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Karine Boivin Forcier

Saguenay – Les problèmes de santé mentale coûtent environ 16 milliards de dollars par année aux entreprises canadiennes, soit près de 14 % de leurs profits annuels nets, selon les informations divulguées par l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal. La bonne nouvelle, c’est que les entreprises peuvent agir en amont pour prévenir les problèmes et diminuer ces coûts.

Selon les recherches de Chrysalis Per - formance Inc., le stress en entreprise re - présente 19 % des coûts d’absentéisme, 40 % des coûts de roulement du personnel, 55 % des coûts de programme d’aide aux employés (PAE), 60 % des accidents de travail et 10 % des coûts de régimes d’assurance-médicaments. Or, des principes relativement simples peuvent contribuer à réduire ce stress, affirme Bruno Girard, propriétaire de GRAP Psychologie et Management, qui se spécialise dans les PAE et la résolution de conflits en milieu de travail.

Dans une entrevue accordée à Informe Affaires, l’entrepreneur explique que « des milieux de travail où il y a une bonne communication, un esprit d’équipe, une collaboration entre les individus » favorisent une saine santé mentale des employés. « À la base, une personne doit savoir ce qu’elle a à faire. Un bon guide de gestion des ressources humaine contient des documents et des règlements clairs. Il faut que les attentes soient claires », indique M. Girard.

Selon le propriétaire de GRAP Psychologie et Management, le guide des ressources humaines devrait contenir une description des tâches liées au poste, les responsabilités et obligations de l’employé, une politique claire sur la civilité et le harcèlement psychologique et une politique sur la communication (incluant la gestion des médias sociaux, des téléphones cellulaires, etc.).

Programme d’aide aux employés

Les employeurs peuvent aussi mettre en place un programme d’aide aux employés. Ce programme, géré par une firme externe, permet aux employés de recevoir, sur une base volontaire et confidentielle, du soutien d’un professionnel dans différentes spécialités. Le PAE couvre les problèmes de nature personnelle aussi bien que professionnelle et peut par exemple permettre de recevoir des conseils pour des problèmes familiaux, financiers ou juridiques.

Bruno Girard explique qu’aujourd’hui, les sphères personnelles et professionnelles ne sont plus aussi hermétiques qu’autrefois, notamment en raison de l’accessibilité des nouvelles technologies. Les problèmes personnels restent donc dans la tête de l’employé au travail et vice-versa. « Le PAE est un des facteurs qui contribuent à retenir les employés. Être supporté ou pris en charge, avoir une personne qui est là pour aider à gérer la situation, ça permet de se concentrer plus facilement sur son travail », précise l’entrepreneur.

Rentable

Le propriétaire de GRAP Psychologie et Management souligne que le PAE est « un des programmes de prévention les plus rentables à mettre en place en entreprise ». Il cite notamment des études, réalisées par l’Université de Sherbrooke il y a une dizaine d’années, qui constatent un retour sur investissement de 800 %.

C’est donc dire que pour un dollar investi dans ce programme, on récupère huit dollars. « Ça a un impact sur le taux d’absentéisme, de présentéisme, les remplacements évités, etc. », insiste Bruno Girard, qui rappelle qu’entre 40 à 50 % (les dernières études suggèreraient plutôt 70 %) du taux direct d’absentéisme est dû à la santé mentale. Et lorsque le congé de maladie est nécessaire, il est souvent écourté grâce au soutien reçu dès le départ.

Si le PAE est définitivement un plus pour une entreprise, il n’est toutefois pas obligatoire d’y adhérer pour prendre soin de la santé mentale de ses employés. M. Girard croit par contre que l’employeur a le devoir de « garder les yeux ouverts sur le côté humain de ceux [qu’il] engage ». « Quand tu as un minimum de compréhension et d’empathie pour ton équipe, quand il arrive quelque chose, tu es capable de t’organiser », estime-t-il. Inf : www.grap.ca

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