SAGUENAY – C’est avec la mission d’innover et de travailler à mettre en place une synergie industrielle et à faire rayonner ses membres dans le but de contribuer à la création de richesse au Saguenay–Lac-Saint-Jean qu’Alliage 02 veut s’identifier comme un incontour-nable du développement et de l’innovation dans la région. Pour son président, Sylvain Morin, il est primordial que les bottines suivent les babines.
« C’est un défi parce que l’approche Saguenay et Lac-Saint-Jean n’est pas évidente quelles que soient les organisations, dont la nôtre. Je peux garantir que l’on va poser des actions pour unir nos membres des deux territoires. On va faire des rencontres, tenir des événements et, éventuellement, ouvrir un pied à terre au Lac-Saint-Jean. C’est vraiment la mission qu’on s’est donnée au conseil d’administration. Nous sommes aussi à peaufiner notre site Internet et à finaliser notre vision 2021 », indique M. Morin.
Le président avoue qu’en tant que travailleur et PDG dans son entreprise d’Usinage SM, il comprend bien ses membres et leur réalité quotidienne. « Je sens l’huile, comme certains se plaisent à dire. C’est d’ailleurs une force de nos membres du conseil d’administration, qui est formé de quasiment tous des gens comme moi, issus de la PME industrielle. Nous désirons qu’Alliage 02 se positionne comme une destination de choix pour l’implantation de nouvelles entreprises ainsi qu’un milieu de vie de qualité des plus attrayants pour la main-d’œuvre. »
Sylvain Morin ajoute qu’Alliage 02 n’est pas un organisme de services, mais un organisme proactif, que ce soit par le réseautage ou le partage de services, en plus de faire sortir de l’anonymat les entreprises peu connues. « Il s’en vient de beaux grands projets dans la région. Nous avons quand même un travail à faire à ce niveau-là. Les membres nous disent qu’il faut garder nos jeunes dans la région. Pour cela, il faut des emplois de qualité, bien rémunérés. L’économie est moins stable ces temps-ci, mais nous, on veut être le porte-voix de nos membres, le fil conducteur entre ceux-ci et les entreprises qui veulent s’installer. »
Répercussions de la COVID
Se disant connecté avec ses membres, Sylvain Morin souligne que la production industrielle est peut-être actuellement repartie à 75 ou 80 % de ce qu’elle était avant la pandémie. « C’est ce que je sens. Il n’y a pas encore de reprise. Les subventions fédérales aident beaucoup. Toutefois, les gens sont positifs et disent que nous sommes actuellement dans le creux, et que ça finira par mieux aller. Les entrepreneurs ont un sentiment de reprise à court terme étant donné que la consommation de l’automobile est là et c’est très bon pour la vente des métaux. Même le côté loisir va très bien. Ils n’ont jamais vendu autant de motos, de motomarines, et même les motoneiges sont en train de se vendre. Les gens consomment et ça représente la vente des matériaux. »
L’homme d’affaires convient, toutefois, que les entreprises sont encore sur la pédale douce malgré tout, craignant une deuxième vague de la COVID-19. Lui-même préfère attendre au printemps prochain avant de concrétiser un projet. « Il n’y a personne qui se plaint présentement. Ce n’est pas comme la vente au détail, la restauration, les hôteliers, etc. Dans le domaine industriel, on n’est pas là. J’ai l’impression que les entreprises avaient déjà fait un grand ménage à la suite de la crise de 2008. Les gens prenaient garde, consommaient correctement, investissaient dans la technologie. Ils essaient d’améliorer leur secteur d’activité au niveau du 4.0. Il y a aussi des aides gouvernementales. Ils investissent dans la vitesse de production. Ce sont les employés qui sont plus inquiets. Ils aimeraient savoir ce qui va se passer. « Par ailleurs, la COVID a aussi fait augmenter les coûts, et ça, c’est un élément négatif. Je connais un entrepreneur qui a décidé de retarder son chantier parce que la COVID lui coûte trop cher avec les règles sanitaires et la hausse du coût des matériaux. Il faudra être capable de facturer ou ménager ou améliorer la production pour compenser ces augmentations », laisse-t-il tomber.
L’enjeu de la main-d’œuvre
Le problème de main-d’œuvre demeure la pierre d’achoppement des entrepreneurs malgré la pandémie. Le président d’Alliage 02 soutient qu’il y a plusieurs employés à la veille d’une retraite qui ont profité de la pause COVID pour partir plus rapidement. « Ils ne veulent plus rentrer pour toutes sortes de raisons, car ils sont tannés des règles sanitaires et préfèrent rester à la maison. Ils devancent ainsi d’une année ou plus leur départ. De plus, est-ce normal que plusieurs entreprises cherchent du personnel avec un taux de chômage de 14 % ? Il faut dire aussi que les travailleurs sont un peu fatigués. Le port du masque, les mesures sanitaires font en sorte que le monde est moins patient. Dans quelques mois, j’ai bien peur que certains tentent de réorienter leur carrière. D’un autre côté, je pense qu’il va peut-être y avoir une vague à l’inverse avec les travailleurs de la restauration qui vont retourner à l’école pour rejoindre le monde industriel. En plus, il est très difficile de combler nos besoins avec les immigrants ! »
Enfin, Sylvain Morin demeure des plus positifs pour l’avenir quand il pense aux grands projets sur la table dans la région. Il affirme qu’il est important d’avoir des projets réalisés avec de l’argent frais provenant du secteur privé si l’on veut créer de la richesse. « De l’aide gouvernementale, c’est bien beau, on peut se faire aider longtemps, mais ça prend du privé », a-t-il conclu.