Auteur

Maxime Hébert-Lévesque

N.D.L.R. Le texte qui suit fait partie d’un dossier rédigé dans le cadre du cahier thématique dont le thème est : « Agriculture et agroalimentaire : cultiver la nordicité » publié dans notre édition du mois de juillet.

SAGUENAY – Parmi les cinq objectifs principaux du Plan d’agriculture durable (PAD) 2020-2030, l’une touche particulièrement notre région. En effet, notre important réseau hydrographique place l’enjeu de l’optimisation de l’eau au premier plan. C’est pourquoi l’Union des producteurs agricoles (UPA) a mis sur pied le programme Opération bandes riveraines et biodiversité !

« L’une des idées générales du nouveau Plan d’agriculture durable 2020-2030, c’est de récompenser les bons comportements environnementaux. Contrairement au résident d’une ville dont le terrain est relativement petit, les producteurs agricoles sont généralement propriétaires de plusieurs hectares de terrain. Il y a donc des chances que, sur leur propriété, on retrouve des rivières, des ruisseaux ou encore des étangs. Ces formations naturelles font partie du domaine public et les bandes riveraines sont, quant à elles, détenues par les propriétaires terriens. L’agriculteur doit alors respecter des règlements gouvernementaux et municipaux concernant la protection des berges. Dans son programme, l’État souligne qu’au-delà des lois, si un producteur en fait plus pour la protection de l’environnement, il devrait être récompensé puisqu’il rend un service à la collectivité étant donné qu’il améliore la santé d’un bien public », explique Jean-François Tremblay, conseiller en agroenvironnement à l’UPA SLSJ et responsable du dossier des bandes riveraines.

Un bras pour les MRC

Au Québec, ce sont les MRC qui doivent déterminer les zones où l’occupation du sol est soumise à des contraintes particulières pour des raisons de santé, de sécurité et de bien-être publics et pour la protection environnementale des milieux hydriques et humides. Elles doivent également adopter une réglementation permettant d’atteindre des objectifs de protection des rives, du littoral et des plaines inondables sur son territoire. « Le programme Opération bandes riveraines et biodiversité, dont mon équipe et moi nous occupons est financé par les MRC ainsi que par le MAPAQ. Nous sommes le bras exécutant de ces organismes. Notre tâche est de marcher le long des cours d’eau et de veiller à faire respecter la réglementation concernant la protection des rives et d’encourager les propriétaires agricoles à faire des travaux comme la végétalisation des bandes riveraines. »

Connaître les ressources

Jean-François Tremblay et son équipe sont à la tâche depuis 2020 et le mandat arrivera à échéance en 2023. L’objectif est de parcourir deux cours d’eau par année et par MRC pour un total de 30 d’ici la fin du programme. « Il y a beaucoup d’éducation à faire, mais on a une réponse très positive des agriculteurs approchés. Sur 200 km de bande riveraine où nous avons procédé à une évaluation dans les dernières années, déjà 50 km font l’objet de travaux de végétalisation. Le défi pour les prochains mois, c’est d’aller vers les gens moins ouverts aux initiatives vertes. Souvent, c’est juste par méconnaissance des ressources existantes. Par exemple, le Programme Prime-Vert existe depuis les années 90 et soutient les producteurs qui veulent réduire la pollution diffuse dans les cours d’eau. Cette aide du MAPAQ rembourse jusqu’à 70 % des travaux d’aménagement servant à délimiter les cultures des rives avec l’ajout de grandes familles de végétaux comme des herbacées, des arbustives et des arborescentes », précise le conseiller de l’UPA.

Former des familles

En plus du mandat d’analyse et de concertation avec le milieu, l’équipe de l’UPA responsable du dossier des bandes riveraines a pour mission de regrouper des producteurs. « Il n’est pas rare qu’un ruisseau passe sur plus d’une terre agricole. Le cas échéant, il y a peu d’impact si, sur sept producteurs, seulement trois aménagent les rives. Il faut alors convaincre toutes les personnes ayant une parcelle du ruisseau sur leur terrain d’aménager les bandes riveraines afin d’augmenter l’efficacité de nos actions. Pour ce faire, nous avons un bon argument financier. En effet, pour tout groupe de cinq agriculteurs et plus qui prennent en charge la santé du même cours d’eau, le Programme Prime-Vert ne rembourse pas 70 %, mais 90 % des travaux d’aménagement. En plus, le PAD prévoit des montants alloués aux producteurs ayant dépassé les exigences gouvernementales comme indiqué par la loi », conclut Jean-François Tremblay.

Plan d’agriculture durable (PAD) 2020-2030

Ce plan d’agriculture durable met les producteurs et les productrices au cœur de l’action grâce à des mesures phares destinées à appuyer les entreprises dans l’amélioration de leur performance en matière d’environnement. Une des particularités du PAD est la reconnaissance de l’atteinte de résultats selon les pratiques agro-environnementales adoptées par les producteurs et les productrices. C’est donc plus de la moitié du budget total du Plan, établi à 125 millions de dollars, qui servira à rétribuer les efforts que les agriculteurs et les agricultrices fourniront.
(Source : MAPAQ)

À QUOI SERVENT LES BANDES RIVERAINES ?

L’aménagement d’une bande riveraine permet de maintenir au moins 35 % des particules de sol dans les champs, particules qui se retrouveraient autrement dans les cours d’eau. Lorsque la bande riveraine est combinée à de bonnes pratiques culturales et à des aménagements hydroagricoles, la réduction des pertes de sol peut aller jusqu’à 85 %. Cette combinaison a ainsi des impacts positifs tangibles sur la qualité de l’eau et des sols, ainsi que sur la biodiversité.

(Source : UPA)

Commentaires