Auteur

Jonathan Thibeault

ERRATUM : Cet article a été légèrement modifié pour rectifier certains propos. Dans l’édition imprimée, il est mentionné que les bains nordiques seront ouverts à toute la clientèle après des rénovations, alors qu’il n’y aura plus de sources thermales dans l’établissement. Celles-ci seront remplacées par un jardin intérieur écoconçu. Nos sincères excuses.

SAGUENAY — L’Auberge des 21 située dans l’arrondissement La Baie figure parmi les 5 premiers établissements hôteliers de la province à emprunter la voie de l’économie circulaire à partir d’un programme mis sur pied par le ministère du Tourisme et RECYC-QUÉBEC. En optimisant ses installations et le service alimentaire, l’auberge située aux abords de la Baie des Ha ! Ha ! compte faire une différence notable dans son empreinte écologique.

Quelques semaines avant l’acquisition officielle de l’entreprise, Valeria Landivar et son mari ont soumis la candidature de leur future acquisition puisque l’économie circulaire figure parmi l’une des priorités du couple d’entrepreneurs. L’aubergiste raconte que lorsqu'ils ont été appelés pour confirmer que l’endroit était sélectionné par le programme, la personne responsable du dossier était surprise de découvrir que les nouveaux propriétaires avaient déposé les documents aussi rapidement alors qu’ils venaient tout juste de prendre la relève.

L’économie circulaire comme valeur

Concrètement, ce levier gouvernemental incite les entreprises participantes à implanter des stratégies visant à réduire les matières résiduelles à la source et à s’approvisionner de manière responsable, autant du côté du service alimentaire que du côté des produits offerts à la clientèle, mais aussi en matière de revalorisation de biens ou de meubles. Pour Valeria Landivar et son équipe, l’instauration de cette nouvelle vision s’est faite naturellement. « Pour que ce soit un succès, il faut que toute l’équipe soit consciente des efforts qu’il faut déployer. Pour nous, il était important de réduire à la source […] Ça part d’un intérêt personnel, pour ensuite devenir une préoccupation d’équipe », témoigne Sylvain Perreault, le nouveau directeur de la restauration, également présent lors de l’entrevue.

La chapelle qui occupait un espace à la mezzanine de la salle à manger a subi une cure de jeunesse alors que le local est devenu une salle multifonctions et une galerie d’art. L’énorme voile qui ornait la fenêtre donnant une vue imprenable sur le paysage et le plan d’eau baieriverain a été réutilisé en rideaux pour des chambres alors que les bancs d’église ont été repeints pour faire un rappel à la vocation originale des lieux. « Nous sommes conscients que certains changements pourraient heurter une portion de notre clientèle, mais en prenant le temps d’expliquer les objectifs derrière tel ou tel changement, nous croyons qu’ils comprendront », affirme l’aubergiste qui porte même l’économie circulaire au cœur des opérations numériques de son organisation, utilisant un hébergeur Web certifié zéro émission.

Déjeuners locaux à l’honneur

Nouvellement accrédités Aliments du Québec, l’auberge baieriveraine a troqué les déjeuners servis en formule boîte à lunch pour un petit déjeuner continental mettant en vedette des aliments locaux ou québécois. L’ancienne façon de faire impliquait systématiquement du gaspillage alimentaire puisque le menu était imposé aux clients, indique l’entreprise. « Notre clientèle prenait leur déjeuner dans leur chambre, ce qui impliquait des ustensiles en plastique. En implantant le petit déjeuner continental, nous sommes venus proposer de la nourriture de saison, des produits de boulangerie préparés ici même ainsi que des confitures concoctées à partir de fruits de saison. […] Lorsque c’est la saison de la camerise, c’est évident que certains clients se posent des questions, au même type que l’argousier. Ça amène de belles discussions et une opportunité de faire découvrir nos producteurs locaux », croit-elle.

Un jardin écoconçu

Au cours des mois à venir, des travaux auront lieu dans la cour intérieure afin de remplacer les bains nordiques qui étaient auparavant offerts uniquement aux détenteurs d’un forfait dédié à cette expérience thermale. Les nouveaux propriétaires, par leur volonté de rentabiliser l’espace et d’offrir un milieu accessible, viendront créer un jardin intérieur écoconçu qui sera également utile dans leur approvisionnement en matières premières pour les repas.

Dans un document qui a été remis à Informe Affaires, l’entreprise indique que la conversion de l’espace permettra de réduire son empreinte écologique. « Notre cour intérieure sera désormais ouverte gratuitement à tous nos clients, favorisant ainsi une utilisation fréquente et un véritable partage de cet espace. Notre objectif est de créer un lieu apprécié de tous dans un environnement respectueux et inclusif. [...] En éliminant l'utilisation de produits chimiques, en réduisant notre empreinte énergétique, en favorisant la réutilisation de matériaux, et en offrant un accès libre à notre espace, nous visons à créer un modèle novateur, mettant en lumière des pratiques exemplaires d'économie circulaire », est-il expliqué dans le document.

S’ouvrir à la communauté

De son côté, Sylvain Perreault, acquiesce lorsqu’on lui demande si les gestes en valent la peine. « Nous voulons devenir un vecteur positif autour de nous. Et je dois dire que tous ces gestes sont maintenant bien en place et que c’est désormais dans l’esprit de la maison », image-t-il, en rappelant les initiatives des nouveaux propriétaires d’ouvrir davantage les lieux à la communauté avoisinante.

« Nous avons organisé plusieurs activités gratuites, dont des cours de salsa et des cours d’espagnol. Nous faisons aussi des chroniques Quoi faire à La Baie pour inciter nos résidents à visiter les commerces et activités du coin. [...] Au début, certains commerçants nous disaient être surpris, mais pour nous, c’est naturel qu’une saine cohabitation permet de tirer collectivement des retombées de nos visiteurs. Nous savons que nos clients n’iront pas souper à notre restaurant tous les soirs s’ils sont ici pour quelques jours. Nous offrons nos suggestions des meilleures adresses en fonction de ce que nos client cherchent et nous avons que de bons commentaires », de conclure Valeria Landivar, qui est aussi stratège marketing de carrière.

Commentaires