SAGUENAY – Les programmes qui permettent aux étudiants de suivre une formation tout en travaillant, comme l’alternance travail-études, le modèle dual européen ou encore des programmes de formation continue qualifiants, sont la voie de l’avenir pour le vice-président – Politiques de développement de la main-d’œuvre au Conseil du patronat du Québec (CPQ), Denis Hamel.
« Le système d’éducation et les employeurs ont toujours été des silos. […] Ce n’est plus ça maintenant. La technologie et le marché du travail évoluent tellement vite que ça prend constamment des remises à niveau. Il commence à y avoir des succès autant au niveau de la formation professionnelle et du collégial. […] Il n’est plus toujours question d’avoir un minimum d’inscriptions. Le milieu scolaire est sorti de ses établissements pour entrer dans les entreprises et celles-ci travaillent main dans la main avec le milieu scolaire. […] Au niveau professionnel et technique, c’est vraiment la voie de l’avenir », affirme M. Hamel.
Le vice-président du CPQ souligne que, selon un sondage fait par le CPQ, 30 % des employeurs sont prêts à engager des gens sans formation et à les former. Pour ce faire, ils vont se tourner vers les différents établissements d’enseignements (commissions scolaires, cégeps, universités, etc.) et leurs services aux entreprises, qui possèdent les compétences pédagogiques pour le faire. « Ça, c’est nouveau », assure-t-il.
Un modèle idéal
Le système dual, importé d’Allemagne, en émergence au Québec, était notamment souhaité depuis plusieurs années. Celui-ci considère que les deux lieux de formation, soit l’école et l’entreprise, sont d’égale importance et que les responsabilités financières et légales sont partagées. Alors que l’alternance travail-études originale prévoit un minimum de 20 % des heures de formation en entreprise, la formule duale prévoit la majorité du temps en entreprise, généralement plus de 55 %.
« C’est un modèle idéal », précise M. Hamel. On retrouve aussi l’alternance travail-études (ATE) avec apprentissage accru en milieu de travail, qui offre 50 % des heures en entreprise. Les enseignants se déplacent dans le milieu de travail, en plus d’avoir un mentor sur place. Selon les entreprises, l’étudiant a aussi souvent la possibilité d’être rémunéré pendant sa formation.
Dans la région, de plus en plus de centres de formation professionnelle (CFP) se tournent vers ces modèles dans différents programmes. Au CFP Jonquière, par exemple, ce sont ceux de Cuisine, Service de la restauration et de Boucherie de détail qui sont proposés selon le modèle d’ATE avec apprentissage accru en milieu de travail. « Les élèves sont cinq jours en formation, les trois premières journées au CFP et les deux autres dans l’entreprise. Les enseignants se déplacent. Les élèves peuvent aussi travailler dans l’entreprise où ils font leur stage au cours de la fin de semaine », explique le directeur général du centre, Martial Verreault.
Un partenariat gagnant
Selon Denis Hamel, le fait d’avoir un partenariat entre les centres de formation et les entreprises est gagnant pour tous. Pour l’étudiant, ça permet de valider rapidement son choix de métier en plus d’avoir une expérience concrète. Pour l’employeur, il s’assure que son futur travailleur possède une formation enrichie et adéquate pour ses besoins et une expérience sur ses machines.
L’aspect maillage et partenariat est toutefois extrêmement important.
« Quand le programme s’y prête bien, c’est possible de le faire. Ça prend un bon partenariat avec l’entreprise qui a un rôle important à jouer. Il faut qu’elle soit partie prenante du programme. Ça prend un employeur prêt à accueillir cette main-d’œuvre en formation et des gens dans l’entreprise qui sont prêts à accompagner un élève pour lui transmettre leurs connaissances », indique M. Verreault.
Le directeur général du CFP Jonquière croit que dans les conditions actuelles, les établissements d’enseignement et les entreprises n’ont pas le choix de créer un maillage entre les besoins de main-d’œuvre et la formation. « Si les employeurs embauchent sans qualification, souvent l’employé sera moins productif, il y aura plus d’erreurs. Pour l’employé, il n’aura pas de diplôme et pourra avoir de la difficulté à se replacer plus tard. […] On doit mettre en place les moyens de répondre aux besoins de qualification des employeurs et des employés », illustre-t-il.
Une foule de possibilités
Outre les modèles dual ou d’alternance travail-études, il existe toutefois une panoplie de formules possibles pour favoriser l’adéquation entre la formation et les besoins du marché du travail. « L’employeur n’est pas obligé de libérer son employé, celui-ci n’est pas obligé de démissionner pour aller se former. Tout peut se faire en même temps », note le vice-président du CPQ, ajoutant qu’il y a 10 000 formations privées, de différentes durées, répertoriées sur la plateforme Boomerang au Québec.
Par ailleurs, il existe de nombreux programmes pour améliorer l’adéquation entre la formation et l’emploi. M. Hamel cite en exemple la Mesure de formation de la main-d’œuvre (MFOR), qui permet de réaliser un projet de formation pour ses employés en finançant, par exemple, le salaire du formateur ou une partie du salaire des travailleurs ; le programme COUD, un programme de formation de courte durée dans certaines professions, qui privilégie les stages et qui donne une formation et un diplôme dans un domaine ciblé ; et enfin, le programme d’apprentissage en milieu de travail (PAMT), qui utilise quant à lui la formule du compagnonnage pour certains métiers.