MONTRÉAL – Le Canada doit devenir un exemple mondial en s’inspirant du Québec dans la question climatique et la transformation de l’économie verte, selon le Conseil du Patronat du Québec (CPQ). Dans une lettre d’opinion signée par le président-directeur général du CPQ, Yves-Thomas Dorval soutient, notamment, qu’à quelques mois des élections fédérales, l’ensemble des partis se sont exprimés en faveur de l’Accord de Paris, mais comment comptent-il accompagner les entreprises, les employeurs et leurs salariés pour les aider à innover dans une démarche qui tient compte de la réalité et des contraintes de tout le monde.
Voici la lettre d’opinion intégrale du CPQ
À quelques mois des élections fédérales, l’ensemble des principaux partis se sont exprimés en faveur de l’Accord de Paris afin que le Canada atteigne, d’ici 2030, son objectif de réduire ses émissions de gaz à effets de serre (GES) de 30% par rapport à 2005. La question qui tue : comment accompagner les entreprises, les employeurs et leurs salariés pour les aider à innover dans une démarche qui tient compte de la réalité de monsieur et madame Tout-le-Monde ainsi que de leurs contraintes ?
Entre la poussée des générations montantes et la prise de conscience des moins jeunes, il est indéniable que la question climatique et la transformation de notre économie seront sur toutes les lèvres pour les années à venir, chez nous, comme dans le reste du monde d’ailleurs. Lorsque les jeunes prennent la rue, c’est pour nous inciter à les écouter et à les aider à mettre en place les conditions pour créer une société prospère, dans un contexte de grands bouleversements, tout en permettant à nos entrepreneurs de tirer leur épingle du jeu. Ce faisant, au-delà des clivages idéologiques, des antagonismes et de la joute politique, nous avons tous le devoir d’entretenir l’espoir d’un lendemain meilleur pour nos jeunes et les générations futures.
Certes, les différentes voix qui s’élèvent aux quatre coins du pays ne s’entendent pas nécessairement sur les gestes à poser. Il demeure néanmoins un point positif : le Canada est en mode solution pour préparer l’économie de demain et préserver la capacité de la société à prospérer.
À cet égard, il faut se féliciter de la mobilisation qui prend forme au Québec, et qui implique l’ensemble des parties prenantes. En plusieurs occasions depuis l’élection du gouvernement provincial, et au sortir de la COP24, nous avons insisté sur l’importance de mettre en œuvre rapidement une démarche coordonnée, mobilisant l’ensemble des ministères, afin d’élaborer un plan climat concret et efficace. En ce sens, les engagements du gouvernement provincial sont pleins de bonnes intentions, et la démarche annoncée cette semaine, qui doit mener à un Plan d’électrification et de lutte aux changements climatiques en 2020, mérite d’être appréciée.
Nous appuyons totalement les stratégies gouvernementales qui visent à décarboniser graduellement notre économie, et ce, tant au Québec, qu’au Canada et même dans les juridictions voisines. Nous avons la chance de pouvoir produire une électricité propre et avons tout à gagner à en faire profiter nos voisins également. Il faudra aussi compter sur le potentiel d’autres filières, notamment au bénéfice des régions. Pensons, notamment, à la filière des biocarburants, de la biomasse, du gaz naturel renouvelable (GNR), de l’hydrogène, ou, encore, de l’économie circulaire, surtout pour nos matières résiduelles et secondaires.
Le secteur des transports aura besoin de mesures pour réduire ses GES, la congestion et le nombre de déplacements. Pour le transport collectif, l’électrification est une très bonne initiative, mais elle doit se faire de pair avec une augmentation massive de l’offre globale, qui souffre de besoins criants. En ce qui concerne le transport des marchandises, la croissance des échanges internationaux et du commerce en ligne nécessite plusieurs initiatives qui ne peuvent pas être des copier-coller des mesures destinées au transport des personnes. Il faudra également revoir nos pratiques d’aménagement et d’urbanisme, avec des aléas climatiques plus marqués.
Dans 20 ou 30 ans, la société ne sera plus du tout la même, les attentes des citoyens et les habitudes de vie non plus. C’est pourquoi le Québec, par exemple, s’active actuellement à réviser ses leviers pour s’adapter et se transformer, afin de reproduire le succès mondial de sa filière hydroélectrique dans d’autres secteurs. Cette vision du changement ne se bâtit pas toute seule, elle suppose l’adhésion de la société civile. Le Canada et chacune de ses provinces doivent faire de même, tout parti politique confondu.
Yves-Thomas Dorval
Président-directeur général
Conseil du patronat du Québec (CPQ)