MASHTEUIATSH – Pour François Rompré, directeur économie et partenariat stratégique par intérim, et Stacy Bossum, conseiller désigné à l’économie et aux relations avec les grandes entreprises, le développement socioéconomique de la communauté s’appuie autant sur le potentiel des promoteurs privés de Mashteuiatsh, que sur celui de ses sociétés apparentées pour la création de fonds autonomes, issus des projets communautaires. C’est ce qu’ils appellent l’économie mixte.
Pekuakamiulnuatsh Takuhikan compte notamment sur la conclusion d'Ententes sur les répercussions et les avantages (ERA) pour obtenir des retombées provenant des grandes entreprises présentes sur leur Nitassinan, incluant celles qui projettent de s’y installer. Dans ce contexte, Stacy Bossum cite, à titre d’exemple, l’entente qui a été conclue en août dernier avec les promoteurs de Métaux BlackRock. Il rappelle que des négociations sont toujours en cours, entre autres, auprès d’Arianne Phosphate et de GNL Québec. Outre cet important vecteur de potentiel de développement, la communauté à deux autres gros atouts dans sa manche.
Depuis quelques décennies, de plus en plus d’ententes sur les répercussions et les avantages (ERA) ont été négociées entre les entreprises/promoteurs et les communautés autochtones. Ces ententes sont perçues comme un outil très utile pour promouvoir le développement économique et améliorer certaines conditions socioéconomiques des communautés, plus particulièrement l’accroissement du revenu.
1- L’énergie, un levier important
D’ailleurs, c’est au chapitre des projets communautaires que les résultats des projets économiques issus de Mashteuiatsh sont les plus visibles à l’échelle du Québec. En effet, au cours des dernières années, le Conseil de bande a investi beaucoup d’efforts et d’argent dans le secteur de l’énergie hydroélectrique. Mentionnons les minicentrales Minashtuk, situées non loin de Dolbeau-Mistassini, et celle de Shipiss en Mauricie, propriétés à 100% de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, qui ont permis à la communauté de développer une expertise et une crédibilité certaine dans le domaine.
Il y a aussi les projets de la 11e Chute sur la rivière Mistassini et de Val-Jalbert, ces dernières développées en partenariat avec la communauté allochtone du Saguenay–Lac-Saint-Jean (par le biais de la Société de l’énergie communautaire du Lac-Saint-Jean). D’autres dossiers sont actuellement à l’étude, alors que les revenus tirés de ces investissements servent de leviers pour le développement de bien d’autres projets socio-économiques au profit de la communauté Ilnu.
2- Un parc industriel convoité
Le Parc industriel de Mashteuiatsh constitue un autre fleuron de l’économie mixte de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan et de la communauté. Cette zone stratégique a été développée à titre de terre de réserves désignées, une disposition qui permet de soustraire ces espaces aux règles d’insaisissabilité de la Loi sur les Indiens. Donc, de permettre aux promoteurs autochtones qui désirent s’implanter dans les limites du parc industriel et de pouvoir les céder en garantie, le cas échéant, chose presque impossible sans cette condition essentielle.
En 2019, l’offre de terrains de la phase 1 est devenue insuffisante. Pour répondre à la demande croissante de terrains industriels et commerciaux de la part d’entrepreneurs de la communauté, et aussi pour désenclaver le parc industriel, le Conseil de bande a obtenu l’ajout de 1 km2 de terre de réserves sur des terrains qu’il avait déjà acquis du côté de Roberval. Pour François Rompré, c’est une excellente nouvelle. Toutefois, le défi se situe au niveau du financement de l’aménagement et des services, qui permettront de rendre ces espaces accessibles aux entrepreneurs intéressés.
Deux CCTT : des avantages uniques
Une des préoccupations importantes des Ilnu la communauté de Mashteuiatsh a toujours été de développer un parc industriel dont les projets seraient en accord avec leurs valeurs, notamment celles liées à la préservation de l’environnement. Dans ce contexte le parc possède deux outils stratégiques, qui constituent des atouts au fort potentiel pour la communauté qui les abrite. Il s’agit de deux projets majeurs et écologiques, liés à deux Centres collégiaux de transfert de technologie (CCTT). Il s’agit de celui de la Vitrine technologique en biochar et bioproduits d’Agrinova (piloté par le CCTT du Cégep d’Alma), dont les installations sont situées dans le Parc industriel de Mashteuiatsh, et d’Écofaune Boréale, dédié au développement de la filière de la fourrure nordique et de sa chaîne de valeur (piloté par le CCTT du Cégep de Saint-Félicien)
Mashteuiatsh peut donc s’enorgueillir d’avoir sur son territoire deux centres de recherche uniques au Canada. Il va sans dire que ces deux joyaux technologiques vont constituer, au cours des prochaines années, des éléments très distinctifs et structurants pour intéresser des promoteurs à s’installer durablement dans le Parc industriel de Mashteuiatsh.
Malgré les défis spécifiques du développement économique des entreprises Ilnu, François Rompré et Stacy Bossum demeurent optimistes en regard du futur de la communauté. Ils estiment que les prochaines années verront définitivement apparaître les fruits du dynamisme et de l’affirmation des décideurs et entrepreneurs de Mashteuiatsh.
Le parc industriel de Mashteuiatsh en quelques étapes
1993 : Premier exercice de planification communautaire pour la
création d’un parc industriel dans les limites de la communauté.
Celle-ci a été mise à jour en novembre 2012.
Entre 2010 et 2013, une première phase d’aménagement du parc industriel est réalisée sur une longueur de 450 mètres de rue, donnant accès à une dizaine de terrains de dimensions variées;
Le 8 décembre 2014, le parc industriel de Mashteuiatsh franchissait une étape importante, soit la désignation des terres de réserve.
Le 9 mai 2019, une autre étape importante a été franchie par l’ajout de terres de réserve du côté de Roberval qui a permis d’agrandir la
superficie de Mashteuiatsh d’un peu plus de 1 km² et permet d’envisager l’agrandissement du parc industriel;
Actuellement, l’offre de terrains disponibles dans la première phase d’aménagement du parc industriel devient insuffisante pour le nombre de demandes reçues, c’est pourquoi la communauté est à la recherche de financement depuis déjà quelques années pour réaliser les phases
subséquentes. Celles-ci ajouteront plus d’une trentaine de terrains
à vocation industrielle et commerciale et comprendra le prolongement sur 2.5 km de la desserte industrielle actuelle vers la route régionale 169.
Ce projet d’envergure est nécessaire pour la viabilité économique de Pekuakamiulnuatsh Takuhikan, tout en rendant plus sécuritaires les milieux habités, en diminuant considérablement le camionnage.