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Communiqué de Presse

MONTRÉAL - Le gouvernement du Québec annonce une modification au programme ESSOR afin de soutenir les entreprises québécoises des industries de l'aluminium et de l'acier qui pourraient nécessiter une injection de liquidités à court terme en raison de la décision de l'administration américaine d'imposer un tarif de 10 % sur l'aluminium et de 25 % sur l'acier exportés par le Canada aux États-Unis.

Cette modification permet l'attribution de prêts ou de garanties de prêt aux conditions du marché, pour une période limitée, afin d'appuyer le fonds de roulement des entreprises admissibles pour qu'elles puissent poursuivre leurs activités d'exportation. Cette mesure, qui prend effet dès aujourd'hui, n'exclut pas des ajustements répondant aux effets néfastes qui pourront se révéler au cours des prochaines semaines.

La vice‑première ministre, ministre de l'Économie, de la Science et de l'Innovation et ministre responsable de la Stratégie numérique, Mme Dominique Anglade, en a fait l'annonce aujourd'hui en présence d'une quarantaine de représentants des industries de l'aluminium et de l'acier, qui étaient conviés à une deuxième séance de travail afin de déployer tous les efforts nécessaires pour défendre les travailleurs de ces secteurs clés de l'économie québécoise et lutter contre le protectionnisme américain. À la suite de cette rencontre, les partenaires ont convenu de se rencontrer à nouveau, dès la semaine prochaine, et d'effectuer sur une base régulière un suivi serré des développements et des effets néfastes des tarifs sur les industries québécoises de l'aluminium et de l'acier.

« Alors qu'ils font face aux mesures protectionnistes des autorités américaines, les entreprises et plus de 30 000 travailleurs des industries de l'aluminium et de l'acier peuvent compter sur le soutien indéfectible de notre gouvernement. Afin d'assurer la pérennité et la croissance de nos industries, nous mettons à leur disposition aujourd'hui un outil efficace : le programme ESSOR. Celui-ci permettra de pallier rapidement les éventuels enjeux de liquidités engendrés par l'imposition de ces tarifs à l'exportation. De plus, nous continuerons de faire front commun avec les représentants des secteurs québécois de l'aluminium et de l'acier, les syndicats, les différents ministères concernés, le gouvernement canadien et notre négociateur en chef, M. Raymond Chrétien, jusqu'à ce que l'aluminium et l'acier canadiens et québécois soient entièrement et définitivement exemptés de ces tarifs. Nous nous devons de le faire pour les travailleurs de nos industries, mais aussi pour leurs familles, les communautés et l'essor de nos régions », a déclaré Mme Anglade.

Réactions positives

Le syndicat Unifor a tenu à souligner l'annonce du gouvernement québécois faite cet après-midi de soutenir l'industrie de deuxième et troisième transformation dans le secteur de l'aluminium. « C'est une bonne nouvelle. Toute cette guerre commerciale avec les États-Unis est inquiétante, il faut réagir rapidement », a commenté John Caluori, adjoint au directeur québécois d'Unifor.

Faits saillants :

  • Une première séance de travail, réunissant le gouvernement du Québec et les représentants des industries de l'aluminium et de l'acier, s'est déroulée en mars dernier. Celle‑ci avait entre autres permis d'annoncer le mandat de M. Raymond Chrétien, O.C., conseiller stratégique au cabinet d'avocats Fasken, visant à mettre en œuvre une stratégie en territoire américain afin de s'adresser aux grands consommateurs d'acier et d'aluminium québécois et de rassurer les élus américains sur la capacité du Québec d'approvisionner de façon adéquate et sécuritaire l'industrie américaine.
  • L'objectif du gouvernement consiste non seulement à obtenir une exemption permanente et complète par rapport aux tarifs imposés sur les exportations de produits de l'acier et de l'aluminium, mais également à démontrer les répercussions négatives de ces tarifs des deux côtés de la frontière. Il est notamment estimé que pour chaque emploi créé aux États‑Unis dans les secteurs de l'aluminium et de l'acier en raison des tarifs, seize emplois américains seront perdus au sein d'autres secteurs.
  • En avril 2017, l'administration américaine ordonnait au Département du commerce des États-Unis (DOC) de mener des enquêtes accélérées sur les répercussions des importations d'aluminium et d'acier sur la sécurité nationale. Le DOC a déposé ses rapports en janvier 2018, dans lesquels il analysait également les effets de ces importations sur les industries américaines de l'aluminium et de l'acier. Les conclusions de ces rapports ont été rendues publiques en février dernier.
  • Le 5 mars 2018, le président des États-Unis, M. Donald Trump, a indiqué que l'exemption temporaire du Canada et du Mexique de cette imposition de tarifs pourrait être conditionnelle à la signature d'un nouvel accord de libre‑échange, qu'il qualifie de juste, entre les États-Unis et ces deux pays. Toutefois, le Québec et le Canada ont toujours refusé de lier les discussions concernant les tarifs sur l'acier et l'aluminium à la renégociation de l'Accord de libre‑échange nord‑américain (ALENA).
  • Le 31 mai 2018, l'administration américaine a annoncé qu'elle mettait fin à cette exemption. Par conséquent, depuis le 1er juin 2018, des tarifs de 10 % sur l'aluminium et de 25 % sur l'acier sont imposés sur les exportations canadiennes destinées aux États-Unis.
  • Le gouvernement du Québec condamne sans réserve cette mesure protectionniste de l'administration américaine et, à ce titre, appuie la décision du gouvernement fédéral d'imposer des mesures de représailles sur les importations des États‑Unis, de même que de contester les tarifs américains devant les instances de l'ALENA et de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
  • Environ 50 % des importations d'aluminium primaire des États-Unis proviennent du Québec, et environ 60 % des exportations québécoises d'acier sont destinées au marché américain.
  • En 2017, les exportations québécoises d'aluminium vers les États-Unis représentaient plus de 7 milliards de dollars et près de 90 % de l'ensemble des exportations québécoises d'aluminium.
  • En 2017, les exportations québécoises vers les États-Unis de produits sidérurgiques et de produits en acier fabriqués à partir d'acier acheté, représentaient respectivement 788 millions de dollars et 291 millions de dollars.
  • Au Québec, la filière de l'aluminium génère près de 30 000 emplois, dont plus de 7 000 au sein de l'industrie primaire.
  • Le secteur de la fabrication de produits métalliques représente pour sa part 42 000 emplois, alors que les secteurs de la sidérurgie et de la fabrication de produits en acier à partir d'acier acheté génèrent plus de 3 200 emplois.

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