MONTRÉAL, le 17 janv. 2019 /CNW Telbec/ - Pour répondre aux besoins des entreprises et pour agir en concertation avec tous les acteurs du marché du travail, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Solidarité sociale et ministre responsable de la région de la Mauricie, Jean Boulet, lance une Grande corvée. Cette vaste offensive a pour but d'écouter et d'outiller les entreprises qui évoluent dans un contexte de rareté de la main-d'œuvre.
Cette opération débutera lundi et sera réalisée par plus de 200 conseillers du ministère du Travail, de l'Emploi, et de la Solidarité sociale, par l'intermédiaire de son réseau de 165 bureaux de Services Québec et centres locaux d'emploi, situés dans les 17 régions administratives. Cette action se déroulera en continu et s'inscrit désormais comme une nouvelle façon de communiquer et d'échanger avec les entreprises du Québec. Cette Grande corvée permettra également au ministère d'être en mesure de prendre le pouls du marché, et ce, par le recensement des besoins et des enjeux exprimés par les chefs d'entreprises. Cette opération d'envergure fera l'objet d'un suivi serré.
Présenter l'éventail des outils
Les premières entreprises appelées sont celles où le besoin de main-d'œuvre a été identifié. Le personnel du ministère proposera des solutions spécifiques et appropriées à leur situation. En effet, il existe plusieurs mesures, élaborées en concertation avec les partenaires du marché du travail, disponibles pour les entreprises concernant la gestion de leurs ressources humaines, notamment pour le soutien au recrutement, la rétention et le développement de leur main-d'œuvre.
Le ministre a également dévoilé un portrait exhaustif des emplois disponibles par région et par secteur d'activité. Il s'agit d'un portrait qui permet, entre autres, d'outiller les acteurs et ministères impliqués dans l'enjeu de la main-d'œuvre en plus de dresser un état de la situation.
De plus, M. Boulet commencera prochainement une tournée provinciale afin de mobiliser les partenaires du marché du travail pour contrer les problématiques régionales en matière de rareté de la main-d'œuvre. L'intervention du gouvernement en cette matière suivra l'évolution du marché du travail, ce qui permettra de proposer en temps réel des actions répondant concrètement aux besoins spécifiques des différents acteurs concernés.
Le contexte actuel de plein emploi présente des défis importants, mais offre aussi des occasions multiples dont celle d'augmenter la productivité des entreprises du Québec et ainsi de créer des emplois payants. M. Boulet compte sur la collaboration de tous les acteurs du milieu pour assurer le succès de cette démarche.
Réactions positives
L’Union des municipalités du Québec (UMQ), la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), le Conseil du patronat du Québec (CPQ) et la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) ont accueilli positivement le lancement de la Grande corvée.
La FCEI s'est dite rassurée de voir que ce dernier en faisait une priorité. « Cela fait des mois que nos membres propriétaires de PME nous manifestent leurs préoccupations et, de plus en plus même, leur découragement devant les difficultés qu'ils éprouvent à recruter la main-d'œuvre dont ils ont besoin. Pour près de la moitié d'entre eux, cette pénurie est synonyme de pertes de ventes et de contrats ou encore de retards dans leurs projets d'investissements. Nous sommes donc heureux que le ministre de l'Emploi annonce cette "Grande corvée" pour pallier cette problématique », a réagi Martine Hébert (M. Sc. écon.), vice-présidente principale et porte-parole nationale de la FCEI.
La FCEI estime que plusieurs des mesures annoncées pourraient aider bon nombre de PME à combler, à tout le moins en partie, leurs besoins de main-d'œuvre. Pensons notamment au soutien pour le recrutement de personnel et la gestion du travail ou encore en matière d'automatisation et de robotisation. « Ce type d'accompagnement est très utile dans les PME qui ne disposent pas d'un service de ressources humaines ou de l'expertise interne pour identifier ce qu'elles pourraient faire. On le dit souvent : ce n'est pas nécessairement l'aide directe en subventions qui manque, mais plutôt l'accès à l'expertise pour savoir ce qu'il est possible de faire dans l'entreprise pour pallier le problème de main-d'œuvre ou de productivité », ajoute Mme Hébert.
Le CPQ applaudit également l'orientation adoptée par le gouvernement en lien avec Service Québec et les centres locaux d'emploi en choisissant d'accompagner davantage les employeurs – recommandation que l'organisme avait souvent mise de l'avant au cours des mois passés. « Malgré de bons coffres à outils, l'accompagnement demeure la mesure la plus prometteuse pour faire face à l'enjeu de la rareté de la main-d'œuvre. Même si l'aide aux individus dans la recherche d'emploi reste nécessaire, l'annonce faite par le gouvernement de réaligner ses forces afin d'appuyer aussi les employeurs dans leur recherche de travailleurs démontre clairement, à notre sens, sa compréhension des besoins actuels des employeurs dans ce domaine », affirme Yves-Thomas Dorval, président-directeur général du CPQ.
La FCCQ croit que les conseillers pourront épauler plusieurs entrepreneurs, ne serait-ce qu'en étant plus visibles sur le terrain, là où les gens d'affaires se trouvent et qui, parfois, ne connaissent pas l'offre de soutien ou ont historiquement eu de la difficulté à avoir accès à ces ressources. « Les entrepreneurs doivent évaluer la disponibilité de main-d'œuvre avant même de lancer un projet ou d'accepter un contrat », explique Stéphane Forget, président-directeur général de la FCCQ. « L'initiative gouvernementale est pertinente au sens où elle permettra de prendre le pouls du marché du travail et donnera une évaluation claire de la situation de rareté de main-d'œuvre, en identifiant les types d'emplois les plus en demande. » « Il faut reconnaître et saluer ce passage vers une offre proactive de soutien en ressources humaines, car le marché demande désormais aux conseillers aux entreprises de passer du mode recherche de postes vacants pour les chercheurs d'emploi à un mode recherche de travailleurs pour les entreprises », ajoute-t-il.
Actions en cours
Le CPQ est lui-même en mode action depuis des mois, à travers différentes initiatives et avec le soutien de plusieurs partenaires, dont Emploi Québec. D'une part, il est en train de mettre en place un service d'accompagnement qui saura soutenir de façon structurée et personnalisée les employeurs dans leurs défis en matière de gestion des ressources humaines et de développement stratégique. D'autre part, il a développé deux initiatives d'accompagnement et formation des employeurs avec l'aide de différents organismes communautaires d'employabilité et du réseau de l'Éducation : l'une pour l'employabilité et l'intégration des personnes handicapées et l'autre vouée à faciliter l'embauche et l'intégration des travailleurs autochtones au sein du marché de l'emploi.
La FCCQ a, quant à elle, mis en place deux programmes proposant des solutions pour le recrutement, en collaboration avec les chambres de commerce de son réseau. Une étude a aussi été rendue publique, présentant les meilleures pratiques pour attirer et retenir les travailleurs expérimentés, autre solution à la rareté de main-d'œuvre qui favorise, de plus, le partage des connaissances et des compétences. « Il faut de nombreuses mesures et initiatives complémentaires pour faire face à la pénurie de main-d'œuvre, mises en place par le gouvernement, mais qui doivent être épaulées par toutes les parties prenantes », conclut Stéphane Forget.
L'UMQ a, pour sa part, commandé une importante étude sur le phénomène de la rareté de main-d'oeuvre afin de dresser un fidèle portrait de la situation pour les municipalités et mieux cerner les meilleures pratiques pour s’attaquer au problème. Elle poursuit ses démarches pour trouver des solutions au problème. « Les gouvernements de proximité sont au travail pour tenter de solutionner la pénurie de main-d’œuvre que connait le Québec. Tous les secteurs sont touchés et plus de 100 000 emplois sont à combler. C’est la raison pour laquelle l’UMQ et différentes municipalités sont en mission économique en France pour recruter des travailleurs étrangers et échanger avec ses vis-à-vis français sur le renforcement de notre partenariat », a déclaré d’entrée de jeu Alexandre Cusson, président de l’UMQ et maire de Drummondville, en direct du village « J’ose le monde » du Salon du travail et de la mobilité professionnelle à Paris.
Efforts à poursuivre
La FCEI estime que les solutions à la pénurie de main-d'œuvre sont multiples et que le gouvernement doit continuer de concerter les actions des divers ministères et organismes concernés afin d'obtenir des résultats optimaux. En ce sens, il faut poursuivre le travail dans une perspective globale pour apporter une réponse diversifiée et durable à cette problématique. « Qu'il s'agisse d'immigration, de formation, d'innovation ou d'automatisation, ce sont toutes des pistes valables pour obtenir des résultats, mais il faut aussi travailler sur le court terme, comme par exemple, accueillir davantage de travailleurs étrangers temporaires, car le problème, c'est aujourd'hui que des milliers d'entreprises le vivent.