Guy Bouchard
Auteur

Guy Bouchard

MASHTEUIATSH - Le biochar est un charbon naturel de source végétale, produit par un procédé connu sous le nom de pyrolyse ou thermolyse. En résumé, la matière première, à titre d’exemple des copeaux de bois provenant d’une scierie, est chauffée à une température élevée (400°C à 800°C) sous pression contrôlée, dans un cylindre fermé et exempt d’oxygène, durant une période déterminée. Il en résulte trois produits : le biocharbon, sous forme solide (Il présente l’aspect à du charbon de bois en poudre), de l’huile pyrolytique et du syngas (gaz de synthèse).

À LIRE ÉGALEMENT: VITRINE TECHNOLOGIQUE SUR LE BIOCHAR | LE CENTRE DE RECHERCHE EN OPÉRATION

Depuis 2017, les chercheurs d’Agrinova, qui est le Centre collégial de transfert de technologie (CCTT) en agriculture du Cégep d’Alma, ont travaillé en collaboration avec le partenaire et fournisseur de la technologie de pyrolyse français Etia, pour « qualifier » huit essences de matière ligneuse de la forêt boréale et connaître leur potentiel pour la production de biochar. Parallèlement, les spécialiste d’Agrinova ont aussi commencé une période intensive de recherche sur le biocharbon qui, mélangé à des terreaux, offre des caractéristiques exceptionnelles pour la culture. Certaines recettes permettent une économie substantielle des volumes d’eau nécessaires à la production.

Par ailleurs, il faut savoir que la transformation de 30 tonnes de copeaux de bois donne 10 tonnes de biochar, 10 tonnes d’huile et 10 tonnes de syngas. Chaque composante a son utilité. Pour sa part, le biocharbon peut être utilisé à de multiples fins, notamment comme composante d’un amendement du sol en horticulture, production en serre, arboriculture et revégétalisation. Autre application d’intérêt, le biocharbon végétal peut être substitué au charbon fossile utilisé dans la production de divers types de filtres actuellement sur le marché.

Dans le cas de l’huile pyrolytique, qui contient de nombreux composés chimiques, celle-ci peut servir notamment dans la production de vinaigre de bois, de produits antiseptiques, d’antifongique, de pesticides et aussi de « fumées liquides » utilisées pour parfumer les aliments destinés à la consommation humaine. Le syngas possède un certain potentiel de valorisation énergétique, mais le volume généré par les installations de Mashteuiatsh ne seront pas suffisamment constantes pour alimenter un projet de recherche, selon Carl Bouchard.

Potentiel confirmé

Dans le cadre de la préparation de sa thèse de doctorat en micro-biologie agroalimentaire, la chercheure Vicky Lévesque s’est penchée sur le potentiel des biochars sur certaines cultures. Le document, déposé en 2017, s’intitule : Amendement en biochars - Effets sur l’activité et la structure des microorganismes et sur les rendements de la tomate et du poivron de serre.

Voici quelques extraits de la présentation de son mémoire de recherche :

« Le biochar, charbon produit par pyrolyse et utilisé comme amendement, présente plusieurs avantages et s’avère une avenue prometteuse pour une agriculture durable. […] Dans le cadre de ma recherche, cinq biochars ont été produits et évalués: écorces d’érable […] copeaux de pin […] et copeaux de saule. Les résultats obtenus ont permis d’identifier les propriétés physicochimiques du biochar responsables de la réduction des émissions en N2O et des apports d’engrais et celles permettant l’amélioration de l’efficacité d’utilisation de l’eau tout en favorisant la croissance de la plante […] Ces travaux […] pourront mieux guider le producteur agricole et les industries fabriquant des substrats à base de tourbe dans le choix d’un biochar favorable à la croissance de la tomate et du poivron et à une agriculture plus durable. »

Commentaires