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Communiqué de Presse

MONTRÉAL, le 15 avril 2021 – Le Conseil du patronat du Québec (CPQ) a dévoilé aujourd’hui sa Feuille de route pour une relance économique résiliente et durable 2021-2022. Résolument tourné vers l’avenir, ce document passe en revue les enjeux fondamentaux de la relance économique à venir et propose une série de recommandations aux décideurs publics.

« Cette feuille de route matérialise la vision d’un Québec qui sera plus fort économiquement, plus durable et plus inclusif. Elle est à la fois une analyse économique et un guide de travail destinés à tout intervenant soucieux de s’inscrire dans la relance », explique Karl Blackburn, président et chef de direction du CPQ.

D’abord, le maintien d’aide aux secteurs plus touchés par la crise

La relance de l’activité économique sera tout sauf typique et dépendra en grande partie du dépistage accéléré et de la campagne de vaccination. Caractérisée par plusieurs comme une « reprise en K », la relance verra certains secteurs fonctionner à pleine capacité alors que d’autres n’auront pas cette chance. Cette relance inégale, du jamais-vu, va demander une réponse adaptée des gouvernements pour soutenir les secteurs qui connaissent des temps difficiles. L’urgence à court terme demeure le soutien aux secteurs les plus durement touchés, tels que le tourisme et l’aérospatial.

Le chemin de la relance économique devra suivre deux grandes voies principales, celles du rehaussement du capital humain, tant en quantité qu’en qualité, et de l’investissement par les entreprises, particulièrement en innovation.

La pénurie de main-d'œuvre, davantage une crise qu’une simple problématique

La pénurie de main-d'œuvre est criante et constitue un réel risque pour l’économie du Québec, et même pour la pérennité des régions. La situation ne cesse de s’empirer, comme le révèle un sondage effectué auprès des membres du CPQ et de son réseau, en avril, dont les données complètes sont en annexe de la feuille de route. Son ampleur est telle que 94 % des entreprises, toute taille, tous domaines d’activités et les régions confondus, confirment qu’il s’agit bel et bien d’un enjeu. Près d’une entreprise sur deux se voit forcée de refuser des contrats à cause de la pénurie. Le recours à l’immigration est, pour 42 % d’entre elles, la solution à privilégier.

Les investissements, vecteurs de la relance, mais freinés par la pénurie

Si certaines entreprises envisageaient d’investir pour l’automatisation de leurs processus, elles confirment toutefois devoir retarder – voire annuler – des projets d’investissements en raison du manque de personnel. Près de 40 % des répondants au sondage du CPQ se retrouvent dans cette situation. Chez les plus grandes entreprises (250 employés et plus), c’est encore pire : elles sont 45 % à freiner leurs investissements et 53 % à refuser des contrats.

Le CPQ propose une série de mesures dans sa feuille de route afin de compenser pour cette pénurie et pour stimuler les investissements. Par exemple, il faut augmenter l’immigration économique permanente et raccourcir les délais de traitement des demandes. On souhaite également encourager le prolongement de la vie active des travailleurs d’expérience, améliorer la disponibilité des services de garde dans toutes les régions et renforcer les services de formation continue des établissements d’enseignement supérieur qui peuvent permettre le rehaussement des compétences. De plus, il faut stimuler le virage technologique, l’automatisation, la robotisation et l’investissement en équipements numériques, par exemple grâce à un amortissement à 100 % sur tous les actifs.

« Pour éviter de voir des entreprises tomber au combat, il faut des réponses multiples et créatives : c’est compter à la fois sur le rehaussement des compétences, un bassin de travailleurs plus diversifiés et bien sûr, une immigration économique plus importante. Les investissements doivent être au rendez-vous, car le virage technologique accentué par la pandémie nous a propulsés d’un coup vers le XXIe siècle. J’espère que le gouvernement fédéral a ce même son de cloche : nos yeux seront rivés sur le dépôt du budget lundi», martèle Karl Blackburn.

Moderniser le rôle de l’État et son fonctionnement

La pandémie a mis en lumière des lacunes que l’on reconnaissait à l’État et son fonctionnement, et surtout les conséquences de certaines lourdeurs, notamment en santé. Ainsi, le CPQ propose d’ouvrir immédiatement un chantier pour renforcer le système de santé et la durabilité de son financement. L’apport technologique peut notamment permettre d’optimiser la qualité des services publics, grâce entre autres à la télémédecine que les employeurs pourraient être encouragés à offrir à leurs employés et leurs familles, permettant davantage de prévention et en évitant les déplacements. De plus, le CPQ suggère que l’État prenne un virage en faveur d’une gestion publique axée sur les résultats, notamment par un meilleur accompagnement de la performance des fonctionnaires.

Le développement durable, l’opportunité de réussir le virage vert

Depuis plusieurs années, le CPQ fait de la lutte aux changements climatiques un axe prioritaire de son action. Cette crise que nous traversons doit être l’impulsion pour apporter les changements nécessaires et ainsi réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) tout en saisissant les opportunités économiques liées au développement durable.

En ce sens, les gouvernements doivent accompagner les entreprises vers ce virage résolument vert et mettre à leur disposition tous les moyens fiscaux et règlementaires pertinents.

À ce sujet, le CPQ recommande notamment d’ajouter des critères de performance environnementale dans les appels d’offres, d’accélérer la mise en place des protocoles d’évaluation des crédits compensatoires dans le cadre du marché du carbone, de favoriser les initiatives en économie circulaire qui vise à optimiser l’utilisation des ressources à toutes les étapes du cycle de vie d’un bien ou d’un service, et d’assurer le développement d’autres énergies renouvelables (notamment le gaz naturel renouvelable, la biomasse et la biométhanisation, l’éolien et le solaire), en sus du soutien aux filières liées à l’électrification.

« Cette feuille de route nous guidera toute l’année dans nos interventions et bien au-delà. Le contexte actuel est unique, les défis et les opportunités le sont tout autant. Ensemble, on peut se donner les moyens de définir un Québec à la hauteur de nos ambitions », conclut Karl Blackburn.

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