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Karine Boivin Forcier

ALMA – Si l’on ne fait rien, il n’y aura pas assez de monde pour combler les emplois disponibles, a soutenu Marc Tremblay, économiste à Services Québec, dans les premiers instants du Colloque ACTION ÉCONOMIQUE sur le thème des enjeux de la démographie et de la main-d’oeuvre, qui se déroule toute la journée [22-03-2018 NDLR] à l’hôtel Universel d’Alma.

« On a une baisse démographique […] et une inadéquation entre les compétences des chercheurs d’emploi et les besoins de main-d’œuvre », a indiqué M. Tremblay devant plus de 300 intervenants régionaux présents pour l’évènement. C’est que les compétences professionnelles et techniques sont de plus en plus en demande sur le marché, mais les travailleurs possédant cette formation ne suffisent pas pour tous les postes disponibles.

Si les indicateurs du marché de l’emploi (taux de chômage et taux d’activité) se sont améliorés, c’est en raison du vieillissement de la population et de l’exode massif des jeunes dans les années 90 et 2000. « Le taux de remplacement de main-d’œuvre a diminué de moitié de 1996 à aujourd’hui. […] On est passé d’une situation de rareté d’emploi à une situation de rareté de main-d’oeuvre », a souligné l’économiste à Services Québec.

Marc Tremblay a toutefois proposé quelques pistes de solutions à envisager pour répondre aux enjeux qui se présentent. Il faut d’abord accroître le bassin de main-d’œuvre, ce qui peut passer par l’immigration, l’amélioration du bilan migratoire, le recrutement de bassins de main-d’œuvre sous-représentés, dont les jeunes, les femmes, les autochtones, les 55 à 64 ans, les personnes handicapées et les personnes judiciarisées. Il faut également favoriser une meilleure adéquation entre la formation et les besoins du marché du travail. Finalement, les entreprises doivent s’ajuster aux nouvelles réalités et ajuster par exemple leur manière de recruter, intégrer, et gérer les ressources humaines.

Discussion et mobilisation

Organisé par la Corporation d’innovation et de développement Alma–Lac-Saint-Jean-Est (CIDAL) et ses partenaires, le colloque vise à favoriser la discussion, la participation, la concertation et la mobilisation des acteurs régionaux autour des enjeux de la main-d’œuvre et, ainsi, trouver des pistes de solution. « Le dossier que nous allons travailler aujourd’hui interpelle beaucoup de monde. […] On a l’habitude au Saguenay–Lac-Saint-Jean de trouver des solutions originales », a lancé, d’entrée de jeu, le maire d’Alma et président de la CIDAL, Marc Asselin.

La journée a débuté par un retour sur le Sommet économique régional de 2015 et certains constats qui ont émergé des discussions préalables ainsi que des groupes de travail qui ont suivi l’évènement. « La main-d’œuvre n’était pas l’élément central du Sommet, mais elle s’est imposée comme étant transversale à l’ensemble des filières économiques de la région », a affirmé le directeur régional du ministère des Affaires municipales et de l’Occupation du territoire (MAMOT), Daniel Tremblay. Son collègue David Jean a quant à lui fait ressortir les principaux constats et suggestions qui ont émergé des groupes de travail sur l’agriculture, le tourisme et le numérique. La connexion des ressources, le besoin d’améliorer les compétences de la main-d’œuvre par rapport au numérique, l’ajustement de la formation aux réalités d’aujourd’hui et la création de groupes d’innovation sont notamment ressortis.

Sur l'heure du dîner, le député de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier, qui avait initié l'idée de ce colloque, en a profité pour partager ses propositions pour solutionner certains problèmes démographiques de la région. Favoriser les immigrants qui choisissent les régions avant même leur arrivée au Québec, rembourser les frais de scolarité des étudiants internationaux qui choisissent de s'installer ici après leurs études, améliorer la mobilité étudiante et instaurer la gratuité dans les universités en région. Il a également suggéré que le budget dédié à l'éducation soit protégé pour favoriser l'investissement dans ce domaine et la diplomation postsecondaire. Il a rappelé que « le monde se rapetisse » et que les jeunes québécois se retrouveront bientôt en compétition avec ceux d'autres pays.

La vice-première ministre du Québec, ministre de l’Économie, de la Science et de l’Innovation et ministre responsable de la Stratégie numérique, Dominique Anglade, qui a pris la parole par la suite, s'est dite intéressée par les suggestions de son collègue péquiste. « Je suis d’accord avec toi. Ça ne veut pas dire que demain matin, c’est ce que le gouvernement va faire. Mais moi, je suis sensibilisée. [...] C'est vrai que ça n'a pas de bon sang quand on regarde le poids démographique de la région et le nombre d'arrivants », a-t-elle mentionné.

La vice-première ministre a rappelé que son gouvernement travaille à la mise en place de mesures pour améliorer la situation. Un jumelage entre les futurs arrivants et les entreprises en amont de leur installation au Québec, lors des démarches d'immigration, devrait notamment débuter dans les prochaines semaines. Des appels à projets ont aussi été lancés dans le domaine de l'immigration et le ministère de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion augmentera ses ressources dans les régions. Le gouvernement annonçait aussi aujourd'hui un investissement de 1,8 M$ supplémentaires auprès de 34 partenaires régionaux afin de mieux identifier les besoins du milieu et les actions à entreprendre pour favoriser l'établissement durable des personnes immigrantes en région.

Des panels de discussions ont eu lieu tout au long de la journée, notamment sur les enjeux de la rétention et de l’attraction, de la formation et de l’innovation, de la diversification et des nouvelles tendances. Carol Allain a quant à lui conclu la journée avec une conférence sur les générations Y et Z. Mentionnons que les discussions du colloque ACTION ÉCONOMIQUE ont été retransmises en direct sur la page Facebook du député de Lac-Saint-Jean, Alexandre Cloutier.

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