MONTRÉAL, le 11 juin 2018 /CNW Telbec/ - Le Gouvernement du Québec a dévoilé aujourd'hui le premier Plan directeur en transition, innovation et efficacité énergétiques du Québec, Conjuguer nos forces pour un avenir énergétique durable. Informe Affaires a réuni ici quelques réactions à ce dévoilement.

Fruit d'une vaste consultation publique et d'un travail concerté entre les grands distributeurs d'énergie, les ministères et organismes gouvernementaux et Transition énergétique Québec, le plan directeur 2018-2023 présente les feuilles de route et les mesures qui permettront au Québec d'atteindre sa cible en efficacité énergétique et de réduire sa consommation de produits pétroliers d'ici à 2023. Les mesures du plan directeur concernent tous les consommateurs d'énergie, petits et grands, du citoyen aux entreprises, en passant par les institutions et les municipalités. 

Ce plan a nécessité la collaboration de plusieurs acteurs de la société québécoise. Les nombreux échanges ont notamment permis de recueillir des propositions de mesures et de programmes à y inclure, d'obtenir les avis et d'échanger sur les préoccupations des acteurs concernés, en lien avec la transition énergétique. « Pour nous, cette transition doit être une occasion de se démarquer en repensant nos façons de produire une énergie toujours plus propre et de mieux la consommer, par l'entremise de nouvelles technologies d'avant-garde. Le plan directeur nous donne la marche à suivre pour concrétiser notre transition énergétique, dans les cinq prochaines années. Le Québec a tout pour réussir sa transition et en sortir grandi et plus prospère », a déclaré Pierre Moreau, ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles et ministre responsable du Plan Nord.

Accueil favorable

Plusieurs partenaires ont accueilli favorablement le dévoilement du plan directeur. Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) indique que son président-directeur général, Yves-Thomas Dorval, a pu apprécier le travail accompli par l'équipe de la présidente-directrice générale de Transition énergétique Québec, Johanne Gélinas. sein de la Table des parties prenantes (TPP). Le CPQ veut notamment souligner la cohérence du plan avec la Politique énergétique 2030 du gouvernement et le Plan d'action 2018-2023 de la Politique de mobilité durable 2030 du gouvernement. Entre autres, le CPQ retient positivement l'équivalent de 6 milliards d'investissements sur 5 ans et l'accent mis par TEQ sur le soutien à l'innovation et l'accompagnement des entreprises, en plus de reconnaître la contribution économique de plusieurs filières en énergie renouvelable.

«Le CPQ réclamait depuis quelques années le retour d'un point de chute pour assurer la cohérence de nos cibles et de nos programmes en efficacité énergétique, où les entreprises et les citoyens pourraient trouver des prescripteurs de solution et des services techniques selon une approche client. On s'en approche à grands pas aujourd'hui, et l'ensemble des parties prenantes pourra bâtir sur ce premier plan, où le rôle de chacun, incluant les distributeurs d'énergie, est valorisé et reconnu», a déclaré Yves-Thomas Dorval, président-directeur général du CPQ.

La Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) croit pour sa part que le plan directeur propose une démarche intégrée et ambitieuse, englobant tous les secteurs dont il faut tenir compte pour réussir la transition énergétique du Québec. Pour la FCCQ, les mesures s'appliquant au transport sont particulièrement à propos, car, comme le soulignait son plan de développement économique Accélérer le rythme, ce secteur est responsable de 41 % des émissions de gaz à effet de serre et consomme 62 % des produits pétroliers au Québec. Par ailleurs, l'implantation de covoiturage organisé via les entreprises et les organisations, l'augmentation du financement du transport collectif, de même que la poursuite des efforts d'électrification des transports sont autant de mesures assurant l'équilibre entre les obligations du transport routier, du transport des marchandises et celui des personnes. Le secteur des transports reçoit par ailleurs une part importante des fonds prévus au plan.

« En permettant l'émergence de projets novateurs grâce à une plus grande ouverture notamment en matière de réglementation, le Plan créera un contexte permettant aux entreprises québécoises de faire preuve de l'ingéniosité et de la créativité qui sont la marque du Québec, et ainsi contribuer à l'atteinte des objectifs collectifs de développement durable », a indiqué Stéphane Forget, président-directeur général de la FCCQ.

Du côté d'Énergir, on dit partager la vision de TEQ quant aux principaux objectifs du plan, soit d'accroître l'efficacité énergétique, de réduire la consommation de produits pétroliers, et de favoriser la production et l'utilisation des énergies renouvelables afin de contribuer à une économie plus sobre en carbone. « Partageant le même objectif que TEQ, soit réduire significativement nos émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2030, Énergir offre son entière collaboration à la mise en œuvre de ce premier plan directeur. Cette vision énoncée par TEQ fait d'ailleurs écho à plusieurs solutions déjà mises de l'avant par Énergir soit d'augmenter nos efforts en efficacité énergétique pour aider notre clientèle à consommer mieux et surtout moins d'énergie, d'accroître l'offre de gaz naturel renouvelable, et de miser sur le gaz naturel, une énergie moins émissive, pour remplacer le  charbon et les produits pétroliers là où c'est souhaitable », a affirmé Sophie Brochu, présidente et chef de la direction, Énergir.

Le plan directeur de TEQ reconnaît l'apport du gaz naturel renouvelable (GNR) comme solution clé dans la transition énergétique pour réduire significativement les émissions de GES. Un règlement doit d'ailleurs être adopté sous peu par le gouvernement afin de fixer un contenu minimal de GNR dans le réseau gazier. Présent depuis les débuts de la filière, Énergir poursuit ses efforts pour le développement de cette énergie renouvelable, augmenter son offre et répondre aux besoins grandissants exprimés par sa clientèle.

Enjeux

Le CPQ cerne déjà deux enjeux dans le plan dévoilé aujourd'hui: le cadre financier consacre plus de 40 % de ses mesures au transport et à l'aménagement du territoire, où les enjeux sont énormes. Cependant, même si plusieurs propositions émanant de l'étude «La contribution du transport des marchandises à la prospérité du Québec», dévoilée en mars 2017 par le CPQ et ses partenaires, ont trouvé écho auprès de TEQ, le CPQ note que la part vouée au transport des marchandises n'est que de 4%. De plus, le bâtiment hérite de plus de 15 % du budget afin de stimuler sa conversion énergétique, ce que le CPQ voit d'un bon œil; par contre, on ne consacre que 12 % à l'industrie dans le plan 2018-2023.

Énergir note quant à elle que le plan directeur de TEQ semble omettre d'indiquer les critères qui mèneront à l'élaboration d'indicateurs de performance et d'analyse de la rentabilité des programmes qui seront mis de l'avant. L'entreprise affirme qu'elle veillera à souligner à TEQ l'importance de mettre en place rapidement des indicateurs de performance permettant d'évaluer et prioriser les mesures proposées.

La FCCQ va également en ce sens. « L'évaluation des résultats des nombreuses mesures présentées dans le Plan sera toutefois difficile à effectuer puisque les critères de performance et d'analyse de rentabilité des programmes n'ont pas été précisés », explique Stéphane Forget. « Il importe aussi d'avoir une meilleure compréhension de l'impact prévu sur les entreprises et l'économie du Québec. » Le Plan explique ceci par l'absence de données qui doivent encore être colligées. La FCCQ y voit un défi majeur pour assurer le succès de toute cette démarche.

La FCCQ a aussi maintes fois souligné que les entreprises industrielles ont déjà consenti d'importants efforts et que l'atteinte de résultats supplémentaires s'annonce plus complexe et plus coûteuse. « Dans de nombreux cas, les avancées technologiques disponibles et les coûts liés à la compétitivité font qu'il n'existe pas d'alternative aux énergies utilisées actuellement », soutient Stéphane Forget. « Il est évident que les grands industriels doivent bénéficier de mesures d'accompagnement, au même titre que les petites et moyennes entreprises industrielles. »

Faits saillants :

Dans un décret adopté le 7 juin 2017, le gouvernement du Québec a stipulé ses attentes à l'égard du premier plan directeur qui doit permettre : 

  • d'augmenter le recours aux énergies propres;
  • de réduire la consommation d'énergie;
  • d'augmenter l'innovation en matière d'efficacité énergétique, de production et de consommation d'énergies renouvelables;
  • de soutenir la décarbonisation des transports de personnes et de marchandises;
  • d'améliorer l'efficacité énergétique moyenne de la société québécoise;
  • de réduire d'ici à 2023 la consommation totale de produits pétroliers par rapport à ce qu'elle était en 2013.

Le plan présenté répond aux exigences de la loi et respecte les attentes et les cibles gouvernementales. À la suite de sa mise en œuvre, on prévoit que l'efficacité énergétique de la société sera améliorée d'environ 1,2 % annuellement et la consommation de produits pétroliers aura diminué de 12,2 % en 2023 par rapport à 2013.

Le Plan directeur en transition, innovation et efficacité énergétiques, c'est :

  • 225 mesures;
  • un investissement de plus de 6 milliards de dollars en 5 ans;
  • 15 feuilles de route pour atteindre les objectifs à l'horizon 2030.