Dominique Savard
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Dominique Savard

SAGUENAY – Avec les grands projets tels que GNL Québec, Arianne Phosphate et Métaux BlackRock, les prochaines années s’annoncent prometteuses pour les 330 membres de la Corporation des camionneurs en vrac de la région 02 Inc. À cette manne, il faut ajouter la construction de routes, comme le prolongement de l’autoroute de l’Aluminium, ainsi que l’entretien du réseau routier par le ministère des Transports du Québec.

« L’avenir s’annonce très bien. Nous ne manquons pas d’ouvrage depuis quelques années. C’était beaucoup plus difficile au début des années 2000. Par exemple, il faudra creuser 18 kilomètres de tuyau pour amener l’eau à l’usine BlackRock et il y aura la décontamination sur l’ancien terrain de Résolu à sortir. Toutes les entreprises de la région sont membres chez nous et ont inscrit des camions. Nos membres font du transport de gravier, d’asphalte, de sable, de roc, ainsi que de neige et de produits antidérapants », souligne Daniel Tremblay, le directeur général de la Corporation régionale depuis maintenant 20 ans.

Cinq postes régionaux

La Corporation régionale est affiliée à l’Association nationale des camionneurs artisans (ANCAI) qui regroupe plus de 5 000 camionneurs artisans et petites entreprises de camionnage abonnés à l’un des 73 postes locaux de courtage à but non lucratif dans les 10 régions du Québec. Les cinq postes au Saguenay-Lac-Saint-Jean sont situés à Chicoutimi et Roberval avec 80 membres chacun, Alma, 70 membres, Jonquière et La Baie avec respectivement 50 et 40 membres. Le nombre maximum de membres dans la région est de 330 et les propriétaires de camions benne peuvent en inscrire plusieurs.

« Mon travail consiste, notamment, à rencontrer les élus, les donneurs d’ouvrage comme le MTQ, les municipalités, les grands projets, Hydro-Québec, etc. avec l’objectif de signer des ententes dans le but de faire travailler nos 330 membres. Il est important de dire que nous sommes sous la surveillance de la Commission des Transports du Québec, ce qui veut dire, entre autres, que l’ouvrage se donne en priorité à ceux qui ont fait le moins d’argent selon une liste bien établie. La répartition se fait donc en fonction de l’équité du travail dans chacun des postes territoriaux. Tous nos comptes sont aussi surveillés et vérifiés par le gouvernement », précise M. Tremblay.

Contrats

La Corporation signe des contrats d’entente avec des donneurs d’ouvrage comme le MTQ. En effet, chaque fois que des travaux sont distribués dans la région, il y a une clause, incluse dans l’appel d’offres, de volume de transport de 50 % alloué aux camionneurs en vrac du Saguenay-Lac-Saint-Jean. La clause est de 75-25 en ce qui concerne les municipalités de Saguenay et d’Alma.

« Les coûts sont définis par le MTQ. L’avantage est que c’est notre Corporation qui facture, collecte l’argent et assume les coûts judiciaires si le donneur d’ouvrage ne veut pas payer. Pour l’entrepreneur, c’est aussi avantageux. Il n’a qu’un paiement à faire et un seul coup de téléphone à donner s’il a besoin de 80 camions, par exemple. En faisant affaire avec nous, les entrepreneurs se garantissent un bassin de 5 000 trucks au Québec. »

Daniel Tremblay entretient aussi de bonnes relations auprès des compagnies qui ont des gros projets comme BlackRock, GNL, Arianne Phosphate, le parc éolien Rivière-du-Moulin, etc. afin de signer des partenariats pour garantir avec elles aussi un pourcentage de retombées économiques dans la région au niveau du transport en vrac.

« Pour avoir des retombées économiques locales, on s’organise avec les dirigeants pour demander une garantie de proportion, et ce, en échange de notre appui auprès des instances comme le BAPE et les élus. Il n’est donc pas question qu’un entrepreneur de Québec, par exemple, arrive avec ses 20 camions pour un contrat ici pendant que les nôtres sont stationnés et ne travaillent pas. »

Un partenariat de 33 ans avec RT

La stabilisation des berges du lac Saint-Jean représente une occasion unique pour les camionneurs artisans de la région. Depuis 33 ans, ceux-ci travaillent de concert avec Rio Tinto (autrefois Alcan) pour poursuivre le Programme de stabilisation afin de contrer l’érosion des berges sur les rives du lac.

« Nous signons des ententes renouvelables avec RTA qui stipule que tout le transport que l’entrepreneur responsable d’un projet ne peut exécuter avec ses propres camions doit être accordé aux camionneurs artisans des secteurs correspondants. Nous avons d’ailleurs participé aux audiences du BAPE en 2018 pour que le gouvernement du Québec réitère son entente jusqu’en 2027 avec Rio Tinto pour qu’elle poursuive son programme de stabilisation », explique Daniel Tremblay, directeur régional de la Corporation des camionneurs en vrac de la région 02 Inc.

Cette entente a d’ailleurs fait l’objet d’un grand reportage dans l’édition janvier-février 2019 du magazine La Voix du Vrac des transporteurs en Vrac du Québec. On y fait mention que, depuis 1986, les 150 camionneurs artisans des sous-postes Lac-Saint-Jean et Roberval tirent profit d’une très large proportion du transport des matériaux (sable provenant de bancs d’emprunt, gravillons et grosses pierres) nécessaires à la stabilisation des berges du lac.

« Ce type de travaux s’avère avantageux pour les camionneurs parce qu’il requiert du transport de gros tonnage, souvent sur de longues distances pendant une période moins occupée. Il est important pour Rio Tinto de favoriser les retombées économiques dans les milieux où se déroulent les interventions, et ce, que ce soit au point de vue des camionneurs artisans, des sites d’achat de matériaux ou des entrepreneurs qui réalisent les travaux. De 1986 à 2015, 242 605 voyages de sable et de gravillons ont été réalisés, dont la majorité par les camionneurs artisans », peut-on y lire.

Main-d’œuvre à pourvoir

Toujours selon le directeur régional, la pénurie de main-d’œuvre chez les camionneurs représentera un sérieux problème à court terme. « Un camion, ça travaille 24 heures par jour et 365 jours par semaine. C’est derrière le volant qu’il va y avoir tout un problème. Des conducteurs, il n’y en a plus beaucoup sur le marché. Quand une entreprise recrute en payant plus cher, elle le fait aux dépens d’une autre. Toutefois, le gouvernement va donner un certain coup de main avec les camionneurs d’un certain âge qui ne seront pas pénalisés par l’impôt s’ils reprennent le volant. Et comme ils ne veulent plus prendre la route pour de longs trajets en Ontario ou aux États-Unis, ils vont venir travailler chez nous. »

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