Édition novembre 2017

INFORME AFFAIRES, Le MENSUEL économique d’ici • NOVENMBRE 2017 •  5 MASHTEUIATSH – Le biochar est en fait un charbon naturel de source vé- gétale, produit par un procédé connu sous le nom de pyrolyse ou ther- molyse. La matière première, à titre d’exemple des copeaux de bois pro- venant d’une scierie, de la biomasse forestière ou agricole, est chauffée à une température élevée (350°C à 750°C) durant une période détermi- née. Il en résulte trois produits : le biocharbon, sous forme solide, de l’huile pyrolytique et du syngaz. Plusieurs produits peuvent être créés à partir de la pyrolyse végétale. Chaque composante a son utilité. Pour sa part, le biocharbon peut être utilisé à de multiples fins, notamment comme composante d’un amende- ment du sol en horticulture, produc- tion en serre, arboriculture et revégé- talisation. Aux dires d’André Benoit, des tests sont actuellement réalisés chez des serristes du Saguenay–Lac- Saint-Jean et d’ailleurs pour évaluer ce potentiel. L’homme explique égale- ment que l’Agence canadienne d’ins- pection des aliments reconnaît l’utili- sation du biochar dans l’agriculture biologique, pourvu qu’il soit d’origine forestière. Autre application d’intérêt, le biocharbon végétal peut être substitué au charbon minéral utilisé dans la production de di- vers types de filtres actuellement sur le marché. Les huiles résiduelles peuvent même être utilisées dans l’agroalimen- taire comme substituts aux fumées uti- lisées habituellement pour aromatiser les poissons et les viandes. Les syngaz ou gaz synthétiques, issus de la py- rolyse, peuvent aussi être une source d’énergie alternative pour la production de gaz naturel. Celui-ci peut être éven- tuellement réutilisé dans les procédés comme source d’énergie d’appoint. Etia partenaire technologique Le partenaire technologique du projet BioChar Borealis est l’entreprise fran- çaise Etia. Le fournisseur implantera la technologie Spirajoule, qui permet de traiter le bois par pyrolyse à des tempé- ratures comprises entre 300° et 500°C tout en contrôlant les paramètres de traitement : contrôle du temps de sé- jour (en régulant la vitesse de rotation de la vis de convoyage), contrôle de la température de traitement (en régu- lant la chauffe électrique de la vis de convoyage), contrôle de l’atmosphère dans l’enceinte de traitement (teneur en oxygène notamment). Ces équipements permettent égale- ment de récupérer les produits vola- tils et les syngaz dans l’atmosphère de l’enceinte, pour notamment trans- former ces produits condensables en huile pyrolytique. Des discussions entre BioChar Borealis et Etia sont d’ailleurs en cours pour distribuer cette technologie et les recettes dé- veloppées par le CCTML à l’échelle canadienne. André Benoit estime par ailleurs que les systèmes de pyrolyse pourraient même être adaptés dans des unités mobiles pour se déplacer chez des agriculteurs dans le but de transformer sur place des résidus vé- gétaux provenant des cultures. Puits de carbone Selon ses promoteurs, le projet Bio- Char Borealis s’inspire d’une vision novatrice qui contribuera au déploie- ment d’une nouvelle voie de valorisa- tion de résidus forestiers ou provenant des activités de première transforma- tion. De plus, il s’inscrit directement dans les objectifs liés aux principes du développement durable de la forêt et à la réduction des gaz à effet de serre puisque le procédé utilisé génère de véritables puits de carbone puisqu’il permet de capturer une partie impor- tante de celui-ci, qui serait autrement retourné dans l’atmosphère. Industrie forestière Le principe de la pyrolyse et le potentiel du biochar Une vue du site des travaux du centre de recherche BioChar Borealis qui ont été lancés au cours des dernières semaines. (Photo: Guy Bouchard) 715D09-17 par Guy Bouchard Président et éditeur guybouchard@informeaffaires.com

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