GATINEAU, QC, le 1er nov. 2018 /CNW/ - Services publics et Approvisionnement Canada a émis, au nom du ministère de la Défense nationale, des préavis d'adjudication de contrats (PAC) indiquant son intention de confier la prestation de services de soutien à la maintenance des 12 frégates de la classe Halifax du Canada à Irving Shipyards Inc., d'Halifax (Nouvelle-Écosse), à Chantier Davie Canada Inc., de Lévis (Québec), et à Seaspan Victoria Shipyards, de Victoria (Colombie-Britannique). Les 3 contrats totaliseront une valeur d'environ 7 milliards de dollars (taxes comprises).
Ces contrats seront attribués dans le cadre du volet des projets de réparation, de radoub et de maintenance de navires de la SNCN. Les 12 frégates de la classe Halifax pourront ainsi continuer de faire l'objet de travaux de maintenance et d'ingénierie jusqu'à la livraison des navires de combats canadiens. « Le renouvellement des flottes de la Marine royale canadienne au cours des 30 prochaines années, dans le cadre de la Stratégie de construction navale, est en cours partout au pays. Notre gouvernement, qui s'est engagé à long terme à maintenir une force navale agile et réactive, fournira à la Marine et à ses marins les navires fiables dont ils ont besoin pour faire leur travail, et ce, tout en protégeant les intérêts de toute la population canadienne. », a déclaré Carla Qualtrough, Ministre des Services publics et de l'Approvisionnement et de l'Accessibilité.
Ces PAC font suite à une vaste consultation de l'industrie lancée en décembre 2016. Il a été établi à la lumière de cette consultation que ces 3 chantiers navals canadiens possèdent les effectifs et l'infrastructure nécessaires pour exécuter les travaux nécessaires dont les frégates de la classe Halifax ont besoin.
Avec ces PAC, le Canada déclare son intention de passer des contrats avec ces 3 chantiers navals canadiens identifiés. Les autres fournisseurs intéressés à soumissionner l'un de ces contrats disposent de 15 jours civils pour signaler leur intérêt en soumettant un « énoncé de capacités » qui satisfait aux exigences décrites dans les PAC.
« Tel que souligné dans notre politique de défense, Protection, Sécurité, Engagement, nous nous assurons que nos femmes et hommes de la Marine royale canadienne sont équipés avec les navires dont ils ont besoin pour servir les Canadiens. Notre gouvernement prend les mesures nécessaires pour que nos frégates modernisées de la classe Halifaxpuissent continuer à protéger les eaux canadiennes et à contribuer de façon significative aux opérations internationales. Ces contrats permettront à nos frégates de rester disponibles pour les opérations tout en augmentant le nombre d'emplois et revitalisant les capacités de maintenance de navires au Canada, tel que mentionné dans notre Stratégie nationale de construction navale », a affirmé Harjit S. Sajjan
Ministre de la Défense nationale.
Réactions positives
L'octroi d'un contrat du gouvernement fédéral pour le chantier maritime Davie est une bonne nouvelle pour la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ), la CSN et le Conseil du patronat du Québec (CPQ), puisqu'il assurera le maintien des opérations de l'entreprise pour un bon nombre d'années, tout en répondant aux besoins de maintenance des navires du gouvernement canadien. « C'est une bouffée d'air frais, car ce contrat permettra à une centaine de travailleurs de la région d'avoir un emploi bien rémunéré et profitera à l'ensemble des entreprises québécoises composant la chaîne de production gravitant autour du chantier », affirme Yves-Thomas Dorval, président-directeur général du CPQ. « C'est une nouvelle réjouissante pour l'industrie maritime québécoise. L'annonce d'aujourd'hui reconnait la place du Québec comme joueur important pour répondre aux besoins de la Marine royale canadienne », déclare pour sa part Stéphane Forget, président-directeur général de la FCCQ.
« Nous sommes heureux que le gouvernement fédéral reconnaisse enfin la place importante que le chantier Davie, le plus gros au Canada, doit représenter au cœur de la stratégie maritime du Canada, indique le président de la CSN, Jacques Létourneau. Mais nous devrons attendre de voir les détails de l'octroi des contrats avant de statuer si le Québec reçoit enfin sa juste part dans l'attribution du financement fédéral. »
Réserves
La FCCQ rappelle toutefois que le défi à court terme est le maintien des travailleurs à la Davie, puisque les contrats ne seront pas mis à exécution avant 2021. Le CPQ abonde dans le même sens, indiquant que dans le contexte actuel de rareté de main-d'œuvre, l'obtention de ce contrat ne suffira pas à retenir une main-d'œuvre hautement qualifiée dans la région. « Il est important de continuer les efforts pour trouver de nouveaux contrats pour Chantier Davie afin d'assurer non seulement la vitalité économique de la région, mais aussi la pérennité d'une industrie qui repose beaucoup sur l'expertise de ses travailleurs », précise M. Dorval.
Le président de la Fédération de l'industrie manufacturière (FIM-CSN), Louis Bégin, s'inquiète pour sa part des délais avant que les travaux ne puissent débuter. « Alors que le chantier Davie peut faire vivre jusqu'à 2000 travailleurs et leurs familles, il n'y a en ce moment que 60 salariés sur le chantier. Les travaux d'entretien des frégates ne débuteraient qu'en 2021. Il est aberrant que le chantier Davie ne puisse rouler au maximum de sa capacité d'ici là. D'autant plus que nous évaluons que, pour ce type de travaux, le ratio investissement / nombre de travailleurs sera loin d'être celui que nous constations lors des travaux portant sur le navire Astérix. »
D'autre part, la CSN se questionne sur les priorités stratégiques mises de l'avant par le gouvernement canadien au cours des dernières années. « Si le gouvernement fédéral doit aujourd'hui rafistoler les frégates Halifax, c'est parce que les chantiers sélectionnés pour la construction de nouveaux navires militaires, soit ceux de Vancouver et d'Halifax, n'ont pas été capables de livrer dans les délais prévus, souligne Ann Gingras, présidente du Conseil central de Québec-Chaudière-Appalaches de la CSN. Le chantier Davie a toujours été reconnu pour sa productivité exemplaire. L'annonce d'aujourd'hui pourrait constituer un début de réparation de l'immense tort causé au chantier. Mais même si la modernisation des 12 frégates était attribuée au chantier de Lévis, l'injustice ne serait pas réparée et ce n'est pas ce contrat qui fera vivre les familles des travailleurs dès maintenant. Ne pas reconnaître cette réalité, c'est menacer la pérennité de ce chantier naval. »
La FCCQ rappelle que le gouvernement fédéral avait signifié l'année dernière son refus d'aller de l'avant avec l'achat prévu d'un deuxième navire ravitailleur l'Obélix, alors que les besoins sont réels et que l'Astérix avait été livré avec succès, dans le respect des échéanciers et des coûts estimés. « Bien que l'annonce d'aujourd'hui soit positive, le gouvernement doit garder à l'esprit que dans un contexte de rareté de main-d'œuvre, notamment dans l'industrie maritime, la Davie doit être en mesure de maintenir ses travailleurs et son expertise au sein de son chantier maritime », soutient M. Forget.
« Le gouvernement fédéral devrait considérer l'octroi du contrat Obélix qui répondrait à deux enjeux importants, livrer un navire ravitailleur nécessaire aux opérations de la Marine royale canadienne et ce, à l'intérieur de 24 mois, et maintenir l'expertise sur place jusqu'au début des contrats annoncés aujourd'hui, pour 2021 », a conclu Stéphane Forget.
Les faits en bref
- La Politique des retombées industrielles et technologiques s'appliquera à ce marché, y compris l'obligation de soumettre une proposition de valeur.
- Des périodes de cale sèche aux fins de maintenance sont essentielles, parce qu'elles permettent d'assurer la disponibilité et la fiabilité des frégates de la classe Halifax lors de leur cycle opérationnel et de leur déploiement.
- La MRC possède 12 frégates de la classe Halifax. Sept (7) d'entre elles sont stationnées à Halifax (Nouvelle‑Écosse), et les 5 autres à Esquimalt (Colombie-Britannique).
- La MRC exige qu'au moins 8 des 12 frégates puissent être déployées en tout temps pour qu'elle puisse honorer ses engagements envers le gouvernement du Canada.
- Les navires doivent faire l'objet d'un vaste éventail de modifications techniques, d'installations d'équipement, de mises en cale sèche et d'activités d'entretien correctif qui permettront d'en assurer le bon fonctionnement et l'utilité jusqu'à la fin de leur durée de vie.