MONTRÉAL, le 25 nov. 2020 /CNW Telbec/ - Malgré le ralentissement économique, les entreprises manufacturières qui transforment le métal font encore face à des problèmes de pénurie de main-d'oeuvre. C'est ce qui ressort d'un sondage mené récemment par les organismes PERFORM, le Comité sectoriel de la main-d'oeuvre dans la fabrication métallique industrielle, le Réseau de la Transformation Métallique du Québec (RTMQ) et Sous-Traitance Industrielle Québec (STIQ) auprès de PME québécoises dans ce domaine.
Selon les informations fournies par une centaine de répondants, il appert que l'enjeu de la pénurie de travailleurs dans les métiers spécialisés demeure une problématique bien réelle pour le secteur manufacturier et que celle-ci a un impact sur les capacités de production des entreprises. Trois quarts des entreprises sondées indiquent rencontrer des difficultés de recrutement de main-d'oeuvre et près de la moitié considèrent qu'elles sont plus fréquentes depuis le début de la pandémie. Les soudeurs, soudeurs-assembleurs ainsi que les journaliers sont des perles rares recherchées par près de 50% des répondants. Pour plus des trois quarts d'entre eux, la requalification de travailleurs provenant d'autres secteurs d'activité pourrait être une solution à envisager ainsi que le recours à la formation. Malheureusement, ces possibilités sont compromises par la non-disponibilité des travailleurs qui doivent se concentrer à la production.
Production des entreprises, carnets de commandes et l'opportunité du « Fabriqué au Québec »
La majorité de ces entreprises ont vu leur production diminuer depuis le début de la pandémie. Plus du quart affirment avoir enregistré une baisse de production supérieure à 25 %. Quelques-unes associent cette baisse aux difficultés économiques que traverse actuellement l'industrie aérospatiale alors que d'autres l'attribuent au manque criant de la main-d'oeuvre. Les deux tiers des entreprises déclarent enregistrer une baisse de leur carnet de commandes, dont le tiers l'estime supérieure à 20 %.
En contrepartie, 15 % d'entre elles constatent une hausse de leur volume de production, imputée à la forte demande pour les produits du domaine de la construction, ainsi que pour les équipements médicaux et le matériel lié à l'horticulture.
Pour faire face à la crise sanitaire, le gouvernement du Québec a mentionné à quelques reprises sa volonté d'encourager la fabrication au Québec. Plus de la moitié des entreprises considèrent avoir la capacité de réaliser ce défi dès maintenant, alors que seulement un tiers estiment que cela sera possible d'ici les cinq prochaines années. Pour ce faire, elles affirment qu'il est impératif de trouver des solutions à la problématique liée à la rareté de la main-d'oeuvre. Pour plusieurs, des investissements en capitaux seront requis afin d'augmenter la productivité de leurs installations en investissant dans des équipements de pointe.
La pérennité des entreprises
La pandémie risque de compromettre la pérennité d'environ 30 % des entreprises répondantes. Ce pourcentage est identique à celui obtenu lors d'une enquête similaire menée en mai dernier. Note encourageante, un transfert de 5 % a eu lieu de la catégorie « risque très élevé/élevé » à celle « risque moyennement élevé ». Enfin, les deux tiers des répondants demeurent « optimistes ou très optimistes » en ce qui concerne la relance de l'économie au cours des six prochains mois.
« Le besoin d'attraction des nouveaux travailleurs pour les métiers spécialisés est criant. C'est pourquoi l'industrie de la FMI doit saisir l'opportunité de la requalification des travailleurs oeuvrant dans des industries davantage pénalisées par la pandémie. De plus, des investissements massifs en formation et en rehaussement des compétences n'ont jamais été aussi urgents. C'est pourquoi PERFORM salue l'annonce du Gouvernement du Québec lors de sa récente mise à jour budgétaire, d'y investir des sommes importantes », a ajouté Carl Boily, directeur général de PERFORM.
« La situation actuelle incite à accélérer l'automatisation et la robotisation, mais les entreprises savent que cela n'est pas envisageable sans le rehaussement des compétences et la requalification d'une partie de leur personnel. C'est un défi financier et organisationnel qu'il va falloir dépasser pour un repositionnement stratégique du secteur », selon Frédéric Chevalier, directeur général du RTMQ.
« Le sondage montre qu'une entreprise sur deux est prête à réorganiser à court terme ses opérations pour rapprocher localement sa chaîne de valeur. C'est un virage possible, car la fabrication métallique est ici caractérisée par une production sur mesure et à petite échelle », a précisé Richard Blanchet, président-directeur général de STIQ.
Le sondage a été mené du 13 au 16 octobre 2020 auprès de 93 entreprises du domaine de la transformation métallique.