MONTRÉAL, le 16 févr. 2018 /CNW Telbec/ - Le Canada ne fait pas partie des « mauvais joueurs » qui pratiquent un commerce déloyal ou du dumping d'aluminium et d'acier aux États-Unis. Il doit donc de facto être exclus d'éventuels tarifs ou quotas sur les volumes de métal importés aux États-Unis, fait valoir le Syndicat des Métallos, en réponse aux options mises de l'avant par le Secrétaire du commerce américain, Wilbur Ross, dans son rapport transmis au président américain qui porte sur les impacts des importations d'acier et d'aluminium sur la sécurité nationale américaine.  

« Rien ne justifie d'inclure le Canada dans la liste des pays qui violent systématiquement les lois du commerce et pratiquent illégalement le dumping d'aluminium et d'acier », fait valoir le directeur canadien du Syndicat des Métallos, Ken Neumann.

Le rapport du département du commerce a recommandé trois scénarios distincts au président Trump quant aux importations d'acier et d'aluminium aux États-Unis, qui vont de l'imposition de tarifs à tous les pays mur à mur, à des tarifs imposés aux « mauvais joueurs » en passant par des quotas d'importations à tous les pays. Le président doit faire connaître sa décision d'ici le 19 avril et peut choisir un de ces scénarios, une version modifiée ou encore décider de ne rien faire.

« À l'origine, l'analyse du département du commerce en vertu de l'article 232 devait identifier les pays dont les pratiques commerciales posaient un risque à la sécurité intérieure américaine. Le rapport, tout comme les témoignages d'experts entendus lors de l'enquête ont démontré que le Canada ne fait pas partie des « mauvais joueurs » qui menacent les intérêts américains », ajoute Ken Neumann.

À plusieurs reprises, le Département du commerce inclut des références positives au Canada, qui y est décrit comme un partenaire et un fournisseur à l'industrie américaine de l'aluminium plutôt qu'une menace.

Durant l'enquête, l'ancien brigadier général américain, John Adams, a insisté pour que le secteur de l'acier canadien ne soit pas visé par des tarifs ou des quotas. « S'il y a un fournisseur en qui j'ai une totale confiance, c'est bien le Canada. D'une part, nous exportons au Canada davantage que ne le font les Canadiens et d'autre part nous partageons une même frontière, nous avons les mêmes intérêts stratégiques, économiques et de sécurité nationale », avait déclaré John Adams.

Le président international des Métallos avait aussi déclaré que le Canada devrait être exclu de toute action punitive et que ces dernières devraient plutôt viser la Chine, l'Égypte, l'Inde, la Malaisie, la Corée, la Russie, la Turquie et le Vietnam.

Des sanctions contre l'aluminium et l'acier canadien n'avantageraient pas l'économie américaine, bien au contraire, souligne le directeur québécois des Métallos, Alain Croteau. « Espérons que le gouvernement américain y pensera à deux fois avant de se priver d'un approvisionnement essentiel en aluminium et en acier. Nos économies sont imbriquées. Imposer des surtaxes ou limiter les exportations canadiennes causera des pertes d'emploi aux États-Unis dans le secteur de la transformation et fera hausser les prix de plusieurs biens et matériaux. Les travailleurs des deux côtés de la frontières pourraient y perdre au change.»

Il rappelle que les usines québécoises sont à la fine pointe de la technologie et produisent un aluminium plus vert, grâce à l'hydroélectricité.

Le Syndicat des Métallos invite le gouvernement canadien à une réponse ferme pour s'opposer à l'imposition de tarifs et de quotas de la part des États-Unis. « Le gouvernement du Canada doit impérativement défendre un commerce juste et équitable et les dizaines de milliers de familles qui gagnent leur vie en travaillant dans les secteurs de l'aluminium et de l'acier. Le Canada doit travailler de concert avec les Etats-Unis pour faire barrage aux pratiques commerciales abusives et déloyales de la Chine et des autres 'mauvais joueurs' », a conclu Ken Neumann.