Dominique Savard
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Dominique Savard

SAGUENAY–LAC-SAINT-JEAN – Alliance forêt boréale, appuyée par ses partenaires de l’industrie forestière, est extrêmement déçue de constater que dans le plan de relance économique du gouvernement, présenté par le président du Conseil du Trésor et le ministre des Finances le 3 juin dernier, l’industrie forestière est complètement absente et réclame donc des mesures immédiates.

En bref, la communauté forestière demande :

● De soutenir financièrement immédiatement la structure industrielle et entrepreneuriale de l’industrie forestière afin de la préserver ;

● D’apporter une amélioration structurelle au régime forestier quant à la planification forestière.

« Monsieur le Premier ministre, vous n’êtes pas sans connaître l’importance du secteur forestier pour l’économie du Québec. De fait, en 2018, vous avez pris l’engagement de voir grand pour l’industrie forestière et de permettre plus de prévisibilité pour les droits de coupe, l’aménagement du territoire et les programmes de soutien en améliorant la Loi des forêts. Aujourd’hui, il est temps de réaliser vos promesses et de passer à l’action », affirme Pascal Cloutier, président d’Alliance forêt boréale et maire de Dolbeau-Mistassini.

Le gouvernement semble oublier que l’industrie forestière, dans son ensemble, est le poumon des régions et assure la survie et la vitalité de 225 villes et villages du Québec, soit une communauté sur cinq, et plus de 62 000 emplois directs. Les communautés forestières lancent aujourd’hui un signal d’alarme et interpellent la ministre responsable du Saguenay–Lac-Saint-Jean, Andrée Laforest, afin qu’elle incite le premier ministre François Legault à venir en aide à l’industrie forestière. À cet effet, deux demandes sont formulées afin de permettre à l’ensemble des intervenants du secteur forestier de contribuer à la relance économique.

1. Soutenir financièrement la structure industrielle et entrepreneuriale de l’industrie forestière afin de la préserver

Afin de relancer l’économie des régions forestières et du Québec, il est impératif que nos entrepreneurs survivent à cette crise et que les dommages collatéraux soient minimisés. Il est urgent que l’industrie forestière, pierre d’assise de l’économie de plusieurs régions du Québec, soit reconnue comme un élément essentiel de leur vitalité économique et non laissée à l’abandon comme c’est le cas présentement.

Il faut d’abord que le gouvernement québécois maintienne les sommes annoncées lors de son dernier budget pour le secteur forestier, et surtout qu’un investissement majeur soit fait immédiatement afin qu’il y ait toujours une industrie forestière au lendemain de cette crise sans précédent. Les programmes de soutien doivent être revus et ajustés en tenant compte des nouvelles réalités. « Les mesures de soutien du MFFP sont de reporter les droits de coupe des mois d’avril, mai et juin, lorsque durant cette période de dégel on ne coupe presque pas de bois, ainsi qu’augmenter le pourcentage du premier remboursement pour les chemins multiusages, alors que nous n’en avons pratiquement pas construit jusqu’à maintenant. Cette aide est appréciée, mais pas suffisante. Nous avons besoin de mesures qui vont contribuer à baisser nos coûts d’opération, pas seulement les reporter! », souligne Alain Paradis, directeur général, Produits forestiers Petit-Paris.

« Le MFFP a coupé nos budgets sylvicoles de 10 %, ce qui représente 4,5 M$ pour ma région. M. Legault, investissez dans les travaux sylvicoles, laissez les entrepreneurs et leurs professionnels réaliser la planification. Faites-nous confiance, ça va bien aller », soutient pour sa part Jean-François Harvey, directeur des opérations, Reboitech.

2. Apporter une amélioration structurelle au régime forestier quant à la planification forestière

Depuis l’entrée en vigueur du régime forestier en 2013, plusieurs difficultés de sa mise en œuvre ont été identifiées, ce qui nuit à l’efficience et à la rentabilité des opérations de notre industrie forestière. Cette problématique a aussi clairement été dénoncée dans les dernières semaines, pourtant le secteur forestier n’a reçu aucun retour.

Un processus révisé devrait permettre aux industriels forestiers et aux entrepreneurs sylvicoles plus de flexibilité, d’agilité et de marge de manœuvre pour être compétitifs. Le secteur forestier doit avoir la latitude nécessaire à ses opérations et approvisionnements, grâce à une planification annuelle ajustable, et ce, en fonction de la réalité du terrain, des conditions climatiques et des opportunités de marché. C’est un besoin essentiel en ce qui a trait à la planification budgétaire. Efficacité, efficience et rentabilité des entreprises en seront les résultats.

« La forêt peut contribuer activement à la relance de l’économie du Québec, mais le ministredes Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour doit entreprendre d’urgence une réforme du régime forestier qui a douloureusement démontré ses limites. Les acteurs de l’aménagement forestier en récolte et en sylviculture doivent redevenir agiles afin de rendre l’approvisionnement plus compétitif et les métiers plus stimulants. La réforme doit s’intéresser à la prévisibilité des travaux, à la stabilité des entreprises et à notre capacité collective de créer de la richesse », de renchérir Stéphane Gagnon, directeur général, Coopérative forestière de Girardville.

La forêt, un moteur pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean

La forêt est un moteur socioéconomique indispensable pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean. Ce sont 23 municipalités sur 49 qui dépendent de la forêt. II y a plus de 16 000 travailleurs dans le secteur forestier, incluant tous les emplois indirects et induits qui en découlent. Ce sont les papetières, les industriels du sciage, les coopératives forestières, les sociétés sylvicoles, les entrepreneurs forestiers et sylvicoles, les équipementiers, les sous-traitants et fournisseurs qui sont liés à la forêt et qui contribuent au maintien de la vitalité économique de notre région.

« Madame Laforest, il est urgent de passer à l’action. Investir en forêt, c’est assurer la survie des régions forestières et de plusieurs communautés. Investir en forêt, c’est aussi assurer le gagne-pain de milliers de familles, et c’est surtout préserver un patrimoine pour les générations futures », de conclure Pascal Cloutier.

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