Auteur

Roger Boivin

Chaque année, la TPS et la TVQ non perçues sur les achats par Internet des Québécois font perdre plus de 200 millions de dollars aux gouvernements du Québec et du Canada. Les montants en cause pour le Saguenay-Lac-Saint-Jean sont de l’ordre de 6,3 millions de dollars par an, soit plus de 17 000 $ par jour… Ce non-paiement de taxes est un avantage scandaleux que nos gouvernements accordent par négligence à des entreprises étrangères qui peuvent donc concurrencer déloyalement les entreprises qui fonctionnent légalement au Québec ou dans la région.

6,3 M$ pour « booster » le commerce en ligne

Les deux paliers de gouvernement devraient concevoir et mettre en place une mécanique de perception de cet argent et s’en servir comme levier de développement de l’industrie du numérique.Comme ce sont les milieux locaux qui subissent les plus grands préjudices de la tendance grandissante à l’achat sur le web, il me semble plus que raisonnable que ce soit ces mêmes communautés locales qui reçoivent les 6,3 millions de dollars par an de TPS/TVQ actuellement non payés par les entreprises étrangères. Les communautés locales pourraient se servir de ces fonds pour stimuler l’achat régional et pour augmenter la proportion de nos entreprises qui n’utilisent pas suffisamment l’Internet.

Rappelons en effet qu’en 2015, 33,9 % des 10 000 entreprises du Saguenay-Lac-Saint-Jean n’avaient aucun site web (25,9 % des entreprises en opération dans la ville de Saguenay, 33,6 % de celles de la MRC du Lac-St-Jean-Est,40,6 % de celles de la MRC du Domaine-Du-Roy, 43,2 % de celles de la MRC du Fjord et 50,5 % de celles de la MRC Maria-Chapdelaine). La région, comme le reste du Québec, accuse un important retard sur le reste de l’Amérique du Nord à ce chapitre.

C’est d’ailleurs ce qui expliquerait, de l’avis des experts, l’importante sous-représentation des entreprises du Québec et de la région dans le commerce en ligne, le secteur commercial qui s’accroit pourtant le plus rapidement…
Il est donc essentiel que nos entreprises deviennent rapidement plus présentes dans le commerce en ligne. Pour ce faire, un montant d‘honoraires pourrait, par exemple, être attribué à chacune d’elles selon leurs besoins spécifiques, afin de payer une partie des coûts reliés à la mise en place de ce que l’on appelle des stratégies Web.

Par surcroit, des accords de base devraient être mis en place avec nos quatre Cégeps et l’Université régionale, afin de pouvoir impliquer au maximum nos étudiants et nos professeurs experts dans cette stratégie (sous forme de stages supervisés en entreprises, de travaux pratiques, etc.). Ainsi, en quelques années, nos entreprises deviendraient aussi présentes que les autres sur la planète web, avec toutes les conséquences positives que cela occasionnerait.

Urgence d’agir pour nos gouvernements

Actuellement, les gouvernements du Québec et du Canada sont en préparation de leurs budgets 2017-2018 qui seront dévoilés en mars prochain. Il est plus qu’urgent que cette négligence fiscale injustifiée cesse immédiatement et que toutes les entreprises paient les mêmes taxes. De plus, la régionalisation des fonds ainsi générés doit être lancée dès cette année, afin que nos commerçants et nos communautés puissent enfin reprendre l’initiative dans ce domaine des plus stratégiques.

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