Dominique Savard
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Dominique Savard

N.D.L.R. : Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Agriculture et Agroalimentaire, les bénéfices d’une approche collaborative », publié dans notre édition du mois de juillet.

SAGUENAY – Agriclimat est une démarche initiée par les producteurs et productrices agricoles du Québec dans le but de mieux comprendre l’impact des changements climatiques en agriculture et d’identifier les meilleurs moyens de s’y préparer. D’ici 2050, les experts prévoient que ceux-ci influenceront notablement la productivité de l’agriculture. À titre d’exemple, il pourrait y avoir des infestations plus sévères d’insectes et des épisodes climatiques défavorables comme des sécheresses ou des inondations.

En 2019, le Saguenay-Lac-Saint-Jean est devenue la dixième région à participer au projet Agriclimat à la suite d’une initiative de la Fédération régionale de l’UPA, en collaboration avec le Conseil pour le développement de l’agriculture du Québec (CDAO). Le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de I ‘Alimentation du Québec (MAPAQ), par l’entremise de son programme Prime-Vert, et le Conseil régional pour l’environnement et le développement durable (CREDD) assurent pour leur part le financement de la participation régionale à ce projet québécois.

« L’adaptation de l’agriculture aux changements climatiques devient possible en abordant divers enjeux comme la gestion de l’eau, la gestion intégrée des ennemis des cultures, la santé des sols, le bien-être animal et l’efficacité énergétique. Essentiellement, les producteurs agricoles travaillent au quotidien avec la météo et les changements climatiques sont déjà ancrés dans leurs observations depuis 10 à 15 ans.

Impact spécifique à chaque culture

Toutefois, le monde agricole est moins informé sur les détails vraiment précis. L’objectif principal du projet Agriclimat est carrément d’aller chercher l’information des changements climatiques qui s’appliquent en agriculture pour chaque région et pour chaque culture_», explique Sarah Delisle, Coordonnatrice projet changements climatiques au Conseil pour le développement de l’agriculture du Québec.

Le projet vise ainsi à ce que les communautés locales, comme celle du Saguenay-Lac-Saint-Jean, se mobilisent et s’engagent dans des initiatives qui soutiennent l’adoption de pratiques adaptées aux changements climatiques dans une perspective de développement durable, et ce, pour assurer la pérennité des terres agricoles et le développement de l’agriculture régionale.

Différencier météo et climat

Mme Delisle souligne que le CDAQ a la chance d’avoir comme partenaire principal Ouranos. Il s’agit d’un consortium de climatologues spécialisés au Québec qui a comme mission d’acquérir et développer les connaissances sur les changements climatiques, leurs impacts, ainsi que les vulnérabilités socioéconomiques et environnementales, de façon à informer les décideurs sur l’évolution du climat et les aider à identifier, évaluer, promouvoir et mettre en œuvre des stratégies d’adaptation nationales, régionales et locales.

« Avec eux, nous avons identifié les indicateurs climatiques qui sont importants pour l’agriculture. Il faut comprendre qu’il y a une différence entre la météo et le climat, qui représente des tendances de fond. Ce dernier se prévoit mieux que la météo de demain. Il faut tenir compte, toutefois, qu’il demeure une incertitude, soit la quantité des gaz à effet de serre qui sera émise. Nous devons prévoir des simulations », ajoute la coordonnatrice.

Le cas particulier du SLSJ

Voici quelques particularités attendues pour la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean en raison des changements climatiques, dans un horizon de temps 2040-2070 avec des scénarios d’émissions de GES utilisés : RCP 4,5 et 8,5, selon les données d’Ouranos :

• En hiver, la couverture de neige sera réduite d’environ 25 % et la durée d’enneigement sera écourtée d’environ 32 jours;

• En été, la saison de croissance des plantes sera allongée d’environ trois (3) semaines, et le nombre de jours avec des températures maximales au-dessus de 30°C augmentera d’environ 10 jours.

« Pour chaque région, c’est un peu différent. Les régions montagneuses vont continuer à avoir beaucoup de neige pendant plusieurs années, mais la plupart des régions vont diminuer l’épaisseur de neige et la durée. En agriculture, c’est énormément important, surtout pour votre région, notamment pour les producteurs de lait et pour les producteurs de bleuets. L’allongement de la saison de croissance s’avère aussi une belle opportunité pour avoir plus de temps pour faire certains travaux ou même pour faire des cultures de couverture à l’automne. En revanche, il y a toujours des risques qui viennent avec cela en termes d’impacts. Par exemple, avec des étés plus chauds, il y a plus de possibilités que les ravageurs aient le temps de se reproduire et d’avoir de nouveaux ravageurs », poursuit Sarah Delisle.

Prochaines étapes

Le comité régional, formé d’une douzaine de personnes du milieu agricole, profite déjà d’éléments d’information comme les données climatiques saison par saison. Il doit maintenant évaluer les impacts, les menaces, les enjeux et prévoir des pistes de solution selon la terre, la culture et la façon de s’adapter.

« Il n’y a pas de projet pilote. Nous sommes dans le transfert d’informations et dans les pistes de solution. Le comité au Saguenay-Lac-Saint-Jean a été formé au mois de mars, soit deux ans après les neuf autres régions. Une formation a été donnée et la première rencontre de travail a eu lieu en avril. Deux grandes rencontres ouvertes à tous les producteurs auront lieu à l’automne prochain et un forum régional se tiendra au printemps 2020. Le plan d’adaptation régional des changements climatiques et les enjeux provinciaux qui touchent tous les producteurs du Québec sera finalement disponible sur Internet en juillet 2020 », de conclure Sarah Delisle.

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