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Karine Boivin Forcier

SAGUENAY – Le projet Accès Libre que la Société de transport du Saguenay (STS) implantera au coût de sept millions (M) de dollars aura des retombées économiques positives, si l’on en croit les différents intervenants concernés.

En plus d’être une nouvelle façon d’envisager le transport collectif à Saguenay, Accès Libre inclut notamment une nouvelle ligne de transport directe sur l’axe centre-ville, CIUSSS, Cégep, UQAC et Zone Talbot à toutes les 10-15 minutes aux heures de pointe. De plus, des stationnements incitatifs gratuits complèteront cette stratégie, qui aura des impacts économiques positifs dans la ville, estiment les commerçants de la Zone Talbot.

« L’université, Place du Royaume, l’hôpital de Chicoutimi, c’est 12 000 personnes qui travaillent là, sans compter les employés des commerces autour », souligne le vice-président de la Zone Talbot et propriétaire de Potvin Tremblay Meubles, Rémi Simard. L’homme d’affaires pense que la fréquence et la régularité de passage faciliteront les déplacements de ces travailleurs aux moments stratégiques.

L’horaire plus fréquent serait aussi bénéfique pour ceux qui n’ont pas de voiture, mais aimeraient se déplacer sur ce territoire pour travailler, comme les étudiants étrangers, par exemple. « Ils n’ont pas de voiture. Ils veulent peut-être travailler, mais c’est trop loin. Le système d’autobus peut offrir les conditions pour les aider », estime M. Simard.

Le vice-président de la Zone Talbot croit que la nouvelle ligne de transport rendra aussi service aux consommateurs qui n’ont pas de voiture ou qui voudraient stationner leurs véhicules à un seul endroit pour faire leurs emplettes. « Avec les trottoirs [installés l’été dernier dans la réfection du boulevard Talbot, NDLR] on voit de plus en plus de gens passer à pied à tous les jours. Je n’avais jamais vu de gens qui venaient magasiner à pied avant. Est-ce que le même phénomène pourrait se produire avec les autobus? », questionne-t-il.

Réduire le volume de voitures

Quelque 60 000 voitures circulent chaque jour sur le boulevard Talbot. Rémi Simard croit que si l’on peut réduire ce nombre, grâce au circuit et aux stationnements incitatifs prévus, cela aurait un effet bénéfique pour les commerçants. Il explique que les entreprises de la Zone Talbot sont soumises à une réglementation municipale les obligeant à fournir des stationnements en nombre suffisant pour recevoir leurs clients. Le nombre est établi pour chaque commerce selon un calcul de la Ville.

Or, les coûts de construction d’un stationnement augmentent. « C’est environ 3 500 $ pour chaque case de stationnement. […] Ça prend 180 espaces pour une bâtisse comme la mienne. Tous les bâtiments ont leur norme. Imaginez les coûts », illustre-t-il.

Le vice-président de la Zone Talbot croit que si l’expérience est bonne et que la population utilise le service, cela pourrait peut-être permettre ultimement de diminuer le nombre de stationnements nécessaires pour chaque commerce. « On pense que c’est bon pour nous. C’est dans ce sens qu’on doit aller », affirme-t-il.

Une plaque tournante

Du côté de l’UQAC, on croit aussi que le projet aura un impact positif, puisqu’une nouvelle station intermodale sera construite sur les terrains de l’université. « Ça améliore l’accessibilité physique de notre campus. […] C’est tout le développement de notre campus et de notre ville qui passe par là », indique Marie-Karlynn Laflamme, directrice du service des communications et des relations publiques de l’UQAC.

L’université pense qu’Accès Libre amènera une nouvelle clientèle à utiliser ses installations, comme le pavillon sportif, ou à prendre part à ses activités grand public. « Ça peut amener plus de gens à s’y intéresser. […] C’est super intéressant. On devient une plaque tournante et ça permet d’ouvrir le campus à la communauté », affirme Mme Laflamme.

Étudiants gagnants

Le MAGE-UQAC, association étudiante de l’université impliquée dans le projet depuis le départ, considère que les étudiants et l’établissement d’enseignement seront gagnants avec Accès Libre, qui prévoit aussi des navettes gratuites vers divers points stratégiques lors de partys universitaires et un accès libre et illimité aux services de la STS pour les étudiants de l’UQAC grâce à une cotisation prélevée sur les frais d’inscription. Celle-ci totaliserait 40 $ par session. Les étudiants ont voté en faveur de l'adhésion à cette cotisation lors d'un référendum tenu les 14 et 15 février. Celui-ci a connu un taux de participation rarement vu dans l'histoire de l'UQAC, avec 31,56 %, soit 1 596 étudiants qui se sont prévalus de leur droit de vote.

Le président du MAGE-UQAC, Matthieu Cox, croit que les frais seraient très rapidement rentabilisés dès lors qu’un étudiant utilise le transport en commun. Les modifications apportées au réseau de transport, de même que l’implantation d’un système d’auto-partage de vélos et d’autos électriques, également prévue, pourraient inciter plusieurs étudiants à opter plus souvent pour ces options.

« Une vignette de stationnement actuellement coûte 212 $ pour l’année au complet à l’UQAC. La cotisation représente 10 $ par mois », souligne-t-il, rappelant que les étudiants qui ont une voiture pourront profiter gratuitement de stationnements incitatifs dans tous les arrondissements.

Il y a également un avantage pour ceux qui n’ont pas de voiture. « Ça permet aux étudiants des résidences d’aller plus loin sans avoir besoin de véhicule. Ça permet aussi à d’autres de trouver des emplacements abordables plus éloignés du campus pour se loger. Pour les étudiants internationaux qui n’ont pas de véhicule, c’est plus facile », estime M. Cox.

Par ailleurs, le président du MAGE-UQAC affirme qu’Accès Libre permettra, avec la nouvelle station intermodale, de transformer le campus en hub de transport actif. « Économiquement, c’est très gagnant. La station sera construite à même l’université et tranquillement, ça va être un endroit où vont venir les autobus. Il va y avoir un café étudiant. Ça va être un nouveau hub pour les étudiants et la communauté. Ça amène un nouveau trafic, du business », conclut-il.

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