence là, dans ce genre d’entreprise, ça ne fonctionnera probablement pas », fait-il valoir.

Cette nouvelle startup a donc été structurée pour refléter les valeurs des trois actionnaires et s’assurer que tout le monde profite de ses retombées. « Je ne voulais pas d’un one man show. Nous avons pris le temps de nous connaître, parce que s’associer, c’est un peu comme un mariage. Je voulais être sûr d’avoir les bons piliers autour de moi. […] Si je n’avais pas Julie et mon frère pour me soutenir, et évidemment tout le reste de l’équipe qui est très importante, nous ne serions pas là où nous sommes. Moi, je leur lance les rondelles, mais au bout de la ligne, ce sont eux qui sont sur la glace », affirme M. Bradette.

Apprentx a connu une progression fulgurante avec son application B12, destinée à augmenter l’impact des formations grâce à la science cognitive et l’intelligence artificielle. La firme a été achetée par le groupe Edgenda en 2020, mais les cofondateurs de la startup ont conservé des actions ainsi que leurs rôles. « Développer un produit, ça nécessite du capital. Edgenda, c’est une grosse boîte. Nous faisons partie du groupe et ça nous a beaucoup aidés. Nous avons notamment tiré profit de leur partenariat avec Microsoft et nous sommes devenus ISO 27001. Nous profitons de la force du gros tout en conservant notre saveur de startup, notre agilité et notre rapidité », explique l’homme d’affaires.

B12 est aujourd’hui utilisée par plusieurs grandes entreprises telles que Desjardins, Air Canada, Beneva ou Industrielle Alliance. « C’est trippant : nous sommes reconnus pour notre expertise. Par exemple, on me demande pour faire des conférences. Il y a cette effervescence-là parce que c’est notre domaine. Nous savons de quoi nous parlons. »

Maintenant qu’Apprentx a atteint ces étapes, est-ce que l’entrepreneur pense à créer un nouveau projet ? « Ne le dites pas à ma femme, mais c’est sûr que j’ai le goût. C’est comme une maladie. Quoi et comment, ça reste un gros point d’interrogation. Avec Apprentx, on est sorti du stade bébé et j’ai un préado qui est prêt à décoller sa vie. Je sais que j’ai encore un gros effort à donner pour que l’application soit utilisée au maximum. J’ai encore tellement de plaisir à développer ça. [...] Pour moi, être entrepreneur, c’est la plus belle job au monde », révèle-t-il en riant.

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