Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Agriculture et agroalimentaire : les bénéfices d’une approche collaborative » publié dans notre édition du mois de juillet.

ALMA – Agrinova, le Centre collégial de transfert de technologie (CCTT) en agriculture associé au Collège d’Alma, s’emploie à résoudre des problématiques reliées au monde agricole. Les chercheurs qui y travaillent produisent des innovations dont les entreprises peuvent bénéficier. C’est notamment le cas du biochar, un charbon bien particulier auquel le CCTT s’évertue à trouver plusieurs usages.

Stéphanie Claveau a vu bien des projets se réaliser chez Agrinova. Chef d’équipe en production animale, plus spécifiquement chez les ruminants, elle y travaille depuis 14 ans. « Nous avons différents types de projets, mais souvent, la demande se fait de l’extérieur. Une entreprise agricole prend contact avec nous pour nous mentionner un problème concernant leur production animale ou végétale. Nous évaluons la problématique et, par la suite, en allant chercher du financement privé et des subventions publiques, nous développons une étude. Il résulte souvent de ce processus des innovations qui sont ensuite rendues publiques ».

Il arrive parfois que les demandes ne viennent pas d’entreprises, mais bien du gouvernement, par Agriculture Canada, et des universités. Un peu partout au pays, des études sur des procédés ou des technologies sont faites et, une fois approuvées, elles doivent être implantées dans les fermes commerciales. Il revient donc au CCTT d’introduire ces nouvelles façons de faire dans les entreprises agricoles de la région. D’autre fois encore, les projets sont initiés à l’interne par des groupes de chercheurs, mais il s’agit de situations plutôt rares en raison des subventions peu nombreuses pour ce type d’initiative. Pour résumer, la mission du centre est donc de faire progresser les connaissances et d’implanter des outils dans les différents secteurs de l’agriculture.

Une vitrine sur le développement durable

Agrinova en partenariat avec quelques organisations et principalement Biochar Boréalis a mis sur pied une vitrine technologique à Mashteuiatsh. Il s’agit d’un bâtiment destiné à la recherche entourant la production de biochar, un charbon à base végétale ayant comme principale application d’enrichir les sols en nutriments et les rendre ainsi plus fertiles. « Le mandat est d’utiliser un maximum de matière première comme les déjections animales ou encore les copeaux, les sciures et les planures de bois, qui sont des résidus de l’industrie forestière, pour en faire du biochar. Cela permet de réduire les déchets industriels en plus de créer des produits à valeur ajoutée. »

Le biochar est obtenu par un procédé de cuisson, qui est rendu possible grâce à un pyrolyseur. Cela consiste à faire une conversion thermochimique par chauffage dans un environnement pauvre en oxygène pour éviter la combustion de la matière à transformer. Le défi dans la fabrication du charbon végétal réside donc dans l’ajustement entre la température, le temps du processus, le type et la quantité de matière première.

Biochar et gaz à effet de serre

L’équipement pour la fabrication en place, Agrinova travaille sur un projet d’une durée de trois ans visant à réduire les gaz à effet de serre produits par l’industrie laitière. « Nous avons trouvé dans la littérature qu’en ajoutant une petite quantité de biochar dans la nourriture des vaches laitières quotidiennement, cela permettrait de réduire les émanations de méthane causé par leurs déjections ».

L’hypothèse lancée, l’équipe s’affaire, en collaboration avec 15 fermes commerciales et le soutien financier du Consortium de recherche et innovations en bioprocédés industriels au Québec (CRIBIQ), du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) ainsi que de Nutrinor, Sollio Agriculture et Les producteurs de lait du Québec afin de trouver des types de biochar qui pourraient réduire la pollution émise par les ruminants. En plus de la portée écologique que pourrait avoir le projet, il y aurait également des opportunités d’affaires. Les grandes meuneries pourraient inclure cet additif à leur moulée et ainsi offrir un produit avec une plus-value.

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