Dans le cadre de la mission économique organisée au début d’avril dernier par Informe Affaires et l’Agence Groupe Voyage Saguenay–Lac-Saint-Jean, je me suis rendu aux Émirats arabes unis, une fédération de sept émirats (un émirat est un territoire dirigé par un Émir, soit l’équivalent d’un prince) située au sud du Golfe Arabique, Il s’agit d’un pays qui n’existe que depuis 1971. Situés dans une des régions les plus arides du monde, les Émirats n’ont aucun plan d’eau ou rivière, n’avaient pratiquement aucun arbre à l’origine et doivent dessaler presque toute l’eau qu’ils utilisent… tout un contraste pour un Québécois !
Une riche oasis... de stabilité
Avec des richesses pétrolières du même ordre de grandeur que le Canada, les Émirats arabes unis, qui ne comptent que 8,5 millions d’habitants, sont rapidement devenus très riches. Bien que vivant au cœur du Moyen-Orient, l’une des régions les plus politiquement instables du monde, les dirigeants de ce petit pays (le Québec est 20 fois plus vaste), ont dès le début adopté des politiques qui ont permis à leur état de demeurer à l’écart des sanglants bouleversements qui caractérisent trop souvent le Moyen-Orient.
Une économie en développement
En fait, au lieu de se doter de couteuses forces armées suréquipées, les Émirats arabes unis ont plutôt décidé d’utiliser principalement leurs immenses revenus pétroliers pour se construire une économie diversifiée et ouverte sur le monde. Aujourd’hui, les Émiratis ont, et de loin, l’économie la plus variée du Moyen-Orient : en plus de leur pétrole, ils produisent annuellement plus de 2 millions de tonnes d’aluminium (pour environ 1 million de tonnes dans les alumineries du Saguenay-Lac-Saint-Jean). D’ici quelques mois, ils commenceront à produire leur propre alumine (dans une nouvelle usine du même type que Vaudreuil).
Ils disposent également d’un immense port relais spécialisé dans la manutention et l’entreposage de conteneurs. Ils opèrent déjà le troisième plus important aéroport de monde, préparent l’exposition universelle de 2020, etc. En fait, il s’injecte aux Émirats arabes unis l’équivalent de 100 milliards de dollars canadiens par an, un montant qui augmentera autour de 125 milliards par an d’ici 2020, soit pratiquement le double des investissements annuels réalisés au Québec (environ 68 milliards de dollars).
Dubaï, cité de la démesure
L’un des cœurs économiques de ce pays est l’ultramoderne cité de Dubaï. Avec ses 2,3 millions d’habitants (versus à peine 100 000 en 1971),c’est le Royaume de la démesure. Cette ville unique collectionne les réalisations immobilières toutes plus impressionnantes les unes que les autres : la plus haute tour du monde, le Burj Khalifa (2 750 pieds…), les Palm Island, presqu’île artificielle en forme de palmier géant, la Marina, nouveau quartier de 150 000 habitants à l’architecture audacieuse et démesurée, l’hôtel Burj-Al-Arab , le seul hôtel 7 étoiles du monde….
Pour se donner une idée du niveau d’activité de Dubaï, songeons que d’ici 2030, la population de cette seule ville passera à 5 millions d’habitants, soit une croissance annuelle moyenne de 8 % ou 190 000 nouveaux résidents…chaque année ! Pour abriter cet afflux de population, 70 000 nouveaux logements devront être construits annuellement durant 14 ans… Pour la même période, la population du Québec tout entier devrait s’accroitre d’environ 800 000 habitants, ou de 55 000 personnes (0,7 %) par an.
Un marché pour les entreprises d’ici?
Malgré un pareil dynamisme économique, vous vous demandez probablement si des bleuets comme nous pouvons réellement faire affaires avec un pays si diffèrent du nôtre? Et bien je peux vous dire que oui. Pour avoir visité plusieurs pays musulmans et du Moyen-Orient, je considère que le degré de tolérance que les Émiratis affichent envers les ressortissants étrangers (travailleurs, touristes, etc.) est très élevé. Ils ont décidé de devenir un des centres du Nouveau Monde qui se construit et ils veulent le faire dans l’ouverture à l’autre, mais aussi dans le respect de leurs coutumes, de leurs traditions et de leur religion.
Si nous au Québec, qui sommes pourtant issus de la culture occidentale, nous percevons souvent la mondialisation comme un immense défi, imaginons comment les Émiratis auraient facilement pu répondre au choc de la mondialisation par la fermeture et l’isolement. Ils ont plutôt choisi d’en devenir l’un des moteurs les plus actifs. Saluons donc ces lointains cousins du désert, animés de la même démesure que celle des hardis bâtisseurs de notre magnifique Royaume du Saguenay-Lac-Saint-Jean et n’hésitons pas nous aussi à participer à l’édification des merveilles qui verront prochainement le jour dans les fiers Émirats arabes unis.