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Maxime Hébert-Lévesque

DESBIENS – L’école Saint-Antoine de Saint-Gédéon pourra compter sur Baboune Cosmétiques pour la campagne de financement de sa bibliothèque. En effet, les jeunes vendent en ce mois de janvier les produits cosmétiques de la jeune PME afin d’amasser les fonds nécessaires pour l'achat d'ouvrages et de livres. Il s’agit d’un premier contrat d’envergure pour l’entrepreneure Anne-Marie Dufour qui doit concilier famille et succès entrepreneurial.

« Dès que j’ai accepté d’aider l’école de Saint-Gédéon, j’ai su que ça allait être un défi. Avec l’administration, nous n’avons pas statué sur une quantité prédéterminée. Les jeunes partent avec un dépliant que j’ai conçu, proposant cinq à six de mes produits. Ils font les ventes et ensuite, j’ai un mois pour livrer la marchandise. Je m’attends à ce que janvier soit bien rempli », explique Anne-Marie Dufour, propriétaire de Baboune Cosmétiques.

L’entrepreneure est d’ordinairement seule pour confectionner ses savons et produits de soins pour le corps. Pour ce mandat, elle compte embaucher ses premiers employés. « Ce sont des jeunes de mon village à Desbiens qui viendront me donner un coup de main avec l’étiquetage et l’emballage des cosmétiques. En retour, je vais leur offrir une rémunération. » La femme d’affaires pourra également compter sur sa mère nouvellement retraitée et son père pour manufacturer le tout.

L’impact du bouche-à-oreille

Mère de quatre enfants et biochimiste de formation, Anne-Marie Dufour ne se destinait pas à une carrière entrepreneuriale. « Je n’ai jamais été à l’argent et mon intention n’a jamais été de fonder une multinationale. Au départ, je cherchais seulement quelque chose qui nourrirait ma créativité et exploiterait mes connaissances scientifiques sans miner mon rôle de mère. »

Elle commence donc dans le sous-sol de sa résidence de Desbiens à fabriquer des cosmétiques en petites quantités. La qualité de ses produits finit par attirer l’attention des gens de son entourage. « Je vendais à des amis et des gens de la famille. Le bouche-à-oreille n’a toutefois pas tardé à se faire et j’ai reçu une commande plus importante. » Une entrepreneure de Montréal, qui avait reçu un savon de Baboune Cosmétiques en cadeau, a contacté Anne-Marie pour une cargaison de 60 savons afin de les vendre dans son commerce.

Définir ce qu’on veut

« C’est ce premier contrat qui a véritablement donné naissance à mon entreprise. J’ai enregistré le nom de ma PME au registraire et j’ai fait approuver mes cosmétiques par Santé Canada. » Dans la même période, la cosméticienne ouvre une page Facebook et développe un petit site Internet. Les choses ne tournent cependant pas comme elle s’y attendait.

« Je me suis retrouvée débordée dans le temps de le dire. La demande explosait et la charge de travail est devenue colossale. Par le passé, j’ai quitté des emplois qui brimaient ma vie familiale et soudain, je venais de m’embarquer dans quelque chose qui grugeait tout mon temps. » L’entrepreneure a donc fait des choix. « Ce n’est pas d’être sur le frein, mais plutôt de limiter ma production pour trouver l’équilibre dans les différentes sphères de ma vie. J’ai présentement neuf points de vente au Lac-Saint-Jean, un point de chute chez Café Chaga et une cinquantaine de clients réguliers qui entrent en contact avec moi par les médias sociaux. Je n’en veux pas plus ! Je suis satisfaite ainsi et la priorité pour 2022 ne sera pas orientée sur le développement de la clientèle. »

Celle qui a clôturé sa première année d’activité en décembre dernier avec un chiffre d’affaires de 30 000 $ se dit satisfaite du rendement, mais compte optimiser sa production afin de s’offrir des congés. En effet, elle confie que depuis septembre 2020, elle n’a pas eu un jour de répit. « Me lancer en affaires ne m’a pas coûté cher. Maintenant que je veux gagner en efficacité, je dois investir pour de l’équipement plus performant. L’achat d’un déshydrateur a permis d’accélérer le vieillissement des savons d’un mois à une semaine. C’est ce genre d’outil que je dois continuer d’acquérir pour atteindre mon objectif. Je souhaite produire 60 barres par jour et diminuer mes heures d’ouvrage. »

Dans les petits pots, les meilleurs onguents

En plus des savons, Baboune Cosmétiques propose des revitalisants, des crèmes pour la peau, des shampoings et des beurres hydratants. Chaque produit est fabriqué en petites quantités, ce qui permet un meilleur contrôle des ingrédients de base. « J'utilise des agents de conservation doux pour la peau. Mes articles s’écoulent assez vite. De plus, mon huile de chanvre est régionale. C’est la ferme Tournevent d’Hébertville qui la manufacture et elle est de grade cosmétique. Ne pas produire en gros volume me laisse aussi le luxe de répondre précisément aux besoins de ma clientèle. » Selon l’entrepreneure, le shampoing est complexe à développer. Le mélange doit répondre aux nombreux types de cheveux et ne pas irriter le cuir chevelu.

« Les grandes entreprises n’ont pas de restriction sur le volume. Elles vont sortir des gammes pour cheveux gras, cassants, etc. Pour ma part, je fais des shampoings destinés à mes clients et clientes, selon leurs caractéristiques. C’est d’ailleurs ce que je préfère : offrir quelque chose de personnalisé et d’être près de mes clients », explique Anne-Marie Dufour qui termine en précisant que le nom de son entreprise est un hommage au surnom qu’elle donnait à ses petites filles étant jeunes.

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