Dominique Savard
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Dominique Savard

SAGUENAY – STC Manufacturier, située depuis 26 ans sur la rue Dubose à Jonquière, est le seul joueur dans la région et l’un des rares au Québec qui se spécialisent dans la fabrication de portes et de cadres d’acier sur mesure pour les clientèles institutionnelles, commerciales et industrielles du Québec et de l’Ontario. L’entreprise équipe sécuritairement les hôpitaux, écoles, universités, mais également les institutions carcérales et palais de justice.

« Il y a plein de raisons pour expliquer pourquoi nous sommes si peu dans ce domaine. Fabriquer des portes et des cadres coupe-feu pour les édifices publics, commerciaux et institutionnels nécessitent des accréditations. L’Agence internationale de certification Intertek effectue des tests quatre fois par année, tant dans notre entreprise que sur les chantiers de construction. Chaque porte est numérotée avec une traçabilité. S’il y a un incendie et que les portes coupe-feu n’ont pas fait le travail, on sait d’où elle vient et son historique. Cette étiquette est difficile à obtenir », raconte Martin Ouellet, qui a acquis l’entreprise avec un groupe en avril 2018.

Parmi les projets en cours ou les réalisations auxquels STC Manufacturier a participé, notons celui de l’agrandissement de l’Hôpital Sacré-Cœur, à Montréal, avec une centaine de portes coupe-feu à chaque extrémité des corridors, les 120 portes pour la nouvelle Maison de la Francophonie à Ottawa, la fenêtre de 500 pouces de large sur deux étages au CEPSUM à l’Université de Montréal, le Palais de justice de Valleyfield, le Collège Champlain et la prison de Roberval.

Plusieurs projets

« Le prix que nous avons fait pour le CEPSUM était presque en fonction de ne pas l’avoir, car c’était dans notre gros « rush » de l’été. Ils nous ont donné le travail quand même, ce qui me fait croire que les autres producteurs ne voulaient ou ne pouvaient pas le faire. On vient de signer un contrat pour 2020 à l’Hôtel Grand Times à Laval. On doit aussi faire une livraison d’ici la fin de l’été pour une résidence de 350 appartements à Montréal. J’ai soumissionné la semaine dernière pour la fabrication de 1 000 cadres pour un client à Montréal. Ajoutons aussi le centre de données 4Degrés à Québec, un hôtel à Mont-Joli, les bases à Bagotville et à Valcartier. On a tendance à prendre cela pour acquis, une porte, mais c’est tout un marché ! Le gouvernement du Québec vient d’annoncer 1,7 G$ pour les écoles. Il faudra beaucoup de portes coupe-feu », précise M. Ouellet.

L’entreprise jonquiéroise fabrique ses propres produits. Le client commande selon son catalogue et souvent, sans soumissions. « Les clients savent ce que ça vaut. Nous sommes spécialisés. Ça a l’air simple, mais ce ne l’est pas. On empêche le feu de se propager entre 20 minutes et trois heures, selon ce que le client demande et selon le code du bâtiment. On fournit les produits et nous n’avons pas à nous occuper de l’installation. Tous les jours, il rentre des commandes en provenance de partout au Québec et il part, d’ici, au moins une vanne de portes ou cadres de portes en direction de Montréal », avoue l’homme d’affaires.

Accréditée pour les prisons et palais de justice

Ne travaille pas qui veut dans la construction ou la rénovation dans le milieu carcéral. En effet, selon Martin Ouellet de STC Manufacturier, il faut montrer patte blanche, surtout quand il s’agit de la sécurité.

« C’est un peu plus compliqué dans ce milieu, comme dans celui des palais de justice. En plus, ça prend une expertise et très peu de manufacturiers peuvent ou veulent le faire. Dans ce domaine, c’est très très pointu. Les portes sont dessinées par l’architecte selon la quincaillerie achetée. Il y a aussi un aspect de confidentialité pour les projets que l’on effectue. On ne peut pas parler de ce que l’on fait pour une question de sécurité et c’est bien normal. Pour obtenir le contrat, on doit fournir notre permis de conduire, s’identifier et montrer patte blanche », explique l’homme d’affaires.

Diversification dans l’aéronautique

Par ailleurs, même si son entreprise est spécialisée dans les cadres, portes et fenêtres d’acier, Martin Ouellet avoue qu’en plus de viser une croissance dans le marché ontarien, il se tourne vers la diversification de ses opérations. « Avec l’un de nos partenaires, on fait maintenant des produits dans le domaine aéronautique. Ça nous permet de diversifier notre clientèle. Non, je ne peux pas nommer le client ni le produit fabriqué. Nous avons commencé la production à raison de deux produits par semaine. Le client a signé un contrat de deux ans pour cette production-là. Il s’agit d’une nouvelle orientation que de diversifier nos produits. Ça ne veut pas dire qu’on va faire moins de portes et de cadres parce que je me diversifie. On a de l’espace, une expertise et une équipe extraordinaire pour le faire. »

Colombie-Britannique dans la mire

Reconnue pour son agilité devant les projets complexes et hors normes, STC Manufacturier répond aux besoins de sa clientèle dans les délais les plus courts de l’industrie et livre des produits avec des spécifications de fabrication très précises, selon les normes les plus élevées. Les produits fabriqués par l’entreprise sont homologués pour résister à de fortes pressions et à des conditions extrêmes, comme la chaleur du feu.

« Avec nos produits de qualité, je vise de nouveaux marchés en développant des ventes au niveau de l’Est et du Sud de l’Ontario. On pourrait même fabriquer aux États-Unis. Nous voulons augmenter notre marché dans les portes et cadres, tout en diversifiant nos opérations. Un de nos distributeurs couvre l’Ontario jusqu’en Colombie-Britannique. Il nous attend pour une percée. Il ne faut pas aller trop vite, toutefois. On serait prêt à vendre, mais il faut être aussi en mesure de livrer dans les temps. Ça va venir.

« Présentement, nous n’avons aucun vendeur sur la route et notre carnet de commande est rempli à pleine capacité. Nous répondons juste aux demandes. Le secret d’expansion est dans la productivité. Depuis mon arrivée, l’an dernier, nous avons fait beaucoup de formation à l’interne et à l’externe. Nos équipements sont de qualité, mais ils n’étaient pas fonctionnels à leur pleine capacité. Il manquait les programmes et les opérateurs pour les faire virer. Le tir est maintenant corrigé », explique Martin Ouellet.

Demeurer en région

L’avenir s’annonce prometteur pour STC manufacturier, toujours selon le propriétaire, qui ne se gêne pas pour dire qu’il dirige l’une des plus belles entreprises de la région, et probablement la plus méconnue.

« Et notre avenir s’annonce très positif. Il y a beaucoup d’investissements annoncés dans le domaine public pour les infrastructures. On veut être un leader nord-américain dans les cadres et les portes d’acier et rien d’autre. Tout cela en étant diversifié dans nos produits. Et n’ayez crainte, même si la très grande majorité de nos produits sont acheminés à l’extérieur de la région, il est certain que l’on va rester ici. Je ne voudrais pas être à la place de mes compétiteurs à Québec ou Sherbrooke avec la situation difficile de la main-d’œuvre. »

Équipe expérimentée

Pour accomplir toutes ces réalisation, M. Ouellet affirme que cela ne serait pas possible sans son équipe regroupant une quarantaine d’employés, dont plusieurs ont beaucoup
d’expérience.

« Dans une période où la main-d’œuvre est rare, je suis content de conserver nos employés. C’est une priorité. On s’assure qu’ils soient heureux avec nous. Les conditions sont bonnes, nous avons renouvelé notre manuel d’employés de 2003 au goût du jour de 2019 avec des augmentations de salaires, des conditions très intéressantes et une belle ambiance au travail. »

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