MONTRÉAL, le 17 janv. 2018 /CNW Telbec/ - La FCEI craint que l'empressement du gouvernement du Québec de devancer les hausses prévues du salaire minimum fasse mal à plusieurs PME et nuise à certains emplois. En raison de cette augmentation accélérée le salaire minimum s'élèvera à près de 50 % du salaire moyen dès 2018, alors que le plan initial s'étalait sur 4 ans.
« Cette augmentation inattendue de 6,7 % représente une fois et demie ce qui avait été prévu pour 2018. Québec avait pourtant opté pour une approche modérée, que nous avions d'ailleurs soutenue, et qui apportait de la prévisibilité sur les hausses à venir. Plusieurs PME, devant maintenir l'équité entre leurs salariés, subiront une pression à la hausse accrue sur leur masse salariale. Elles risquent donc de devoir compenser ailleurs, en retardant leurs plans d'embauche, en coupant dans les heures travaillées ou encore en augmentant leurs prix, par exemple. Au final, les travailleurs au bas de l'échelle en sortiront-ils vraiment gagnants? Malheureusement, même si on adhère à cet objectif, il existe de bien meilleurs moyens pour lutter contre la pauvreté », a indiqué Martine Hébert, vice-présidente principale et porte-parole nationale à la FCEI.
Un effet domino…
La FCEI a tenu à rappeler que l'augmentation du salaire minimum, parmi les plus élevées depuis des années, crée un effet domino sur les coûts salariaux dans les plus petites entreprises, car elles doivent préserver l'équité entre leurs salariés. Or, la hausse accélérée du salaire minimum proposée par le gouvernement serait environ 2,8 fois celle que le salaire horaire moyen connaîtra selon certaines prévisions pour 2018 (qui se situerait autour de 2.4 %). « C'est évident que quand l'étudiant de 16 ans travaillant dans une PME depuis 2 mois reçoit une augmentation de salaire de 6,7 %, ça crée des attentes chez les autres travailleurs qui occupent des postes plus qualifiés ou qui cumulent plus d'ancienneté. Quand on sait que les trois quarts des entreprises du Québec comptent moins de 10 employés, on peut fortement présager qu'avec ce qu'on propose aujourd'hui, la pression sera encore plus forte chez les PME qui désirent garder leurs travailleurs et assurer l'équité entre eux. Évidemment, pour ce faire, elles devront s'ajuster, en coupant ailleurs, en automatisant, etc. Quand on parle du salaire minimum, c'est donc important d'avoir une perspective d'ensemble », ajoute Mme Hébert.
Le mirage du 15 $ de l'heure
La FCEI salue toutefois encore la sagesse du gouvernement de ne pas avoir cédé au mirage prôné par certains groupes concernant le 15 $/h. « C'est de la pensée magique d'affirmer que, dans notre économie, augmenter le salaire minimum à 15 $ serait sans conséquence sur l'emploi et l'économie. Même la Banque du Canada a publié récemment une étude estimant que des dizaines de milliers d'emplois seront compromis et qu'il y aura de l'inflation en raison des hausses importantes du salaire minimum prévues, notamment en Alberta et en Ontario. Oui, il faut mieux soutenir les travailleurs à faibles revenus, mais avec des mesures qui sont gagnant-gagnant comme la fiscalité, pas avec de faux espoirs et des mirages, comme une hausse drastique du salaire minimum à 15 $/h », explique Martine Hébert.
Une hausse qui s'ajoute à plusieurs autres…
La FCEI a aussi tenu à rappeler que cette hausse s'ajoute notamment aux augmentations prévues des cotisations pour la santé et sécurité du travail et à celles du RRQ. « Même si l'économie se porte bien, il est faux de croire que les PME ont une capacité illimitée à assumer des hausses de coûts plus importantes que l'accroissement réaliste de leurs revenus. Dans ce contexte, en voulant aller trop vite, on risque de couper une partie de notre élan économique. Si on veut que les PME investissent et développent l'économie, il faut leur faire confiance et leur donner les ressources pour le faire, au lieu d'augmenter constamment leurs coûts de main-d'œuvre », a expliqué Simon Gaudreault, directeur des affaires économiques à la FCEI.
Compenser les PME dans le prochain budget
En terminant, la FCEI espère que le gouvernement du Québec prendra en compte l'annonce d'aujourd'hui lorsqu'il présentera son prochain budget. « Plus que jamais, les PME québécoises ont besoin qu'on améliore leur environnement fiscal et d'affaires pour qu'elles puissent faire compétition aux concurrents de l'extérieur et continuer de créer des emplois et de la richesse dans nos régions. Dans ce contexte, une réduction significative de leurs taxes sur la masse salariale et de leur taux d'imposition dans le prochain budget du Québec nous apparait incontournable », a conclu Mme Hébert.
À propos de la FCEI
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