SAGUENAY – La Base des Forces canadiennes (BFC) Bagotville joue un rôle majeur dans l’économie du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Troisième plus grand employeur après Rio Tinto et le CIUSS, elle a un impact économique de 212 millions de dollars (salaires, taxes, contrats divers, etc.), soit 4,4 % du produit intérieur brut (PIB) local.
Les salaires seulement représentent maintenant un total de 118,7 M$ pour le personnel militaire et civil. « Ce sont 2 000 personnes de plus dans la région; 2 000 familles, même, je dirais, parce que la majorité d’entre nous avons au moins un conjoint, quelques enfants », indique la lieutenant-colonel Annie Malouin, commandante adjointe de la 3e Escadre de Bagotville. Mentionnons que la deuxième escadre représente 250 personnes de ce total. En ce qui a trait aux personnes à charge des employés civils et des militaires, l’Étude d’impact socio-économique sur la présence de la 3e Escadre de Bagotville dans la région du Saguenay-Lac-St-Jean, réalisée en 2012, les estimait à 2 477 en 2010, pour 1 749 employés à l’époque.
La majeure partie de ces 2 000 familles habitent actuellement à l’extérieur de la Base, avec 350 seulement qui vivent dans les quartiers militaires. Si des chiffres précis ne pouvaient pas être fournis pour 2018, les membres de la Force régulière et les employés civils généraient 1,9 % de la demande immobilière en 2009-2010. « Généralement, de nos jours, […] la majorité des familles [habitant à l’extérieur] ont des maisons », indique la commandante adjointe, précisant que cela représente aussi des investissements dans l’économie locale.
Environ le quart du personnel de la BFC Bagotville se renouvèle chaque année, des militaires étant mutés à d’autres postes et d’autres prenant leur poste. Ces mouvements économiques ne sont pas à négliger, même si les quantifier demeure complexe.
« À chaque déménagement, ce n’est pas seulement le déménageur, mais aussi tous les achats connexes [électroménagers, biens divers pour la maison, produits de base, etc.] Je suis certaine que c’est très significatif en termes d’injection d’argent », mentionne la lcol Malouin.
Quant au programme de soutien du personnel (PSP), qui offre notamment des services en termes de loisirs, il totalise 450 000$. Ce chiffre inclue par exemple l’entretien de l’aréna de la base, qui bénéficie aussi à la communauté, de même que l’achat de billets à des entreprises régionales pour des activités touristiques pour les militaires et leurs familles.
Contrats locaux
La BFC Bagotville génère aussi son lot de contrats pour les entreprises de la région. Quelque 43 M$ ont été attribués pour des contrats pour des projets de construction ou de réfection majeurs. « Il y a eu certains investissements dans les dernières années pour des infrastructures qui étaient vieillissantes. […] Dans les dernières années, il n’y a aucun doute [que les investissements ont augmenté], en partie dû à la restructuration du groupe infrastructures des Forces armées canadiennes », note la commandante-adjointe. En 2010, les bases de données de Travaux Publics et Services gouvernementaux – Canada établissaient à 21 M$ les contrats accordés à des entreprises de construction de Saguenay ou de villes environnantes. Outre les travaux de construction majeurs, la Base fait affaires avec plusieurs entreprises locales ou établies dans la région pour divers contrats, comme le déneigement ou certains travaux de maintenance, par exemple.
En janvier, une conférence avait été tenue par Construction de Défense Canada dans le cadre d’une activité de la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay–Le Fjord, faisant état de 300 M$ de travaux supplémentaires à venir dans les prochaines années. On appelait alors les entreprises de la région à aller chercher leur cote de sécurité industrielle auprès du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes.
La lieutenant-colonel a également rappelé l’importance d’obtenir cette accréditation. « Un des points qui ralentissent le processus des entreprises [c’est qu’on] a des exigences de sécurité et, même si une entreprise gagne un contrat, si elle n’a pas ça, il faut que tout le monde passe à travers l’identification et les procédures, ce qui prend du temps. Les critères sont disponibles, c’est facile », assure-t-elle en référant les entrepreneurs au site du PSPC.
Elle a toutefois noté que de nouveaux entrepreneurs évoluaient sur les divers contrats octroyés par la BFC Bagotville. « J’ai remarqué qu’effectivement, il y a plus de contracteurs et donc, plus de mouvements qui se passent. […] Il y a une diversification », affirme-t-elle.
Autres retombées
Parmi les retombées connexes à la BFC Bagotville, mentionnons le support à l’aéroport civil de Bagotville (contrôle aérien, déneigement des pistes, ravitaillement en carburant), également assuré par la Base. Ce sont au total 66 000 mouvements d’aéronefs par an dans l’espace aérien. Quelque 80 % des activités annuelles sont d’origine civile. L’étude de 2012 quantifiait à 1,5 M$ par an le montant minimal que la ville devrait débourser pour maintenir l’aéroport si cela n’était pas assuré par la BFC.
Il faut aussi souligner l’apport du Spectacle aérien qui y est présenté tous les deux ans. « C’est 1,5 M$ injecté directement dans la région. On parle d’hôtels qui vont de La Baie jusqu’à Alma. […] Ce sont 120 000 personnes en deux jours », souligne Annie Malouin. Le camp de cadet, qui attire chaque été 1 600 personnes à Bagotville, totalise quant à lui 3,1 M$, ce qui n’est pas non plus à négliger.