SAGUENAY – La nécessaire transition énergétique a dicté les orientations du budget du gouvernement du Québec, constatent la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ) et la Chambre de commerce et d’industrie Saguenay-Le Fjord (CCISF). Plusieurs des mesures visant à réduire le bilan d’émissions de gaz à effet de serre (GES) du Québec stimuleront l’économie à travers des projets d’infrastructures, ce que saluent la FCCQ et la CCISF, mais favoriseront aussi l’émergence d’innovations vertes ainsi que la rénovation et la construction écologique des édifices commerciaux et industriels.
« Bien que le plan budgétaire aborde plusieurs aspects que la communauté d’affaires avait énoncés au cours des derniers mois et que nous avions présentés dans nos demandes prébudgétaires, notre préoccupation principale, la main-d’œuvre est malheureusement abordée de manière insuffisante dans ce budget », commente Charles Milliard, président-directeur général de la FCCQ.
Soutenir les entreprises dans leurs besoins en main-d’œuvre
La FCCQ et la CCISF soulignent les nouveaux investissements pour une meilleure intégration au marché du travail des personnes immigrantes et des personnes ayant des contraintes sévères à l’emploi. « Nous aurions cependant aimé voir de nouvelles initiatives porteuses pour appuyer les employeurs en quête de main-d’œuvre », estime Charles Milliard. « Les mesures annoncées lors du précédent budget afin d’améliorer la fiscalité et l’attrait pour les travailleurs expérimentés auraient pu avantageusement être bonifiées, » ajoute Sandra Rossignol, vice-présidente exécutive et directrice générale de la CCISF. Le marché du travail québécois accuse un certain retard dans le développement de nouvelles compétences des travailleurs actuellement en emploi et les moyens mis en place dans le présent budget semblent timides. « Ce budget semble insister sur l’investissement en équipement pour favoriser l’innovation, mais sans prévoir de formation suffisante pour que les travailleurs en optimisent l’utilisation », critique Sandra Rossignol.
Par ailleurs, les employeurs québécois ont toujours les charges sociales les plus importantes au Canada, ce qui mine leur compétitivité et leur capacité à offrir une meilleure rémunération globale à leurs employés. Les diverses législations encadrant le marché du travail ont été fortement bonifiées au cours des dernières années, amenant un poids financier supplémentaire de 13 G$ d’ici 2022-23. Le gouvernement doit tenir compte de la capacité des entreprises, dans le contexte où un ralentissement économique semble poindre à l’horizon.
Les régions bien servies dans ce budget
Les mesures visant la croissance économique des régions plaisent à la FCCQ et son réseau de chambres de commerce. « Les investissements en santé, en éducation, en culture et en tourisme, ainsi que l’amélioration du réseau routier, permettront de faire de nos régions des milieux de vie attractifs, facilitant l’arrivée de travailleurs répondant aux besoins des entreprises partout au Québec », commente Charles Milliard. Les différents secteurs industriels comme le développement minier et forestier ainsi que le milieu agricole voient aussi favorablement un bon nombre de mesures. « Notre livre blanc Pour des régions économiquement dynamiques relevait un bon nombre de défis pour les régions et ces mesures sont bienvenues pour les soutenir », rappelle Charles Milliard.
« Nous sommes également très heureux de l’annonce de 280 M$ sur une période de 5 ans concernant la prospérité des régions, notamment le 97,5 M$ qui sera remis aux MRC en vue de leur offre d’accompagnement aux entreprises », ajoute Sandra Rossignol vice-présidente exécutive et directrice générale de la CCISF.
Enfin, la précaution du gouvernement visant à soutenir l’économie face à un ralentissement potentiel, entre autres lié au risque d’épidémie du COVID-19, montre un usage sérieux des surplus budgétaires, prévus à 1,9 G$ pour le prochain exercice. « La FCCQ et la CCISF seront attentives à la nature des investissements prévus dans les infrastructures publiques, pour s’assurer que les appels d’offres publics fassent une place à des critères de qualité et d’innovation, au-delà du simple critère du plus bas soumissionnaire conforme », affirme Sandra Rossignol.
Incitatifs importants pour la commercialisation des innovations
La FCCQ et la CCISF apprécient également la venue d’un nouveau crédit d’impôt à l’investissement et à l’innovation (C3i) pour accélérer la transformation numérique des entreprises, ainsi que la déduction pour soutenir la commercialisation des innovations (DICI). « Un soutien à la commercialisation des innovations est déterminant pour favoriser la compétitivité des entreprises. Il sera nécessaire également que ces mesures soient flexibles et accessibles pour les entreprises, ce qui incitera également l’investissement privé », insiste Charles Milliard.
L’élaboration des projets de zones d’innovation, un peu partout dans les régions québécoises, représente d’ailleurs une occasion à saisir pour favoriser le développement et la commercialisation de nouveaux produits, en misant entre autres sur la collaboration entre la recherche universitaire et les entreprises, avec l’appui des gouvernements.
6,2 G$ pour le Plan d’économie verte pour répondre aux besoins des entreprises
La FCCQ et la CCISF saluent les sommes importantes réservées au budget pour l’élaboration du nouveau Plan d’économie verte (PEV) pour contribuer à la nécessaire transition énergétique.
Elles s’attendent du même souffle que le nombre de programmes du nouveau PEV 2030 soit resserré par rapport au PACC 2013-2020.
Il importe aussi de faire place à l’ensemble des sources d’énergie en complément à l’électrification, comme le propose le budget par le développement de la filière du gaz naturel renouvelable (GNR), et ce, en tenant compte des besoins des entreprises et de leur capacité technologique de conversion. « Nous le savons, le secteur des transports a de grands défis en matière de réduction des GES, que ce soit du côté des déplacements des personnes ou des marchandises », poursuit Charles Milliard. « Des opportunités sont offertes via des solutions d’économie circulaire, pour réduire les pertes énergétiques ainsi que l’empreinte environnementale dans le secteur industriel. Ce sont des avenues intéressantes à explorer, car il s’agit aussi d’une occasion pour le gouvernement de favoriser l’émergence d’une réelle industrie du bâtiment intelligent, vert et durable, et les entreprises pourront être mises à contribution dans cet effort. »
La FCCQ et la CCISF constatent également une volonté du gouvernement dans le prochain PEV de venir en aide à des secteurs économiques importants des régions québécoises, notamment en agriculture.
Une hausse des investissements prévus au PQI qui pourrait être fort bénéfique pour l’économie
La FCCQ et la CCISF se réjouissent des 15,1 G$ supplémentaires pour le Plan québécois des infrastructures (PQI) 2020-30, atteignant désormais 130,5 G$. « Cet important budget dédié aux infrastructures publiques doit répondre aux différents besoins sur l’ensemble du territoire, notamment les régions plus éloignées », affirme Sandra Rossignol, vice-présidente exécutive et directrice générale de la CCISF. « Pour accroître la fluidité des déplacements des personnes et limiter les impacts économiques de la congestion routière, il fallait prévoir des sommes supplémentaires pour des projets structurants de transport collectif. »
« Il y a des besoins en développement et les six projets structurants de transport collectif électrique ajoutés au PQI sont une bonne nouvelle. Les défis en maintien des actifs sont également considérables, autant pour les infrastructures routières, de mobilité durable ou publique, notamment les écoles. Ces sommes supplémentaires envoient un signal important quant aux ressources disponibles pour répondre aux nombreux besoins en infrastructure au Québec. Les entreprises québécoises pourront contribuer à l’atteinte d’un haut taux de réalisation dans les projets retrouvés au PQI », mentionne Sandra Rossignol, vice-présidente exécutive et directrice générale de la CCISF.
Un budget responsable qui amorce la transition vers une économie verte
L'Ordre des CPA du Québec accueille favorablement le budget du Québec 2020-2021 déposé aujourd'hui par le ministre des Finances, Éric Girard. « Avec ce budget, le gouvernement se donne les moyens d'amorcer la transition vers une économie verte et d'atteindre ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre », a déclaré Geneviève Mottard, CPA, CA, présidente et chef de la direction de l'Ordre.
L'Ordre se réjouit particulièrement de l'investissement de 15,8 milliards de dollars affecté au transport collectif dans le Plan québécois des infrastructures 2020-2030 et d'un budget de 6,2 milliards pour soutenir les initiatives en matière d'électrification et de lutte contre les changements climatiques. L'Ordre se réjouit également de la mise en place d'un nouveau crédit d'impôt à l'investissement et à l'innovation, le C3i, doté d'une somme de 526 millions de dollars sur cinq ans. Un bémol, toutefois : l'Ordre aurait souhaité une utilisation plus audacieuse de l'écofiscalité afin d'induire des changements de comportement en matière de consommation durable.
Sur un autre plan, l'Ordre salue la volonté du gouvernement de poursuivre la mise en œuvre du Plan d'action pour assurer l'équité fiscale en annonçant pour 2020-2021 des mesures législatives visant à accroître la transparence corporative, notamment en exigeant des entreprises qu'elles déclarent au Registraire des entreprises les informations relatives aux bénéficiaires ultimes et en permettant la recherche par nom d'une personne physique dans le registre des entreprises. Le Québec, qui faisait déjà figure de leader au Canada en ces matières, se place résolument à l'avant-garde avec ces mesures.
Un budget responsable
Alors que l'économie mondiale, qui entame sa dixième année de croissance, traverse depuis quelques semaines une période de turbulences, l'ordre professionnel se réjouit de la gestion prudente par le gouvernement des marges budgétaires disponibles, une approche qui lui permet de préserver sa capacité de réagir aux événements futurs et, au besoin, de mettre en œuvre des mesures de mitigation.
Enfin, alors que les cibles prévues à la Loi sur la réduction de la dette et instituant le Fonds des générations sont atteintes ou en voie de l'être, l'Ordre des CPA salue la volonté gouvernementale de mener dans un proche avenir une réflexion collective sur les objectifs de réduction de la dette et le Fonds des générations. L'Ordre insiste toutefois sur l'importance d'élargir cette réflexion au niveau de risque acceptable en ce qui a trait à l'exposition des sommes constituant le Fonds aux aléas du marché, et conséquemment, sur une politique de décaissement aux fins du remboursement de la dette.
« Le budget déposé aujourd'hui reflète la position privilégiée dans laquelle se trouvent les finances publiques du Québec, donnant ainsi au gouvernement la marge de manœuvre nécessaire pour investir de manière significative dans les transports collectifs et affronter l'incertitude économique actuelle », de conclure madame Mottard.
Les groupes communautaires en santé et services sociaux ne reçoivent que 40 M$ des 370 M$ demandés
La Table des regroupements provinciaux d’organismes communautaires et bénévoles est déçue de la faible augmentation du financement des groupes communautaires autonomes du domaine de la santé et des services sociaux.
« De l’augmentation de 370 millions de dollars demandée dans le cadre de la campagne CA$$$H - Communautaire autonome en santé et services sociaux – Haussez le financement, seulement 40 millions de dollars sont promis pour le Programme de soutien aux organismes communautaires (PSOC) du ministère de la Santé et des Services sociaux, souligne Odile Boisclair, présidente de la Table. Avec seulement 11% de l’objectif fixé d’ici au budget de 2022, le gouvernement repousse le plus gros de l’effort pour les prochains budgets, report qui se fait sur le dos des groupes communautaires du domaine de la santé et des services sociaux ».
Le gouvernement n’ajoute donc que 5 millions de dollars au 35M$ qu’il a accordé l’année dernière. Dans le contexte où le budget du MSSS est bonifié de plus de 2 milliards de dollars, la proportion du PSOC dans le budget du ministère baisse donc à 0,9% alors qu’il n’était déjà que de 1,4% en 2019-2020.
Nicholas Legault, du comité de coordination de la campagne CA$$$H, explique : « L’augmentation ne couvre qu’une fraction des besoins. Par groupe, cela équivaut à une somme très modeste puisqu’elle se destine à 3500 groupes. Ainsi, elle ne représentera qu’un rehaussement moyen de 11,500$ par organisme. Le montant est donc bien loin de répondre aux attentes, d’autant plus que le gouvernement n’annonce rien de plus pour les années suivantes. »
La Table déplore de plus que le gouvernement n’intervienne, comme à chaque budget, que lorsqu’une situation devient criante et médiatisée. « Pourquoi faut-il attendre des crises et des souffrances extrêmes pour que le financement soit augmenté, une problématique à la fois? de dire Mercédez Roberge, coordonnatrice de la Table. Si le MSSS avait constamment accordé à tous les groupes le financement nécessaire à leur fonctionnement de base, ni lui ni les groupes ne se retrouveraient toujours en situation d’urgence. Force est de constater que le budget 2020-2021 maintiendra ce problème. »
Le budget ne mise pas sur le potentiel du secteur de l'habitation
L'Association des professionnels de la construction et de l'habitation du Québec (APCHQ) est déçue de l'absence de mesures permettant au secteur de l'habitation d'atteindre son plein potentiel dans le budget du Québec déposé aujourd'hui par le ministre des Finances, M. Éric Girard. L'Association avait vivement recommandé, au cours des derniers mois, d'investir, entre autres, dans des mesures efficaces visant à soutenir la rénovation écoresponsable pour contribuer à la réduction des émissions de GES, et poser des actions concrètes afin de favoriser l'accès à la propriété.
« Il est regrettable que l'habitation soit oubliée dans le budget du ministre des Finances considérant que ce secteur est l'une des sources de richesse de l'économie, représentant des investissements de 29,2 milliards de dollars, dont 14,1 milliards en rénovation et 10,2 milliards en construction neuve », commente François Bernier, vice-président principal Affaires publiques à l'APCHQ.
La rénovation écoresponsable passée sous silence
À l'exception de la bonification du programme Chauffez vert, l'APCHQ déplore que le budget ne propose rien de nouveau pour soutenir les ménages qui effectuent des rénovations écoresponsables. Le parc immobilier québécois est vieillissant et a de grands besoins. L'Association considère que sa rénovation et surtout celle du parc de logements locatifs jouent un rôle majeur dans l'amélioration de la performance environnementale et énergétique du Québec. Plus spécifiquement, l'APCHQ avait proposé de rétablir des crédits d'impôts à la rénovation écoresponsable et de bonifier le Programme Rénoclimat.
« Alors que le secteur résidentiel est responsable de 5 % des émissions de gaz à effet de serre au Québec1, des mesures touchant les travaux visant à améliorer l'efficacité énergétique des plus vieux immeubles auraient un impact marquant sur la réduction des GES. L'APCHQ a d'ailleurs évalué que l'impact d'une aide de 30 % sur cinq ans pour la rénovation écoénergétique des logements locatifs privés au Québec représenterait une diminution annuelle permanente et récurrente des émissions de GES de 34 000 tonnes, soit l'équivalent de 14 000 voitures de moins sur nos routes2 », souligne François Bernier.
Qu'en est-il de l'accession à la propriété?
L'APCHQ regrette que le budget ne propose aucune mesure concernant l'accession à la propriété. La propriété résidentielle est pourtant l'un des principaux moyens permettant aux ménages d'accumuler un patrimoine. Rappelons que le Québec affiche un retard important par rapport au reste du Canada au chapitre du taux de propriété, soit 61,3 % comparativement à 67,8 % pour la moyenne canadienne. De plus, dans le contexte actuel de pénurie de logements, l'accession à la propriété permettrait de libérer des logements et d'apaiser les pressions sur le marché.
Statu quo pour le logement social et le Programme Supplément au loyer
Quant au logement social, l'APCHQ note que le gouvernement s'engage uniquement à livrer ce qui a été préalablement annoncé. De plus, concernant le Programme Supplément au loyer, il ne fait que prolonger les budgets pour cette aide alors que dans le contexte actuel de crise du logement les besoins sont d'autant plus grands.
L'espoir demeure
L'APCHQ demeure tout de même optimiste pour le secteur de l'habitation considérant les différents exercices d'échanges mis en place dernièrement par le gouvernement tels que les Forums Habitation Québec pilotés par la ministre des Affaires municipales et de l'Habitation, Andrée Laforest, les consultations au sujet du Plan d'action gouvernemental en matière d'allègement réglementaire ou encore les consultations publiques pour le Plan d'électrification et de changements climatiques du Québec.
Faits saillants
- Chauffez vert 137,6 millions d'ici les 5 prochaines années, ce qui devrait tripler le rythme des investissements dans le secteur résidentiel
- 147,3 millions de dollars pour la reconduction d'unités du programme Supplément au loyer
- 150,0 millions de dollars pour soutenir la réalisation des unités de logements sociaux, communautaires et abordables annoncées antérieurement dans le cadre du programme AccèsLogis Québec