MONTRÉAL, le 23 mai 2019 /CNW/ - Alors que le gouvernement du Québec amorcera bientôt une consultation publique pour déterminer les seuils annuels d'immigration, l'Institut du Québec (IDQ) a évalué les incidences démographiques et économiques de quatre différents scénarios d'immigration sur une période s'échelonnant de 2019 à 2040.

Le rapport Seuils d'immigration au Québec : analyse des incidences démographiques et économiques publié aujourd'hui révèle qu'en raison du faible taux de natalité et du vieillissement rapide de la population au Québec, l'immigration contribuera grandement à y assurer une croissance économique plus soutenue et à freiner la baisse de son poids démographique et économique au sein du Canada. À titre d'exemple, l'analyse nous apprend que si le Québec optait pour un seuil d'immigration qui correspond à 12 % de la cible canadienne – ce qui représente un seuil de 40 000 immigrants en 2019 qui passerait à 54 000 en 2040 –, le poids démographique du Québec au sein du Canada chuterait de 22,6 % en 2018 à 20,2 % en 2040.

« L'étude nous a notamment appris qu'en raison des difficultés d'intégration des immigrants en emploi au Québec, il n'existe pas de seuil optimal qui viendrait, telle une solution magique, régler tous nos enjeux démographiques et économiques à plus long terme », déclare Mia Homsy, directrice générale de l'IDQ. Les résultats des modélisations réalisées par le Conference Board du Canada indiquent que le nombre annuel de nouveaux arrivants devrait surtout être établi en fonction de notre capacité à les intégrer sur le marché du travail. Ainsi, plus l'intégration sera rapide et efficace, plus la contribution des immigrants à l'économie et à la qualité de vie des habitants sera importante. Les niveaux annuels d'immigration devraient donc être intrinsèquement liés à la capacité d'intégration des nouveaux arrivants au marché du travail québécois et être plus fréquemment ajustés.

Les résultats des simulations

Peu importe le scénario testé, il ressort de toutes les simulations effectuées, qu'à elle seule, l'immigration ne pourra pas annuler totalement l'impact du vieillissement de la population sur l'économie. Elle pourra toutefois en atténuer les effets démographiques et économiques, notamment en assurant un ratio plus élevé de travailleurs par retraité.

En outre, l'analyse nous apprend que si le Québec opte pour un seuil d'immigration qui correspond à 12 % de la cible canadienne, l'apport économique des nouveaux arrivants assurerait un tiers de sa croissance économique en 2040. Dans le scénario où le Québec augmentait cette part à 23 % du solde canadien, soit son poids démographique au sein du Canada, – passant de 63 000 immigrants en 2019 à 103 000 en 2040 –, l'immigration contribuerait à la moitié de sa croissance économique en 2040.

Les résultats relatifs à la contribution économique des immigrants sont cependant plus mitigés quant aux impacts sur le PIB par habitant et au poids des dépenses en santé par rapport aux recettes gouvernementales.

Les retards dans l'intégration des immigrants se font sentir

« Le Québec accuse toujours un important retard par rapport au reste du Canada quant à l'intégration en emploi des immigrants, principalement pour ceux arrivés depuis moins de cinq ans, souligne Mia Homsy. Pour changer cette donne, il nous faudra donc mettre les bouchées doubles afin d'obtenir de meilleurs résultats sur de multiples aspects de la politique d'immigration comme les délais et l'efficacité du processus de sélection, la reconnaissance des qualifications et de l'expérience étrangères ainsi que les efforts de francisation. »

Alors que la population vieillit et que le marché du travail se resserre, il faut, plus que jamais, tout mettre en œuvre pour que les progrès récemment observés se poursuivent et permettent enfin à l'immigration de déployer son plein potentiel sur notre économie. À ce chapitre, les résultats des dernières années sont encourageants : depuis 2017, la situation des immigrants sur le marché du travail s'est clairement améliorée au Québec. Si cette tendance se maintient, le gouvernement devra – s'il veut que le Québec demeure économiquement fort – avoir l'ouverture de revoir les seuils d'immigration à la hausse sans tergiverser

À propos de l'Institut du Québec

Issu d'un partenariat entre le Conference Board du Canada et HEC Montréal, l'Institut du Québec axe ses recherches et ses études sur les enjeux socioéconomiques auxquels le Québec fait face. Il vise à fournir aux autorités publiques et au secteur privé les outils nécessaires pour prendre des décisions éclairées, et ainsi contribuer à bâtir une société plus dynamique, compétitive et prospère. http://www.institutduquebec.ca

 

SOURCE Institut du Québec