SAGUENAY – Rio Tinto et son Centre de recherche et de Développement Arvida (CRDA) renouvèlent deux partenariats de recherche avec l’UQAC sur les alliages d’aluminium et la dissolution de l’alumine. Ceux-ci totalisent des investissements de 4 M$ et s’échelonneront sur cinq ans, a-t-on pu apprendre cet après-midi [20-08-2018].
Avec le financement accordé par les organismes gouvernementaux, tels que le Conseil de recherche en sciences naturelles et génie du Canada (CRSNG) et d’autres partenaires, ce sont près de 8,5 M$ qui sont investis au total à l’UQAC et répartis à part environ égales dans ces travaux de recherche. « Il s’agit d’une importante contribution financière [de Rio Tinto] en espèce et en nature. […] Une telle coopération organique et harmonieuse est une assurance de succès », a souligné le professeur László Kiss, du Département des sciences appliquées, qui chapeaute le partenariat portant sur la dissolution de l’alumine et travaille avec le CRDA depuis de nombreuses années.
M. Kiss explique que les résultats des recherches menées en partenariat sont transférables et applicables dans l’industrie. Il rappelle que la contribution financière de Rio Tinto permet de créer des « foyers d’expertise » sur l’aluminium et ses procédés à l’UQAC, tout en contribuant à la formation des étudiants. Entre 15 et 20 étudiants aux cycles supérieurs, techniciens, assistants et professionnels de recherche et chercheurs sont impliqués dans son projet de recherche, tandis que près d’une vingtaine travaillent dans le partenariat avec le professeur X. Grant Chen sur la métallurgie innovante de l’aluminium.
Les deux partenariats devraient permettre à Rio Tinto d’obtenir des connaissances fondamentales pour améliorer ses procédés, développer des applications et innover. « L’avantage de faire affaire avec des chercheurs universitaires, c’est que ce sont des gens qui ne sont pas liés par les impératifs de production auquel nous sommes tenus au CRDA. […] Ils travaillent sur du long terme. Ce sont de nouveaux cerveaux tout le temps. Quand il y a plus de têtes, il y a plus de chances d’avoir des solutions », a affirmé le directeur du CRDA, Frédéric Laroche.
Selon M. Laroche, dans le contexte de forte compétition dans le secteur de l’aluminium, les entreprises se doivent d’innover afin de demeurer compétitives, ce que les partenariats mentionnés plus haut contribuent à faire. « L’objectif, c’est de développer une synergie dans nos différents champs de compétence », a-t-il déclaré. Les contributions financières gouvernementales que peuvent obtenir les universités sont aussi un incitatif pour les entreprises à investir dans ces partenariats, puisque cela crée un effet de levier.
Impacts économiques régionaux
De tels projets de recherche présentent des impacts économiques intéressants pour la région. Par exemple, les projets chapeautés par le professeur Chen permettent de développer des produits à valeur ajoutée et des matériaux de pointe en aluminium qui répondent aux besoins spécifiques des clients. « La transformation en produits à valeur ajoutée a un impact significatif pour la région [où plusieurs entreprises oeuvrent dans ce domaine] », a soutenu M. Chen.
Par ailleurs, le CRDA, qui travaille de façon régulière avec les chercheurs de l’UQAC, de même que des entreprises régionales, emploie 120 personnes à Saguenay, « des emplois hautement qualifiés », selon M. Laroche. « C’est un avantage qu’on a d’avoir un centre de recherche à proximité des usines. […] Nous sommes au cœur de la région, ça nous permet de bien comprendre les besoins des clients et de développer des solutions bien représentatives de ces besoins. […] La recherche, c’est un des atouts qui nous a permis de rester compétitifs », a-t-il précisé. Le CRDA recrute d’ailleurs régulièrement des diplômés de l’UQAC.
Attraction de talents
Selon la rectrice de l’UQAC, Nicole Bouchard, les sommes consenties dans ces programmes de recherche partenariale contribuent aussi à attirer des étudiants de partout à travers le monde « qui vont développer leurs compétences et leurs connaissances ici dans nos programmes d’ingénierie ». L’université joue ainsi un rôle de vecteur dans l’attraction de talents qui peuvent ensuite être recrutés dans les entreprises régionales.
Ces partenariats favorisent aussi le transfert de connaissances entre les chercheurs universitaires et les entreprises. « De 2012 à 2016, l’UQAC figurait au premier rang des universités canadiennes dont la majorité des programmes sont de premier cycle pour ce qui est des revenus de recherche de partenaires privés. La recherche partenariale représente plus de 30 % des budgets de recherche à l’UQAC », a-t-elle également rappelé. Un fait assez remarquable, quand on sait que la recherche fondamentale est très difficile à financer. Ce sont d’ailleurs ces partenariats avec le secteur privé qui ont permis de contrer les années pauvres du financement public sous le régime de Stephen Harper. Mentionnons que les revenus de recherche de l'UQAC totalisaient, en date du 18 mai 2018, près de 16,7 M$.
Parmi les autres partenaires financiers pour les projets de recherche du professeur Chen, mentionnons, outre le CRSNG, Promotion Saguenay ainsi que PCP Aluminium, STAS et Dynamic Concept.
Plus de détails sur les recherches
Tel que mentionné dans notre édition d'avril, l’équipe du professeur X. Grant Chen se penche sur l’amélioration de la performance et de la qualité de la métallurgie des lingots de laminage, les phases de déformation des alliages d’aluminium, la solidification et les procédés de moulage des produits à valeur ajoutée ainsi que les matériaux de pointe en aluminium et leur traitement. Par le passé, ces travaux ont permis la création de différentes pièces, notamment pour l’industrie de l’automobile, et de générer des connaissances approfondies sur les matériaux utilisés.
Le professeur Kiss et son équipe travaillent quant à eux sur la problématique de la dissolution de l’alumine. Ils cherchent à comprendre les propriétés physicochimiques qui empêchent la dissolution complète et constante de l’alumine dans le bain d’électrolyte. L’objectif, à terme, est de mieux comprendre et contrôler le procédé de dissolution de l’alumine et les variations temporelles de sa distribution, permettant ainsi de le rendre plus compétitif et moins polluant. Il s’agit de la suite du projet Étude de la dissolution de l’alumine et du comportement des cuves d’électrolyse d’aluminium, qui a permis de générer des connaissances fondamentales et d’identifier des pistes de recherche encore inexplorées. Plusieurs machines permettant de mener à bien les expériences sont aussi issues de ces projets de recherche.