OTTAWA, le 5 avril 2018 /CNW/ - Les faibles taux de chômage aux États-Unis et en Europe, conjugués à des secteurs industriels tournant aux limites de leurs capacités dans ces deux régions et au fait que la dernière récession remonte à près d'une décennie, incitent certains pessimistes à annoncer qu'une autre récession est à nos portes.
Dans sa livraison semestrielle des Perspectives économiques mondiales, Exportation et développement Canada (EDC) prévoit plutôt une augmentation de l'investissement et de la croissance sur les principaux marchés du globe, une conjoncture qui se traduira par des débouchés pour les exportateurs canadiens.
Faits saillants
- On s'attend à ce que les États-Unis enregistrent une croissance économique de plus de 3 % cette année et l'an prochain. Bien que la montée du protectionnisme et la possibilité d'une guerre commerciale représentent des risques prépondérants aux prévisions d'EDC, la demande comprimée et la nouvelle loi fiscale feront passer la demande intérieure à la vitesse supérieure.
- Fortes de la relance de l'activité dans la zone euro, de l'optimisme observé dans la région et des possibilités d'investissement des entreprises, les économies de la zone euro connaîtront collectivement une croissance de 2,5 % cette année et de 2,1 % en 2019.
- Les tensions entre la Chine et les États-Unis pourraient nuire à la performance économique, mais l'économie chinoise devrait progresser de 6,5 % cette année et de 6,4 % l'an prochain. Il y aura aussi une amélioration de la qualité de la croissance économique grâce aux politiques économiques visant à maîtriser la dette et à réduire la pollution.
- L'Inde continue de présenter des perspectives parmi les plus prometteuses, soit une croissance de 7,5 % en 2018 etde 7,6 % en 2019. La hausse des salaires du secteur public, combinée au budget 2018 favorable aux consommateurs, devrait par ailleurs stimuler la croissance du PIB.
Analyse
Le fait que les secteurs industriels tournent aux limites de leurs capacités peut être annonciateur d'investissements supplémentaires plutôt que d'une récession. Après des années d'hésitation, les entreprises peuvent investir dans l'agrandissement de leurs installations et dans les technologies de pointe permettant d'améliorer l'efficience, et ce, en vue d'atténuer les tensions sur la production.
D'après Peter Hall, vice-président et économiste en chef d'EDC, un autre élément est à l'origine de ces prévisions optimistes.
« On ne tient souvent pas assez compte de la demande comprimée, qui est pourtant bel et bien là », a déclaré M. Hall. « Divers indicateurs semblent fortement indiquer qu'aux États-Unis comme en Europe occidentale, les secteurs du logement, de la construction non résidentielle et de la consommation n'ont toujours pas repris leur vitesse de croisière. En fait, les conditions sont encore loin d'être revenues à la normale. »
La situation au Canada
La conjoncture est favorable aux exportateurs canadiens, qui profiteront de la croissance accrue observée sur les marchés traditionnels et se diversifieront davantage sur les marchés émergents. Ainsi, la croissance des exportations s'accélérera de 4 % cette année et de 5 % en 2019.
Cependant, l'augmentation des taux d'intérêt et l'endettement élevé des ménages freineront les dépenses de consommation, les Canadiens se concentrant sur le remboursement de leurs dettes. Cette diminution de la consommation des ménages devrait être compensée par la croissance des dépenses publiques, des exportations nettes et de l'investissement des entreprises. Par conséquent, EDC prévoit pour le Canada une croissance modeste d'environ 2 % en 2018 et en 2019.
Les répercussions de l'ALENA
Les négociations entourant l'ALENA sont intenses, et l'accord a failli à maintes reprises être annulé. Aujourd'hui, il est de plus en plus urgent de conclure une entente avant que cette question ne se perde dans le tourbillon électoral. Toutes les parties travaillent d'arrache-pied pour trouver une résolution qui soit satisfaisante pour chaque pays. Même si les hauts et les bas de ces négociations ont engendré de l'incertitude, les économistes d'EDC n'estiment pas à ce stade-ci que cette situation aura des conséquences majeures sur l'économie américaine ou l'économie canadienne.
Au Mexique, l'incertitude politique vient compliquer la donne. L'élan économique du pays est entravé par les politiques budgétaires et monétaires strictes, et avec les élections de juillet prochain, l'investissement des entreprises restera limité et les dépenses en immobilisations prévues attendront jusqu'à ce que les politiques soient plus prévisibles. EDC a donc légèrement abaissé ses prévisions de croissance pour le Mexique et table sur une croissance de 2,2 % en 2018, qui bondira à 2,7 % en 2019.