Auteur

Karine Boivin Forcier

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Vitrine industrielle Saguenay : maillages et croissance » publié dans notre édition du mois de septembre.

SAGUENAY – Les zones d’activités économiques, telles que les parcs industriels, qui se préoccupent de développement durable se démarquent et attirent les investisseurs, selon Réal Patry, directeur général de l’association PALME Québec, spécialisée dans ces enjeux.

L’organisme, dont Promotion Saguenay est membre, accompagne et conseille depuis plusieurs années les organisations de la province qui souhaitent assurer un développement durable de leurs territoires d’activités économiques. Il bénéficie pour ce faire d’un réseau d’expertise s’étendant dans six pays, dont la France.

Ce réseautage international a permis à M. Patry de constater que les avantages de mettre en œuvre une gestion durable des parcs industriels dépassent la seule protection de l’environnement. « Actuellement, on constate que les zones certifiées ISO14001 en France attirent les investisseurs, parce qu’elles sont garantes d’une certaine gestion et animation. Par ailleurs, s’ils veulent revendre leur bâtiment, la valeur est supérieure à une zone qui n’est pas certifiée », indique-t-il.

Signature distinctive

Cet état de fait s’expliquerait entre autres par la création, en quelque sorte, d’une signature distinctive pour le milieu qui se certifie ou qui implante un système de management environnemental. Le processus permet d’assurer que certaines activités industrielles soient mises en valeur par rapport à d’autres, protégeant ainsi les investisseurs de l’arrivée de voisins ayant des activités incompatibles avec les leurs.

« Ce qu’on dit, c’est qu’il faut développer une zone industrielle signature. Il faut que les gens disent wow ! Ça doit encourager les gens à venir parce qu’il s’y passe telle ou telle chose », précise le directeur exécutif de PALME Québec.

Les membres de PALME, tous des municipalités, des MRC, des territoires, ont donc un souci d’assurer non seulement un développement durable, mais harmonieux de leurs zones d’activités économiques. Leur réflexion touche aussi la gestion, l’aménagement, l’architecture extérieure, la mobilité et la création de milieux de vie.

« Ça favorise les investissements. Ça amène de nouvelles possibilités de développement, de la création d’emploi avec des salaires intéressants », souligne Réal Patry.

Milieux de vie

Si M. Patry utilise le terme zone d’activité plutôt que parc industriel, c’est que PALME conçoit ces secteurs comme des milieux de vie. « Par exemple, s’il y a une garderie, ce n’est pas une activité industrielle, mais c’en est une qui va aider les travailleurs de l’endroit à avoir une meilleure qualité familiale. C’est quelque chose qu’on doit favoriser. Il pourrait aussi y avoir un centre de formation professionnelle, ce qui permettrait aux jeunes de se former et d’avoir accès à des stages à proximité. Il pourrait même y avoir des sièges sociaux, avec des bureaux 100 % administratifs. Ça devient distinctif », explique-t-il.

Le directeur général illustre son propos en évoquant des zones, en France, qui ont créé une cafétéria commune pour les travailleurs de toutes les entreprises, avec un espace de restauration. « Dans beaucoup de ces parcs d’activités économiques en France, si ce type de projet a été permis, on encourage la mise en place de ruches, d’un poulailler, de jardins communautaires. Donc il y a tout un circuit de développement durable qui est à réfléchir. »

S’adapter aux réalités

Il importe toutefois d’arrimer la réflexion aux besoins et aux réalités du milieu, un aspect auquel PALME Québec porte une attention particulière. L’organisme compile ainsi de nombreux exemples dans différents endroits, mais s’assurera de proposer une vision respectant les particularités des territoires qu’il conseille.

« Nous allons partager les tendances, les bons coups qui se passent ailleurs. […] Mais, par exemple, le parc industriel de Jonquière, pour lequel j’accompagne Promotion Saguenay, est très différent de celui de Saint-Eustache ou de Trois-Rivières. Il faut s’adapter. Moi, je vais toujours marcher le terrain en personne pour me faire une idée du potentiel de la zone », mentionne Réal Patry.

Par ailleurs, l’association a aussi la possibilité de créer des liens entre des villes ou des territoires de différents pays qui partagent des défis et des réalités communs. Des ententes de coopération peuvent ainsi être signées. « Le réseautage est une partie importante de notre travail », conclut M. Patry.

L’Association PALME

PALME signifie Parcs d’activités labellisés Maîtrise en environnement. L’association a d’abord vu le jour en France. Celle du Québec est née fin 2013 et est indépendante, mais PALME France en est membre de droit. Les deux associations développent une logique de réseau entre l’Europe et l’Amérique du Nord sur le champ des écoparcs.

PALME a pour but le développement durable (environnemental, économique et social) et la promotion des territoires d’activités engagés sur la voie de l’écologie industrielle, de l’économie verte et du développement socio-économique. L’association œuvre sur les champs de l’aménagement, de la gestion, de l’animation des territoires économiques et dispose d’une base de données de 450 expériences. Elle propose notamment une démarche qualité pour les villes et organismes désireux de créer, agrandir ou réhabiliter des zones industrielles sur leur territoire.

« Il y a plusieurs étapes possibles. La première, c’est l’accompagnement. Ensuite, il y a la mise en place dans beaucoup de territoire d’un système de management environnemental. Pour la gestion, c’est plus facile quand c’est intégré que quand il y a plusieurs règlements d’urbanismes, les lois, etc. à vérifier séparément. Finalement, il peut y avoir la mise en place d’une certification ISO 14001 Territoire », explique Réal Patry.

Celui-ci précise que la certification ISO 14 001 Territoire est faite par un organisme reconnu externe à PALME. Actuellement, aucun territoire n’est certifié dans la province. Le Technoparc de Montréal, engagé dans la démarche, serait le premier au Canada à l’obtenir.

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