MASHTEUIATSH – Une nouvelle entreprise de design de mode, Mikuniss Collection, vient de voir le jour au Saguenay–Lac-Saint-Jean. La propriétaire, Valéry Larouche, termine l’aménagement de son atelier à Mashteuiatsh, avant de se lancer dans la création de sa première collection.

Diplômée en design de mode, Mme Larouche souhaite proposer des vêtements et accessoires faisant rayonner ses influences artistiques et culturelles. La designer s’inspire beaucoup des Premières Nations, de façon différente selon les collections. « Je possèderai une gamme de base, plus unisexe, avec des chandails à capuchon, des t-shirts, des pantalons et des chemises. Celle-ci va valoriser les artistes et artisans autochtones, comme ceux qui font du perlage, les artistes-peintres. J’aurai un volet plus “fashion”, axé sur le prêt-à-porter pour femmes. Pour cela, je miserai sur la revalorisation de tissus, les matières naturelles. Je présenterai une troisième sélection pour laquelle je travaillerai la fourrure et le cuir, dans une optique de développement durable. Je souhaite récupérer de vieux manteaux, des retailles, pour les réutiliser. Finalement, j’aurai des accessoires, comme des sacs à dos, des sacs à main, des ceintures, des foulards, etc. », explique-t-elle.

Cette première collection est attendue à l’automne. Un défilé de mode sera organisé pour la présenter, en collaboration avec deux autres commerces de Mashteuiatsh. « Je travaille à la création des patrons, pour pouvoir par la suite fabriquer mes premières pièces », indique la jeune entrepreneure.

Reconnaissances

Implanté dans le bâtiment de Robertson Fourrure, le local choisi était déjà aménagé pour recevoir un atelier de couture. Valéry Larouche a toutefois dû faire l’acquisition de neuf machines à coudre industrielles, de même que de fers et presses, un investissement important. Il faut penser que les premiers revenus de l’entreprise entreront uniquement lorsque la collection sera lancée, cet automne.

Mme Larouche a toutefois pu compter sur le soutien de plusieurs organisations dans la réalisation de son projet. Elle a d’abord obtenu un appui dans le cadre du plan de relance de la communauté de Mashteuiatsh. Elle fait également partie des lauréats locaux du Défi OSEntreprendre.

L’entrepreneure a aussi appris tout récemment, lors du Cercle économique régional des Premières Nations, qu’elle avait décroché une bourse de 25 000 $ du Cégep de Saint-Félicien en collaboration avec Écofaune Boréale pour le lancement de son entreprise. « Ça représente près de 50 % du montant dont j’avais besoin. La recherche de financement, en entrepreneuriat autochtone féminin, c’est quelque chose de difficile. Cette bourse vient vraiment supprimer un stress. Ça m’a enlevé un gros poids de sur les épaules », affirme-t-elle. Valéry Larouche prévoit notamment utiliser une partie de ce montant pour la création d’un site Web transactionnel où elle pourra vendre ses vêtements.

La designer a finalement lancé une campagne de financement sur La Ruche afin de compléter son financement. Des billets pour le défilé de mode prévu à l'automne y sont en vente. Le montant généré par cette campagne servira principalement pour l'acquisition d'inventaires de tissus ainsi qu'à l'achat d'équipements.

Créer des emplois

Résidente d’Alma, Mme Larouche estimait essentiel d’implanter son entreprise au Saguenay–Lac-Saint-Jean. « Revenir en région, c’était vraiment important pour moi. Je suis fière de venir d’ici, de proposer des produits qui seront créés localement et qui vont valoriser la main-d’œuvre et l’économie d'ici », souligne-t-elle.

Il lui tenait particulièrement à cœur d’ouvrir son commerce à Mashteuiatsh. « Je voulais installer mon atelier de production dans la communauté pour créer des emplois et contribuer au développement économique. »

Même si Mikuniss Collection sera d’abord opérée uniquement par l’entrepreneure, elle désire établir un premier emploi dans un an et demi. « À Mashteuiatsh, il y a beaucoup de bons artisans et de bonnes couturières. Il y a des possibilités pour créer des postes dans un futur rapproché. J’ai rencontré des gens prêts à offrir des cours pour former des ressources. C’est quelque chose que nous aimerions développer. C’est sûr que pour la croissance de l’entreprise, ça va nécessiter des employés », assure Valéry Larouche.

Projet de R et D

Mentionnons que Mme Larouche effectuera un projet de recherche et développement avec Écofaune Boréale, le Centre collégial de transfert technologique en fourrure nordique, afin de développer son propre procédé de tannage de cuir de poisson. Il s'agit d'un projet assez unique au Québec, puisque ce type de cuir, qualifié d'exotique, se retrouve principalement en Europe. La designer souhaite utiliser des espèces locales, qui sont déjà pêchées pour la nourriture, et donc la peau est actuellement un rebut. « Je veux développer un tannage écoresponsable et c'est là-dessus que je vais travailler avec Écofaune Boréale », conclut-elle.