MONTRÉAL, le 26 févr. 2019 /CNW Telbec/ - Lors des consultations particulières sur le projet de loi no 9, la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI) ont notamment fait part de leurs opinions au gouvernement.

La FCCQ annonçait aujourd'hui, par voie de communiqué, qu'elle demandera au ministre de l'Immigration, de la Diversité et de l'Inclusion, Simon Jolin-Barrette, de traiter en priorité les personnes déjà en emploi sur le territoire, nonobstant le programme auquel celles-ci sont inscrites et sans démarches additionnelles de leur part. « Dans le contexte de la pénurie de main-d'œuvre, le Québec devrait tirer avantage des candidats à l'immigration déjà établis et travaillant au sein de nos entreprises, ainsi que ceux dont le dossier est récent », souligne Stéphane Forget, président-directeur général de la FCCQ, ajoutant qu'il faut se doter de priorités de traitement pour accroître la contribution de l'immigration au développement économique du Québec. « Le contexte démographique particulier du Québec exige des mesures efficaces et rapides en matière d'immigration afin de répondre adéquatement aux besoins du marché du travail. Il faut un meilleur arrimage entre les besoins du marché du travail et la sélection des immigrants. Il faut accélérer le processus de mise en œuvre de la déclaration d'intérêt, qui met fin au système du premier arrivé, premier servi et en offrant plus de souplesse aux employeurs dans le recrutement. Il faut aussi, modifier la grille de sélection et investir en francisation et en intégration. »

Meilleure adéquation

La FCCQ salue la volonté du gouvernement de favoriser une meilleure adéquation entre les besoins des entreprises et la sélection des nouveaux arrivants, mais juge qu'il est important de mettre pleinement en œuvre la Déclaration d'intérêt comme élément de sélection des immigrants et d'ouvrir le bassin des candidats aux employeurs afin de répondre à leurs besoins de main-d'œuvre. Cela permettra de conclure les travaux visant le changement de paradigme en immigration, incluant la modification, aussi prochainement que possible, de la grille de sélection du programme régulier des travailleurs qualifiés.

De son côté, la FCEI a également salué la volonté du gouvernement de mieux arrimer l'immigration avec les besoins du marché du travail. Elle a aussi dit souhaiter que son adoption puisse conduire à des résultats concrets pour les employeurs, ce qui est attendu depuis des années. « Alors que le Québec vit actuellement d'importantes pénuries de main-d'œuvre, il importe que cette fois-ci soit la bonne. Pour ce faire, il faudra que l'application de la loi soit accompagnée d'une série d'actions complémentaires comme le changement de la grille de sélection. Cette dernière ne permet pas aux personnes moins scolarisées de se qualifier alors qu'elles pourraient occuper les emplois qui sont les plus en demande. Elles auront donc beau s'inscrire sur ARRIMA, mais sans changements dans la grille de pointage, elles risquent de ne pas se qualifier quand même », affirme Martine Hébert (M. Sc. écon.), vice-présidente principale et porte-parole nationale de la FCEI.

La FCEI a aussi rappelé que le nouveau système de déclaration d'intérêt permettra certes de conduire à un meilleur arrimage entre les profils des immigrants et les besoins des employeurs, mais sa portée pourrait être limitée et favoriser les personnes surqualifiées. « Il faut donc soutenir les bassins de travailleurs moins qualifiés à l'étranger dans leur inscription au système et continuer de miser sur les travailleurs étrangers temporaires », ajoute Mme Hébert.

La responsabilité des entreprises 

La FCCQ souhaite par ailleurs des clarifications quant aux responsabilités qui seront exigées aux employeurs lors de l'embauche d'un ressortissant étranger. « La volonté d'impliquer davantage les entreprises dans la sélection des immigrants est une bonne nouvelle. L'obtention d'un bon emploi est le meilleur outil d'intégration et de rétention d'un immigrant, mais il ne faut pas que les employeurs aient l'obligation de s'immiscer dans les démarches individuelles des immigrants, que ce soit dans leur apprentissage du français, à l'extérieur de ce que l'entreprise peut offrir, ou des valeurs québécoises », conclut Stéphane Forget.

La FCEI se questionne également sur la portée de certaines dispositions dans ce domaine pour les employeurs. Elle craint que ces dernières permettent d'exiger des employeurs de déployer des programmes d'apprentissage des valeurs démocratiques québécoises ou de francisation en entreprise. « Cela est préoccupant, car ça ne fait pas partie du domaine d'expertise des propriétaires de PME, sans compter que toutes les entreprises ne disposent pas des mêmes ressources. Si nous pouvons affirmer avec certitude que les chefs de PME sont désireux de faire leur part, il faut aussi bien comprendre les limites auxquelles ils sont confrontés. Nous estimons que les institutions d'enseignement, les groupes communautaires et ceux œuvrant en employabilité seraient plus qualifiés pour participer à ces aspects de l'intégration des personnes immigrantes et qu'ils devraient être mis à profit. Ensemble, nous pouvons favoriser une meilleure intégration des personnes que nous accueillons », conclut Mme Hébert.