Québec - Selon les prévisions économiques et financières présentées par Desjardins le 19 mars, la progression de l’économie mondiale demeure forte. La hausse du PIB réel mondial devrait passer de 3,6 % en 2017 à 3,8 % en 2018, puis à 3,9 % en 2019. Une guerre commerciale n’est pas prise en compte pour l’instant, mais la renégociation difficile de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), la multiplication des mesures protectionnistes par les Américains et la possibilité de représailles envers eux ajoutent une bonne dose d’incertitude sur les prévisions économiques de l'institution financière.
La progression de l’économie mondiale demeure forte. La hausse du PIB réel mondial devrait passer de 3,6 % en 2017 à 3,8 % en 2018, puis à 3,9 % en 2019. Une guerre commerciale n’est pas prise en compte pour l’instant, mais la renégociation difficile de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA), la multiplication des mesures protectionnistes par les Américains et la possibilité de représailles envers eux ajoutent une bonne dose d’incertitude sur nos prévisions économiques.
Stimulée par les baisses d’impôts annoncées à la fin de l’année dernière, mais aussi par une augmentation des dépenses gouvernementales, l’économie américaine devrait s’accélérer en 2018, surtout à partir du printemps. Un gain de 2,8 % du PIB réel est attendu pour la présente année et une hausse de 2,5 % est prévue pour 2019. Il semble acquis que la Réserve fédérale augmentera ses taux directeurs à nouveau le 21 mars et elle pourrait signaler un peu plus de hausses de taux pour les prochains trimestres, sans toutefois abandonner son intention d’agir graduellement.
Après un gain de 3,0 % en 2017, la progression de l’économie canadienne devrait ralentir vers un rythme plus soutenable en 2018 et en 2019, soit à 2,1 % et à 1,9 % respectivement. L’Ontario et la Colombie‑Britannique devraient être particulièrement affectés par le ralentissement attendu du marché de l’habitation. Une remontée graduelle des taux directeurs demeure prévue au Canada, mais certains signes de ralentissement du côté du marché résidentiel et de l’endettement des ménages ainsi que l’accentuation des risques liés au protectionnisme américain pourraient convaincre la Banque du Canada d’attendre à l’été avant de poursuivre son resserrement monétaire.
Les signes positifs sont nombreux au Québec. La confiance des ménages et des entreprises se situe à un niveau élevé, le marché du travail affiche une bonne santé et le secteur résidentiel demeure actif. La cadence sera toutefois difficile à maintenir après une croissance économique estimée à 3,0 % en 2017, la plus forte depuis une quinzaine d’années. La hausse du PIB réel devrait ralentir autour de 2 % en 2018 et en 2019.
Zone euro
La zone euro a connu une croissance de 2,5 % de son PIB réel en 2017; c’est la meilleure performance depuis 2007. La hausse au dernier trimestre de l’année affiche cependant un modeste ralentissement, avec un gain de 2,4 % (à rythme annualisé) par rapport à une moyenne de 2,8 % pour les trois trimestres précédents. On remarque aussi que la croissance récente provenait surtout du secteur extérieur (graphique 2). À l’inverse, la consommation a perdu des plumes avec une progression de moins de 1 % à l’automne, le plus bas taux depuis l’hiver 2014. Cette contre-performance contraste avec l’amélioration de la confiance des ménages. Que la croissance repose beaucoup sur le secteur extérieur constitue un certain risque qui pourrait empêcher de nouvelles accélérations de l’économie eurolandaise en 2018 et en 2019. Par rapport aux autres principales devises, l’euro s’est apprécié de près de 10 % depuis un an et cette hausse pourrait bientôt freiner la progression des exportations réelles. À cela s’ajoute le facteur du nouvel élan protectionniste du gouvernement américain et des possibles ripostes européennes et contre-riposte américaine. La prévision de croissance du PIB réel pour l’économie eurolandaise s’établit à 2,4 % en 2018 et à 2,1 % en 2019. Ces taux se situent au-dessus de ce qui estimé par la Commission européenne pour le PIB potentiel, soit 1,5 %. De son côté, l’inflation demeure relativement modeste. En février, elle n’était que de 1,2 % pour l’indice total des prix à la consommation et de 1,0 % pour l’indice de base (graphique 3 à la page 5). Quelques enquêtes auprès des entreprises suggèrent cependant qu’il commence à y avoir davantage de pressions sur les prix et les salaires dans certaines régions, notamment en Allemagne. Ces signes divergents feront en sorte que la Banque centrale européenne restera tout de même prudente et que le resserrement monétaire ne devrait débuter qu’en 2019.
Royaume-Uni
Depuis le référendum sur le Brexit, le Royaume‑Uni nage à contre-courant et ne parvient pas à profiter autant que les autres économies avancées de l’embellie de la conjoncture mondiale (graphique 4). Le flou politique entourant le Brexit demeure entier et on ne sait pas encore quel type d’entente liera le Royaume‑Uni et l’Union européenne après le divorce. Une analyse du gouvernement britannique soutient que les scénarios envisagés provoqueront tous une perte de croissance économique (graphique 5). D’ici là, l’économie britannique devrait demeurer relativement lente. Après un gain de 1,7 % du PIB réel en 2017, on prévoit une progression de 1,5 % en 2018 et de 1,2 % en 2019. La force de l’inflation (3,0 % en janvier) devrait cependant amener au moins une nouvelle hausse des taux directeurs de la Banque d’Angleterre.
Chine
L’augmentation du PIB réel chinois est passée de 6,7 % en 2016 à 6,9 % en 2017, ce qui représente la première amélioration depuis 2010. Comme en 2017, le gouvernement chinois ciblera une croissance de 6,5 % pour 2018 (graphique 6). Il y a cependant moins de risque de voir les résultats surpasser cette cible puisque le gouvernement semble moins prompt à stimuler l’économie. De plus, la menace protectionniste américaine plane sur l’économie chinoise, une des cibles de prédilection du président Donald Trump. On prévoit une croissance de 6,6 % du PIB réel chinois en 2018 et un gain de 6,4 % en 2019.
États-Unis
La croissance de l’économie américaine a quelque peu faibli au dernier trimestre de 2017, mais demeure relativement forte. Stimulée par les baisses d’impôts annoncées à la fin de l’année dernière, mais aussi par une augmentation des dépenses gouvernementales, la production devrait à nouveau s’accélérer en 2018, surtout à partir du printemps. Un gain de 2,8 % du PIB réel est attendu pour la présente année et une hausse de 2,5 % est prévue pour 2019. Le marché du travail devrait continuer à s’améliorer, tandis que l’inflation devrait progresser plus rapidement.
Canada
Après un gain de 3,0 % en 2017, la progression de l’économie canadienne devrait ralentir vers un rythme plus soutenable en 2018 et en 2019, soit à 2,1 % et à 1,9 % respectivement. La demande intérieure demeurera la principale source de croissance, même si sa cadence pourrait être moins élevée en raison de la remontée graduelle des taux d’intérêt et de l’ajustement du marché de l’habitation.
Québec
Les signes positifs sont nombreux au Québec. La confiance des ménages et des entreprises se situe à un niveau élevé, le marché du travail affiche une bonne santé et le secteur résidentiel demeure actif. La cadence sera toutefois difficile à maintenir après une croissance économique estimée à 3,0 % en 2017, la plus forte depuis une quinzaine d’années. La hausse du PIB réel devrait ralentir autour de 2 % en 2018 et en 2019, car les gains d’emplois moins importants et la remontée des taux d’intérêt devraient modérer les dépenses des ménages. L’incertitude associée aux relations commerciales avec les États‑Unis demeure un risque à la baisse pour les prévisions.
Risques inhérents
Les risques géopolitiques continuent de peser sur la conjoncture économique mondiale. Un conflit potentiel avec la Corée du Nord présenterait des coûts humains et économiques très importants. Des déséquilibres financiers demeurent présents dans plusieurs pays, notamment en Europe et en Chine. Des négociations difficiles entre le Royaume‑Uni et l’Union européenne au sujet du Brexit et les possibilités de guerres commerciales (notamment depuis les récentes annonces de l’administration Trump) pourraient aussi perturber l’économie mondiale.
Aux États‑Unis, les politiques de l’administration Trump pourraient amener la conjoncture à s’écarter des scénarios de Desjardins, soit positivement (diminution des impôts, augmentation des dépenses fédérales et hausse des investissements en infrastructures) ou négativement (protectionnisme et réforme de l’immigration). L’incertitude politique alimentée par des doutes sur l’intégrité de l’administration pourrait aussi affecter les marchés, tout comme les élans protectionnistes de la Maison-Blanche ainsi que les possibles représailles. L’évolution incertaine des politiques monétaires risque d’avoir une forte influence sur les marchés financiers au cours des prochains trimestres. Dans ce contexte, une inflation plus faible ou plus forte qu’anticipé aurait des conséquences majeures, en particulier sur le marché obligataire.
Du côté boursier, un véritable affrontement avec la Corée du Nord serait un scénario très défavorable. L’éclatement d’un conflit majeur au Moyen‑Orient pourrait faire bondir les cours pétroliers. Au Canada, la remontée graduelle des taux d’intérêt qui se poursuivra intensifie les inquiétudes associées à l’endettement élevé des ménages. Cela pourrait entraîner une correction plus prononcée que prévu du marché de l’habitation ainsi qu’un net ralentissement des dépenses de consommation de biens durables. La poursuite des négociations concernant l’Accord de libre-échange nord‑américain (ALENA), les taxes américaines possibles sur l’acier et l’aluminium canadien ainsi que le conflit du bois d’œuvre suscitent encore beaucoup d’incertitude pour l’évolution future du commerce extérieur et des investissements des entreprises
Pour en savoir plus: https://www.desjardins.com/ressources/pdf/peft1803-f.pdf