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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – La protection des milieux naturels et des diverses utilisations du territoire sont ressorties des discussions lors de la première phase de consultation de Gazoduq pour la construction de sa conduite de gaz naturel de 750 km entre le nord-est de l’Ontario et l’usine de liquéfaction projetée d’Énergie Saguenay.

Dans le bilan préliminaire dressé par l’entreprise de ces consultations avec des élus et organismes régionaux, elle prend acte des nombreuses voix qui se sont soulevé en faveur de la protection des milieux naturels uniques, comme les eskers et les réserves fauniques, au sein du corridor étudié. Plusieurs représentations ont aussi été faites pour rappeler l’importance de considérer les diverses utilisations du territoire, par exemple les activités récréotouristiques, économiques ou culturelles, pour guider le choix d’un tracé. « Nous venons de terminer la première étape. Nous avons rencontré une quarantaine de groupes et plusieurs personnes par groupe. [...] C'est un processus volontaire de consultation », souligne Julien Neveu-Villeneuve, conseiller aux relations avec les communautés. L’importance de consulter les Premières Nations en amont du projet a également été rappellée. Sur ce point Gazoduq indique qu’elle a déjà entamé ces discussions dans la dernière année et qu’elles se poursuivront dans les prochains mois.

L'entreprise a pu confirmer qu'elle est sur la bonne voie en ce qui à trait aux enjeux qu'elle avait ciblés comme pouvant avoir de l'importance pour les communautés touchées, puisque plusieurs des préoccupations entendues se trouvent aussi dans son avis de projet. « Les milieux naturels étaient déjà l'une de nos préoccupations et on s'est rendu compte que c'est très important pour les groupes que nous avons rencontrés. Ça nous a permis de confirmer et de nous aiguiller aussi en lien avec les particularités régionales », précise M. Neveu-Villeneuve.

Gazoduq considère également que cette première phase de consultations a permis de confirmer qu'elle a choisi « la bonne marche à suivre en établissant un corridor d'étude » plutôt que de proposer immédiatement un tracé. L'entreprise se basera sur les commentaires, préoccupations et suggestions reçus au cours des consultations, qui s'échelonneront jusqu'à la fin du printemps, pour choisir le tracé final. « Ça nous permettra d'établir un tracé qui tient compte des préoccupations régionales et un tracé de moindre impact. C'est seulement à la fin des consultations que nous serons capables d'établir le tracé », affirme le conseiller aux relations avec les communautés, qui rappelle que d'autres consultations seront tenues tout au long de la réalisation du projet.

Préoccupations entendues

Gazoduq affirme avoir entendu les préoccupations et besoins exprimés lors des rencontres. À la suite de recommandations des groupes rencontrés, l’entreprise a d’ailleurs décidé d’élargir la portée des prochaines rondes de consultations pour tenir compte des différentes particularités régionales. Ainsi, quatre municipalités seront ajoutées au Québec, soit Alma, Amos, Senneterre et La Sarre. Une municipalité en Ontario se joindra aussi aux prochaines phases, qui débuteront à la mi-janvier. « Nous voulons que les gens puissent influencer le fonds et la forme des consultations à chaque étape pour améliorer le processus », indique M. Neveu-Villeneuve.

Avis de projet

Gazoduq a déposé son avis de projet à la ministre de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques fin novembre. Cet avis précise le corridor à l’étude et mentionne que plusieurs tracés possibles seront analysés dans le corridor d'étude afin d'identifier le tracé qui sera privilégié d'un point de vue environnemental, social, économique et technique.

Plusieurs préoccupations soulevées lors des consultations publiques sont également présentes dans l’avis de projet. Parmi les enjeux environnementaux mentionnés dans l’avis, on trouve notamment la préservation des habitats et de la faune aquatique, puisque le projet doit franchir plusieurs cours d’eau, de même que des milieux humides. La présence d’esker et de moraines, des formations géologiques pouvant contenir une eau souterraine de grande qualité, particulièrement importante en Abitibi-Témiscamingue, a également été soulignée. Les aires protégées ont également été prises en considération.

Les enjeux en lien avec l’utilisation du territoire dans le corridor visé sont également évoqués dans l’avis, de même que ceux concernant les activités traditionnelles des Premières Nations. Gazoduq affirme qu’elle déploiera des efforts pour réduire les effets négatifs potentiels dans les différents enjeux.

Début de l’évaluation environnementale

Gazoduq publiera, demain [19-12-2018], un avis public annonçant le début de l’évaluation environnementale de son projet. À partir de ce moment et jusqu’au 18 janvier, toute personne, groupe ou municipalité pourra faire part à la ministre, sur le site Internet du MELCC, de ses observations sur les enjeux que l’étude d’impact devrait aborder. Mentionnons que la directive de la ministre relative à la réalisation de l’étude d’impact est aussi disponible sur le site du ministère. La version finale sera remise à l'entreprise après la période de consultation de 30 jours. Les informations en lien avec le processus gouvernemental sont aussi disponibles sur le site Web de Gazoduq.

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